L'Union générale tunisienne du travail ou UGTT (arabe : الاتحاد العام التونسي للشغل) est la principale centrale syndicale de Tunisie avec 750 000 adhérents en 2012[2]. Elle est parfois nommée Union générale des travailleurs tunisiens.
Fondée le par Farhat Hached, son siège est à Tunis. Implantée pour l'essentiel dans le secteur public, elle regroupe 24 unions régionales, 19 organisations sectorielles et 21 syndicats de base[2]. Certains lui reprochent toutefois une centralisation du pouvoir, une faible représentation des femmes, du secteur privé et de certaines régions comme le Sahel[2].
Le syndicat dispose de son propre journal (Echaâb), de son agence de voyages, d'une coopérative active dans le secteur de la pêche et d'une mutuelle ; elle loue également l'hôtel Amilcar à Carthage[2].
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Le congrès constitutif de la centrale syndicale a lieu le au siège de la Khaldounia. 58 congressistes sont présents et répartis ainsi :
29 représentant les syndicats du Sud ;
18 représentant les syndicats des fonctionnaires ;
11 représentant les syndicats du Nord.
Mohamed Fadhel Ben Achour est élu président de l'UGTT et Farhat Hached secrétaire général, accompagnés par Kilani Chérif (secrétaire général adjoint), Béchir Bellagha (trésorier), Abdelwahed Dkhil (archives), Mahmoud Ben Tahar, Sadok Chaibi, Hachemi Belkadhi, Touhami Ben Amor, Abdelaziz Bouraoui, Habib Achour, Salem Cheffi, Nouri Boudali, Mohamed Halouani, Mohd Salah Ennaifar, Abdelmagid Ben Amor et Tahar Chaâbouni (membres)[3].
Le second congrès a lieu du 19 au . Ben Achour n'y assiste pas et le poste de président est supprimé. Le bureau exécutif élu est le suivant :
Secrétaire général : Farhat Hached ;
Secrétaires généraux adjoints : Nouri Boudali et Mahmoud Khiari ;
Trésoriers adjoints : Tahar Ben Saïd et Abderrahman Bellalouna ;
Secrétaires : Salah Boulakbeche, Abdelwahed Dekhil et Tahar Amira (archives) ;
Membres : Tahar Borsali, Béchir Bellagha, Mohamed Chelly, Sadok Chaïbi, Amor Riahi, Ahmed Tlili, Habib Achour, Ahmed Amara, Ismaïl Ben Dhrayef, Tahar Khasser, Salem Cheffi et Habib Ben Gouader.
Hached est réélu en 1949 et en 1951. Après son assassinat, c'est Ahmed Ben Salah qui est élu secrétaire général en 1954. La composition de la direction issue du 5 econgrès est la suivante :
Secrétaire général : Ahmed Ben Salah ;
Secrétaires généraux adjoints : Ahmed Tlili et Mohamed Kraïem ;
Trésoriers adjoints : Amor Riahi et Salem Cheffi ;
Secrétaires : Mahmoud Ben Ezzedine, Mustapha Filali et Habib Mekki (archives) ;
Membres : Mahmoud Messadi, Mohamed Erray, Habib Ben Ghozzia, Ezzeddine Abassi, Ahmed Ben Hmida, Ahmed Abdesselem, Habib Tliba, Mahmoud Ghoul, Mohamed Guettat, Mabrouk Ben Ameur, Hassouna Ben Tahar et Mohamed Chelly.
Ben Salah est réélu en 1955 et 1956. Mais, en prévision de sa nomination au gouvernement, il cède son poste à Ahmed Tlili, trois mois après lors du 6e congrès. Par ailleurs, en 1951, une femme, Cherifa Messaadi est élue membre du bureau exécutif, un fait qui ne se renouvelle pas par la suite.
Rivalité avec Bourguiba
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L'UGTT devient, au lendemain de l'indépendance en 1956, une composante importante du Front national réuni autour du parti au pouvoir et adhère totalement à son programme pendant une quinzaine d'années avant de devenir le principal contre-pouvoir au régime de parti unique[4]. L'omnipotence du Parti socialiste destourien et l'absence d'une opposition structurée et dynamique contraignent la centrale syndicale à servir d'espace de contestation[4]. Durant les années 1970, le secrétaire général Habib Achour n'hésite pas à rejeter les décisions du gouvernement au nom de l'intérêt des travailleurs[5].
Elle ne tarde pas à essuyer les foudres du régime : les crises de 1978 et de 1984-1985 tournent à la confrontation ouverte avec le pouvoir et affaiblissent l'organisation[4].
