Lamine Chebbi ou Lamine Chabbi (arabe : الأمين الشابي), de son nom complet Mohamed Lamine Chebbi (محمد الأمين الشابي), né en 1917 à Gabès et décédé en 1974, est un homme politiquetunisien.
Lamine Chebbi naît au sein d'une noble famille lettrée et intellectuelle[1]. Son père, le cheikh Mohamed Ben Belgacem Ben Brahim Chebbi[2], né en 1879, amateur de poésie et de littérature[3], a acquis une formation traditionnelle à l'université Zitouna[4] ; il part en 1901 étudier à l'université al-Azhar du Caire[5]. À son retour, après sept ans, il se marie à la mère de Chebbi[5] dont on ne sait à peu près rien. Lamine est le frère d'Abdelhamid et du poèteAbou el Kacem[5], Abderrazak Cheraït indiquant qu'il a aussi un troisième frère[6]. Le père de Chebbi étant cadi[7], cette fonction conduit la famille à parcourir la Tunisie selon les villes où il est nommé[5]. Ils arrivent à Gabès en 1914, où Lamine naît, à Thala en 1917, à Medjez el-Bab en 1918, à Ras Jebel en octobre 1924[8] et à Zaghouan en 1927[5].
Alors que Lamine effectue ses études au Collège Sadiki, son père meurt le [5]. Lors de l'été 1932, il accompagne son frère aîné Abou el Kacem, alors en mauvaise santé, à Aïn Draham ; ils font également un passage à Tobrouk (Libye)[5]. Abou el Kacem meurt le à l'âge de 25 ans.
Lamine Chebbi devient ministre de l'Éducation nationale, du au , dans le premier gouvernement formé après l'indépendance de la Tunisie[5],[13] ; il a alors pour chef de cabinetMohamed Mzali[14]. Il n'a, comme son prédécesseur Farès, ni le temps ni les moyens pour réaliser ses projets de réforme[15]. Dans L'Action tunisienne du , il explique que les principales difficultés dans l'enseignement sont dans le primaire et dans le secondaire car « le nombre d'enfants à scolariser augmente [et] les professeurs tunisiens bifurquent »[16]. Il remet son rapport le et a, selon lui, pour objectif de fournir un enseignement large qui comporte « une culture religieuse générale » et qui doit être « ouvert sur l'esprit moderne »[17]. Promouvant une arabisation progressive, il est notamment à l'origine de la création en 1956 de l'École normale supérieure de Tunis, à la tête de laquelle il nomme Ahmed Abdessalam[18].
En 1964, à l'occasion du trentième anniversaire de la mort de son frère Abou el Kacem, Lamine Chebbi rédige une introduction à son diwan, qui est réédité pour l'occasion[21].
↑Mohamed Chebbi, La philosophie du poète : l'exemple d'un poète tunisien de langue arabe. Abul Qâcem Chabbi, 1909-1934, Paris, L'Harmattan, , 226 p. (ISBN978-2-7475-9252-9, lire en ligne), p. 25.
↑Abdel-Majid Trab Zemzemi, La Tunisie face à l'imposture, Genève, Albatros, (ASINB0000EAA56), p. 20.
↑Mokhtar Ayachi, Écoles et société en Tunisie, 1930-1958, Tunis, Centre d'études et de recherches économiques et sociales, , 474 p. (ISBN978-9973-902-22-1), p. 425.
↑Pierre Vermeren, La Formation des élites marocaines et tunisiennes : des nationalistes aux islamistes, 1920-2000, Paris, La Découverte, , 516 p. (ISBN978-2-7071-5544-3, lire en ligne), p. 230.