Jacques Claude, comte Beugnot, né le à Bar-sur-Aube, et mort le à Bagneux, est un magistrat et homme politique français de tendance républicaine. Opposé aux sans-culottes comme aux royalistes, il exerça des charges importantes sous le Premier Empire.
Biographie
Révolution française
Avant la Révolution, il était lieutenant-général du présidial de Bar-sur-Aube. En 1790, il devint procureur-général syndic du tout nouveau département de l'Aube, et fut élu par ce département à l'Assemblée législative, le , le septième sur neuf, par 223 voix sur 350 votants. Il y siégea parmi les constitutionnels et fréquenta Danton. Le , il s'opposa à Albitte sur les mesures à prendre contre les prêtres réfractaires : « Si vous croyez qu'il soit indispensable d'établir, par une loi, l'ouverture des églises, je vous demande si vous ne reconnaîtrez pas aussi qu'il est indispensable d'établir, par une loi, la manière de s'y réunir. » Le , il soutint le ministre Antoine François Bertrand de Molleville, contre le comité de la marine qui demandait un décret d'accusation ; le , il provoqua une demande d'explication à l'empereur Léopold II sur le traité de Pillnitz ; le , il s'opposa au projet de Condorcet tendant à l'élection des agents de la trésorerie par le peuple et le il proposa, soutenu par Viénot-Vaublanc, un décret d'accusation contre les journalistes incendiaires, qui amena l'arrestation de Marat et de l'abbé Royou, ce qui lui valut la haine des Jacobins.
Après le , il ne reparut plus à l'assemblée, fut arrêté et emprisonné en , d'abord à la Conciergerie[1] puis à La Force à partir du de la même année[2], d'où il ne sortit qu'après la chute de Robespierre.
Premier Empire
Il entra en relation avec la famille Bonaparte et, après le coup d'État du 18 brumaire, devint conseiller de Lucien Bonaparte, alors ministre de l'intérieur, et il eut notamment comme mission de désigner les nouveaux préfets. Le 11 ventôse an VIII, il s'adjugea la préfecture de Rouen, qu'il conserva jusqu'au . Le 25 prairial an XII, il avait été nommé membre de la Légion d'honneur.
En 1807, il fut chargé de l'organisation du nouveau royaume de Westphalie et fut nommé ministre des finances de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie. En 1808, il devint administrateur du grand-duché de Berg, chevalier de l'Empire, le , officier de la Légion d'honneur, le et comte de l'Empire, le . Il proposa le conseiller von Bülow pour lui succéder au ministère des Finances de Westphalie.
Restauration française
De retour en France, en 1813, il devint préfet à Lille et, en 1814, ministre de l'intérieur du gouvernement provisoire. À la demande de Talleyrand, il rédigea une longue allocution à l'occasion de l'entrée à Paris du comte d'Artois ; Talleyrand n'en retint que la phrase : « Il n'y a rien de changé en France, il n'y a qu'un Français de plus », ce qui lui valut les plus vives protestations du comte d'Artois.
Une ordonnance de Louis XVIII nomma Beugnot, le [3], directeur général de la police. Il rétablit les processions et le repos obligatoire du dimanche. Il devint ministre de la marine le [4], poste qu'il occupait alors que Napoléon Bonaparte rentrait de l'île d'Elbe. Beugnot accompagna le roi à Gand et, à son retour, reçut, le , la direction générale des postes, qui lui fut bientôt retirée, sans doute à cause de son manque de soutien aux ultra-royalistes, pour une fonction plutôt honorifique de ministre d'État.
Le , il fut élu député de la Seine-Inférieure et siégea avec les libéraux, alors appelés « doctrinaires », petit parti qui, selon ses dires « tiendrait tout entier sur mon canapé ». Le , il est fait Grand officier de la Légion d'honneur et, le , il devint directeur général de la caisse d'amortissement.
Le , il fut réélu député et se rapprocha du ministère Decazes. Il contribua au rejet de la proposition de Barthélemy, qui avait pour but de restreindre les droits électoraux et défendit la liberté de la presse, qu'il combattit un peu plus tard.
En 1820, il donna sa démission de député et se retira de la vie publique. Il a laissé des Mémoires. Entre autres, il y prétend avoir fourni le texte de la déclaration adressée par le roi au peuple français avant son retour en France - mais il est connu à présent que c'est un autre texte qui fut adopté.
Mémoiresdu comte Beugnot, ancien ministre (1783-1815), publiés par le comte Albert Beugnot, son petit-fils, 1866, Paris, Editions Dentu, tome premier, 508 pages, et tome second, 422 pages (deuxième édition en 1868).
Tiercé en fasce: d'argent à un chevron d'azur accompagné de trois raisins de gueules; de gueules au signe des chevaliers légionnaires, et d'un échiqueté d'or et d'azur.[6]
Coupé ; le premier parti à dextre du quartier des comtes conseillers d'État, et de gueules au signe des chevaliers ; le deuxième d'argent au chevron d'or accompagné de trois grappes de raisin de gueules.[6]
Écartelé aux 1 et 4 d'argent au chevron d'or accompagné de trois grappes de raisin de sinople au 2 d'azur à un livre ouvert d'argent au 3 d'azur à une ancre d'argent.[6]
ou
D'azur, au chevron de gueules accompagné de trois grappes de raisin de sable, feuillées de sinople, au chef d’azur chargé d’un rouleau d’argent.[7]
Notes et références
↑Biographie des ministres Français : depuis juillet 1789 jusqu'à ce jour, H. Tarlier - Grignon, (lire en ligne), p. 22
↑Charles-Aimé Dauban et François de Jourgniac Saint-Méard, Les prisons de Paris sous la révolution, H. Plon, , 483 p. (lire en ligne), p. 170
Archives parlementaires de 1787 à 1860 : recueil complet des débats législatifs et politiques des Chambres françaises. Première série, 1787 à 1799. Tomes : XXXIV, XXXVII, XLI, XLII et LI.