Le paléoanthropologue australien Darren Curnoe(d) a décrit l'espèce Homo gautengensis en 2010, en prenant pour holotype un crâne partiel trouvé en 1976 par Alan R. Hughes dans la grotte de Sterkfontein, dans le Gauteng, près de Johannesbourg (Afrique du Sud), répertorié sous le code StW 53.
Les premiers fossiles attribués a posteriori à l'espèce avaient été découverts entre 1936 et 1952 par Robert Broom et John Robinson, et avaient fait l'objet d'attributions diverses. Le fossile le plus complet (le crâne fragmentaire StW 53) avait au départ été attribué à Homo habilis, et par certains auteurs à Australopithecus africanus[2]. La plupart des études l'ont cependant attribué au genre Homo, et plusieurs auteurs ont suggéré avant 2010 qu'il représentait une nouvelle espèce. Les fossiles d'Homo gautengensis seraient donc les premiers fossiles anciens du genre Homo découverts en Afrique, avant ceux d'Homo habilis (mis au jour en 1960)[3].
Chronologie
La description d’Homo gautengensis est basée sur quelques crânes partiels, plusieurs mandibules, des dents isolées et autres ossements fossiles trouvés sur différents sites du Gauteng. Les différentes couches géologiques dans lesquelles les fossiles ont été découverts sont âgées de 2Ma à 0,8 Ma environ[3],[4].
Les spécimens les plus anciens sont ceux de Swartkrans-membre 1 (Hanging Remnant), datés entre 1,9 et 1,8 Ma[4]. Le fossile StW 53 de Sterkfontein est daté entre 1,8 et 1,5 Ma[5]. Un spécimen de Gondolin est daté d'environ 1,8 Ma[6],[7]. D'autres fossiles de Sterkfontein-membre 5 sont datés entre 1,4 et 1,1 Ma, et les fossiles les plus récents de Swartkrans-membre 3 entre 1 et 0,6 Ma[8].
Description
Selon la description de Darren Curnoe, Homo gautengensis aurait eu une taille de 0,90 à 1 m. Il avait un petit cerveau et de grandes dents adaptées à la mastication de plantes coriaces, et était probablement plus végétarien qu'Homo ergaster et même qu'Homo habilis[9]. Il était bipède au sol, mais avait probablement encore des capacités arboricoles importantes, pour pouvoir se nourrir, dormir, et échapper aux prédateurs.
La découverte d'Homo naledi en 2013 (publiée en 2015 et datée en 2017) a néanmoins confirmé qu'il pouvait exister des espèces humaines plus archaïques qu'Homo habilis à une époque plus tardive. Il reste encore un travail considérable de réinterprétation à faire sur des fossiles découverts depuis plusieurs décennies en Afrique du Sud et en Afrique de l'Est, à l'aide des méthodes d'analyse modernes aujourd'hui disponibles[9].
↑(en) Lee R. Berger, « Australopithecus sediba and the earliest origins of the genus Homo », Journal of Anthropological Sciences, vol. 90, , p. 1-16 (DOI10.4436/jass.90009).
↑(en) Walter W. Ferguson, « Reappraisal of the taxonomic status of the cranium StW 53 from the Plio/Pleistocene of Sterkfontein, in South Africa », Primates, vol. 30, , p. 103-109 (DOI10.1007/BF02381216).
↑ a et b(en) Robyn Pickering, Jan D. Kramers, Philip John Hancox, Darryl J. de Ruiter et Jon D. Woodhead, « Contemporary flowstone development links early hominin bearing cave deposits in South Africa », Earth and Planetary Science Letters, vol. 306, nos 1-2, , p. 23-32 (DOI10.1016/j.epsl.2011.03.019)
↑Herries & Shaw. 2011, Palaeomagnetic analysis of the Sterkfontein palaeocave deposits : Implications for the age of the hominin fossils and stone tool industries, Journal of Human Evolution, 60 (5), pp. 523-539
↑Adams et al., 2007, Taphonomy of a South African cave : geological and hydrological influences on the GD 1 fossil assemblage at Gondolin, a Plio-Pleistocene paleocave system in the Northwest Province, South Africa, Quaternary Science Reviews, 26 (19-21), pp. 2526-2543
↑Herries et al., 2006, Speleology and magnetobiostratigraphic chronology of the GD 2 locality of the Gondolin hominin-bearing paleocave deposits, North West Province, South Africa, Journal of Human Evolution, 51 (6), pp. 617-631
↑Herries et al., 2009, A multi-disciplinary seriation of early Homo and Paranthropus bearing palaeocaves in southern Africa, Quaternary International, 202 (1-2), pp. 14-28