En 1925, le financier Georges Aubert prend le contrôle de la maison Doucet et provoque un rapprochement avec la maison de Georges Dœuillet. Après la crise de 1929, la nouvelle société Dœuillet-Doucet perdure jusqu'en 1937.
Quelques créations de Jacques Doucet
Robe, v. 1880.
Robe de soirée, v. 1910.
Robe de bal, 1898-1900.
Robe, 1920-1923.
Le collectionneur et mécène
Jacques Doucet collectionneur d'art du XVIIIe siècle
Enrichi par son activité de couturier, Jacques Doucet pose les premières pierres d'une importante collection d'objets d'art consacrée au XVIIIe siècle. Il rassemble des tableaux, dessins, sculptures, œuvres d'ébénisterie et de marqueterie, des estampes et des livres. Sa collection, qui réunit des pièces de provenance prestigieuse, est ouverte aux amateurs et chercheurs qui en font la demande. Parmi les pièces remarquables, on compte les Bulles de Savon de Chardin.
En juin 1912, il vend une grande partie de cette première collection, à la suite de la mort tragique de la femme qu'il aimait en secret, Jeanne Ruaud[1], et à laquelle il destinait cet ensemble[2]. La vente publique, qui fait événement, engendre 13 884 460 francs d’adjudications, ce qui en fait la vente la plus chère de son temps. Outre les prix atteints, cette vente est remarquable en ce qu'elle donne lieu à un catalogue de vente particulièrement documenté, illustré et investi d'une dimension scientifique : il a été rédigé par des spécialistes, historiens de l'art et conservateurs de musée[3].
Collectionneur et mécène des artistes contemporains
Jacques Doucet participe aux deux courses de classe 2-3 tonneaux aux épreuves de voile aux Jeux olympiques de 1900 à Paris, à bord de Favorite. Il remporte la médaille d'argent à l'issue des deux courses[6],[7].
La bibliothèque de Jacques Doucet et le soutien à la recherche en histoire de l'art et archéologie
Mais Jacques Doucet a des visées plus vastes. Dès 1905, il finance des « cellules de recherche » sur l'histoire de l'art dans son exhaustivité. Il commande de véritables programmes de recherche, s'entourant d'éminents spécialistes. Il s'intéresse à tout et achète sans compter. Il est même l'un des premiers à comprendre la valeur des manuscrits. Constatant la pénurie documentaire dont souffre l'histoire de l'art, il constitue en 1909[8], avec l'aide de son premier bibliothécaire René-Jean, puis de nombreux spécialistes (Edouard Chavannes, Émile Espérandieu, Fernand Mazerolle, Paul Perdrizet, Henri Saladin, Noël Clément-Janin, etc.) une bibliothèque couvrant l'art de tous les temps et de tous les pays[9]. Il tient en outre à acquérir les sources elles-mêmes (lettres autographes, catalogues de ventes, journaux d'artistes), nécessaires à tout historien d'art. Outre les livres et les manuscrits, cette bibliothèque, installée dans six appartements mitoyens de la rue Spontini, comporte un important fonds de photographies documentaires et une collection d'estampes et de dessins remarquable.
Afin de faciliter le travail des historiens de l'art, Jacques Doucet initie et finance à partir de 1910 la publication du Répertoire d'Art et d'Archéologie, une bibliographie générale de tout ce qui se publie en histoire de l'art et archéologie (ouvrages, articles, catalogues de vente). Continué par la Bibliothèque d'art et d'archéologie puis par le CNRS, le Répertoire d'Art et d'Archéologie cesse de paraître en 1989[10].
Jacques Doucet, Lustrales, Porrentruy : Éditions des Portes de France, 1946.
Jacques Doucet, La vue seconde, Paris : P. Seghers, 1950.
Jacques Doucet et André Suarès, Le condottiere et le magicien, correspondance établie, choisie et préfacée par François Chapon, Paris : Julliard, 1994.
Notes et références
↑Jérôme Delatour, « Doucet chez Rothschild : La Bibliothèque d’art et d’archéologie de 1923 à 1935 », dans De la sphère privée à la sphère publique : Les collections Rothschild dans les institutions publiques françaises, Publications de l’Institut national d’histoire de l’art, coll. « Voies de la recherche », (ISBN978-2-917902-87-5, lire en ligne)
↑Pierre Assouline, Le dernier des Camondo, Gallimard, 1997 (p. 213)
↑Sébastien Quéquet, « Science politique et marché de l’art : la vente Doucet de 1912 », dans Chantal Georgel, Jacques Doucet, collectionneur et mécène, Les Arts Décoratifs : Institut national d'histoire de l'art, (ISBN978-2-916914-67-1)
↑Marine Crubilé, L’art contemporain ou le fétichisme du lucre : Thèse de doctorat en Arts et science de l'art, Université Michel de Montaigne Bordeaux III, 2018 (soutenue 2 juillet) (lire en ligne), p.120
↑Stéphane Gachet, JO d’été : tous les médaillés français de 1896 à nos jours, Paris, Talent Sport, (ISBN978-2378153427), p. 22
↑Lucie Prohin, « « A-t-on suffisamment rendu grâce à la générosité de M. Jacques Doucet ? » Récits médiatiques autour de la Bibliothèque d’art et d’archéologie dans la première moitié du XXe siècle », Balisages, no 4, (ISSN2724-7430, DOI10.35562/balisages.901).
↑« Calames » , sur www.calames.abes.fr, (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
Pierre Cabanne, « Jacques Doucet — Il fut le plus paradoxal des collectionneurs », Lectures pour Tous n°247 (août 1974), pages 72-79.
Vincent Bouvet, « Jacques Doucet », Beaux Arts magazine n° 21, Levallois, , pp. 58-65.
Germain Bazin, Histoire de l'histoire de l'art, Paris, Albin Michel, 1986, pp. 470-473.
Michel Ragon, « Jacques Doucet », Cimaise n° 204, Paris, janvier-, pp. 85-104.
Pierre Gassier (dir.), De Goya à Matisse : estampes de la Collection Jacques Doucet [catalogue d'exposition], Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 1992.
Andrée Doucet, Jacques Doucet et la poésie, Paris, Galilée, 2002.
Bernard Comment & François Chapon, Doucet de fonds en combles : Trésors d'une bibliothèque d'art, Paris, Herscher, 2004.
Michel Collot, Yves Peyré et Maryse Vassevière (eds.), La bibliothèque littéraire Jacques Doucet : Archive de la modernité. Actes du colloque tenu en Sorbonne les 5, 6 et , Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle & Ed. des Cendres, 2007.
Édouard Graham, Les écrivains de Jacques Doucet, Paris, Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, 2011.
Chantal Georgel (dir.), Jacques Doucet, collectionneur et mécène, Paris, Les Arts Décoratifs et Institut national d'histoire de l'art, 2016.
André Breton, Lettres à Jacques Doucet (1920-1926), Édition d'Étienne-Alain Hubert, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 2016.
Biographies
François Chapon, Mystère et splendeurs de Jacques Doucet 1853-1929, Paris : JC Lattès, 1983.
François Chapon, C'était Jacques Doucet, Paris : Fayard, 2006.
Bernard Comment, François Chapon, Doucet de fonds en combles : trésors d'une bibliothèque d'art, Paris : Institut national d'histoire de l'art/Herscher, 2004.
Chantal Georgel (dir.), Jacques Doucet. Collectionneur et Mécène, Paris : Institut national d’histoire de l’art/ Les Arts Décoratifs, 2016.