Mise au pas sous Ben Ali
Au congrès de Sousse, en 1989, la centrale finit par se doter d'une direction proche du gouvernement : Ismaïl Sahbani, réélu au secrétariat général en 1994 et 1999 à l'issue de congrès controversés et fort de l'appui du régime, s'aligne systématiquement sur les positions officielles et sur celles du patronat[4]. Accusé de malversations et de mauvaise gestion, il est contraint à la démission en septembre 2000 puis traduit en justice et condamné, en octobre 2001, à treize ans de prison ferme et à de fortes amendes ; il est amnistié en 2003[4].
C'est dans ces conditions qu'Abdessalem Jerad prend en main les rênes de l'organisation[4]. Contesté par une partie de la classe ouvrière, cet ancien agent de la Société nationale de transport est confirmé à son poste au congrès de Djerba, en février 2002, par 307 voix sur 457[4]. À défaut de légitimer son leadership, il parvient à s'imposer à la tête du bureau exécutif où siègent neuf de ses partisans ainsi que trois élus sur une liste rivale emmenée par Ali Romdhane[4]. Au sortir d'une longue traversée du désert, ce dernier devient le numéro deux de l'organisation[4]. En 2004, le soutien de l'UGTT à la candidature du président Ben Ali pour un quatrième mandat est âprement discuté au sein de la commission administrative ; la majorité finit par accepter une motion de soutien présentée par le bureau exécutif mais certaines structures régionales, plusieurs fédérations (dont celles de l'enseignement supérieur et de la santé) et des syndicats nationaux y sont hostiles[5].
En juillet 2005, l'organisation refuse toutefois de présenter des candidats à l'élection de la nouvelle Chambre des conseillers et critique l'invitation faite au Premier ministre israélienAriel Sharon de participer au Sommet mondial sur la société de l'information tenu à Tunis en novembre de la même année ; elle s'élève aussi contre l'interdiction du congrès de la Ligue tunisienne des droits de l'homme[5]. À cela s'ajoutent les grèves, organisées dans l'enseignement, la santé publique et de nombreuses entreprises publiques et privées, et les tensions provoquées par les négociations sociales qui peinent à aboutir dans certains secteurs[5]. En effet, les augmentations de salaires sont calculées sur la base de l'indice des prix officiel. Or, l'augmentation des prix de l'énergie, l'affaiblissement du dinar, l'abandon des mécanismes de compensation et la marchandisation de certains services jadis gratuits, comme l'éducation et la santé, grèvent le budget des ménages selon l'UGTT[5]. Le congrès de décembre 2006 aboutit à la reconduction de Jerad à la tête du syndicat[6].
À l'occasion du 22e congrès, tenu du 25 au , plus de soixante syndicalistes présentent leurs candidatures pour le bureau exécutif, mais 38 seulement répartis sur trois listes conservent leurs candidatures[11]. C'est la liste dite « consensuelle », élaborée par 17 régions et près de quinze secteurs[2] et fruit de l'alliance entre les syndicalistes fidèles à la ligne de Jerad et ceux du Mouvement des patriotes démocrates partisans d'Abid Briki, qui est élue. Ces derniers, avec l'apport de Hfaiedh Hfaiedh qui s'est porté candidat malgré l'opposition de son parti — le Parti communiste des ouvriers de Tunisie — qui a présenté une candidate, Naïma Hammami, permettent pour la première fois dans l'histoire de l'UGTT à l'extrême gauche d'être majoritaire au sein du bureau exécutif. Jerad laisse le secrétariat général à Houcine Abassi[12].
En 2012, la composition du bureau exécutif et l'orientation politique de ses membres sont les suivantes[13] :
Le , à la veille de l'anniversaire de la mort de Farhat Hached, des syndicalistes de l'UGTT sont violentés par des manifestants appartenant à la Ligue de protection de la révolution proche du pouvoir ; plus de vingt blessés sont dénombrés parmi lesquels deux membres du bureau exécutif, Hfaïedh Hfaïedh et Samir Cheffi, d'autres syndicalistes ayant des contusions diverses ou des blessures ouvertes, notamment à la tête[14]. L'UGTT annonce alors le boycott des émissions télévisées dans lesquelles participent des membres d'Ennahdha jusqu'à ce qu'ils avouent leur responsabilité. Elle décide également de recourir à la grève générale pour le 13 décembre mais, à la suite de la médiation de plusieurs personnalités à l'instar d'Ahmed Ben Salah ou Mustapha Ben Jaafar, des négociations ont lieu entre des membres du gouvernement et des représentants du syndicat : ils parviennent à un accord soumis à la commission administrative de l'UGTT qui, après de longues tractations, entérine l'annulation de la grève[15] malgré l'opposition de plusieurs membres et la pression exercée par des syndicalistes de base et politiciens opposés au gouvernement en dehors de la salle de réunion. L'accord porte notamment sur la constitution d'une commission mixte pour enquêter sur les événements du .
En 2017, le syndicat compte près de 500 000 adhérents[16].
En juillet 2018, la direction de l'Union générale tunisienne du travail et le gouvernement signent un accord portant sur la régularisation de la situation de plusieurs situations d'emplois précaires[17].
La centrale syndicale a toujours été représentée au Parlement tunisien, dans le cadre des listes du parti au pouvoir : d'abord dans le cadre du Front national puis au sein des listes du Parti socialiste destourien, au cours des années du règne du président Habib Bourguiba, puis au sein des listes du Rassemblement constitutionnel démocratique sous Zine el-Abidine Ben Ali, sachant que l'UGTT laisse alors la liberté à ses membres de se présenter sur les listes de leur choix. Pour les élections de l'assemblée constituante en 2011, certains syndicalistes présentent des listes indépendantes : Moncef Yaâcoubi, Hassen Dimassi, Ridha Bouzriba, Abdennour Maddahi, Mohamed Tahar Chaïeb, Mongia Zbidi, Youssef Salhi et Béchir Laâbidi ; d'autres sont têtes de listes de partis ou coalitions (comme Hfaïedh Hfaïedh), mais aucun d'entre eux n'est élu.
L'UGTT s'abstient de présenter officiellement des candidats mais certains de ses membres se présentent au sein de différentes listes dont trois sur les listes du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD).
Circonscription
Député
Bizerte
Mohsen Dridi
Kairouan
Mohamed Sghaier Saïdane
Gafsa
Amara Abassi
Total
3
IXe législature (1994)
L'UGTT adopte la même attitude de neutralité, les mêmes députés ainsi qu'un quatrième se présentant sur les listes du RCD.
Circonscription
Député
Bizerte
Mohsen Dridi
Le Kef
Mohamed Melki Ouertani
Kairouan
Mohamed Sghaier Saïdane
Gafsa
Amara Abassi
Total
4
Xe législature (1999)
Le groupe de quatre députés se renforce par un cinquième syndicaliste, toujours présents sur les listes du RCD.
Circonscription
Député
Ben Arous
Habib Attigue
Bizerte
Mohsen Dridi
Le Kef
Mohamed Melki Ouertani
Kairouan
Mohamed Sghaier Saïdane
Gafsa
Amara Abassi
Total
5
XIe législature (2004)
En 2004, seuls deux syndicalistes sont retenus sur les listes du RCD, dont Amara Abassi, qui a alors une influence importante sur les syndicats miniers et qui en est à son quatrième mandat.
Circonscription
Député
La Manouba
Mustapha Medini
Gafsa
Amara Abassi
Total
2
XIIe législature (2009)
Circonscription
Député
La Manouba
Mustapha Medini
Sidi Bouzid
Touhami Heni
Total
2
Critiques
En août 2018, Yassine Essid évoquent des dirigeants de partis politiques pointant du doigt « la mafia des syndicalistes et des parrains de l'UGTT » sans toutefois les identifier[27].
En novembre de la même année, le juriste Chedly Mamoghli dénonce l'hypocrisie de l'UGTT qui se lamente sur la situation économique du pays tout en étant, selon lui, en grande partie à l'origine de celle-ci[28].
Références
↑(en) « List affiliates » [PDF], sur ituc-csi.org, (consulté le ).
↑ a et bSecrétaire général par intérim en attendant la tenue du congrès suivant
↑Tijani Abid est élu lors du 15e congrès qui a lieu le 25 février 1978 ; sa période est ignorée par les légitimistes qui ont d'ailleurs adopté le titre de « 15e congrès » pour celui de 1981.
↑En novembre 1981, Habib Achour intègre le bureau exécutif de l'UGTT ; la fonction de président lui est attribuée à titre provisoire, ce qui ne manque pas de créer une confusion avec les prérogatives de Taïeb Baccouche.
↑Ahmed Amara remplace Salah Belayche, nommé gouverneur.
↑Ahmed Tlili n'a pas terminé la législature dont il est exclu.
↑Amor Jemmali meurt en fonction le 23 octobre 1970.
↑Certains anciens syndicalistes comme Habib Tliba ou Tijani Abid sont élus sur les listes du Parti socialiste destourien mais n'ont pas alors de relations avec l'UGTT.