Cet article traite de l’histoire évolutive de la lignée humaine entre 2 et 1,5 millions d’années avant le présent (AP). Cette période est celle de l'émergence de l’espèce Homo ergaster, dont les fossiles ont été trouvés depuis 1960 dans plusieurs régions d’Afrique et au Proche-Orient. La présence précoce de l'Homme hors d'Afrique est surtout attestée par les fossiles d’Homo georgicus. L’industrie acheuléenne apparait en Afrique de l'Est et va progressivement se diffuser dans toute l’Afrique, puis en Eurasie.
2 à 0,8 millions d’annéesAP : Homo gautengensis, identifié en 2010 par le paléoanthropologue et biologiste australien Darren Curnoe à partir de restes fossiles trouvés en Afrique du Sud à partir de 1952, c'est-à-dire avant les premiers fossiles d'Homo habilis découverts en Tanzanie seulement en 1960.
1,98 million d’annéesAP : Australopithecus sediba, connu par six spécimens, le premier découvert par le fils de Lee Rogers Berger en 2008 dans la grotte de Malapa, au nord-ouest de Johannesbourg, en Afrique du Sud. En est découvert Karabo, un squelette particulièrement complet de la même espèce, dont la description n'a pas encore été publiée.
1,95 million d’annéesAP : plus ancien reste fossile connu d'Homo ergaster, suivi par d'autres fossiles presque aussi anciens (Kenya) :
mandibule KNM-ER 1812 et fragment de crâne KNM-ER 2598 (1,9 million d'années) ;
fragment crânien KNM-ER 1648 (1,85 million d'années)[1]. Homo ergaster serait le premier vrai chasseur, se déplaçant sur de longues distances pour poursuivre ses proies. Sa descendance se fractionne en différentes espèces, Homo erectus en Asie orientale, Homo rhodesiensis en Afrique, et Homo antecessor puis Homo heidelbergensis en Europe.
1,9 million d'annéesAP : premiers indices d'aménagement d'abri (discutés), une sorte de coupe-vent en pierres qui remonterait à 1,9 million d'années, trouvé dans les gorges d'Olduvaï, en Tanzanie[2].
1,9-1,8 million d’annéesAP : le comportement de prédation des représentants du genre Homo est bien attesté[3].
1,76 million d’annéesAP : premiers bifaces, outils de pierre taillés en forme d’amande, plus ou moins symétriques, typiques de l’industrie lithique de l’Acheuléen, attribuée en Afrique à Homo ergaster. Certains de ces bifaces ont une qualité de facture telle que le souci esthétique de l’artisan semble indéniable au-delà de la simple utilité pratique, et leur production peut être considérée comme les débuts du design[5]. Les plus vieux connus à ce jour ont été découverts à Kokiselei 4 sur les rives du lac Turkana, datés par paléomagnétisme à 1,76 million d'années[6].
une étude de paléopathologie décrit la cause de la mort d'un Homo ergaster (KNM-ER 1808), découvert à Koobi Fora, au Kenya : des lésions osseuses témoignent d'une trop grande consommation de vitamines A, attribuée à l'ingestion fréquente de foies de carnivores[9].
1,55 million d’annéesAP : squelette quasi complet du « garçon du Turkana », appartenant à l'espèce Homo ergaster, découvert en 1984. Il est mort à l'âge de 8 ans à Nariokotome. Son squelette post-crânien est très proche de celui d'Homo sapiens. Sa stature (environ 1,65 mètre une fois adulte), sa peau nue et un système de transpiration performant en font un excellent marcheur, apte à la course d’endurance en terrain découvert et par forte chaleur. Cette aptitude en fait certainement un vrai chasseur[3].
Asie
1,9 million d'annéesAP : le site archéologique de Riwat, près de la rivière Soan, au Pakistan, livre des outils en quartzite oldowayens, sans fossiles humains associés[11].
1,7 million d’annéesAP : Homme de Yuanmou, deux incisives particulièrement robustes découvertes dans la province du Yunnan, en Chine méridionale (la datation est controversée, peut-être 1,7 million d’années ou de 500 000 à 700 000 ans)[12]. Outils et débris de charbon de bois.
1,66 million d’annéesAP : outils lithiques de mode 1 découverts sur le site lacustre de Majuangou, dans le bassin de Nihewan, dans la province du Hebei, au nord de la Chine, sans fossiles humains associés[13].
1,63 million d'annéesAP : Homme de Lantian, une calotte crânienne et quelques os faciaux découverts en 1963 sur le site de Gongwangling, dans le xian de Lantian, dans la province du Shaanxi, en Chine. Une précédente datation de 1,22 million d'années (2008) a été révisée en 2015 à 1,63 million d'années[15].
1,45 million d’annéesAP : crâne fossile de l'enfant de Modjokerto, découvert en 1936 près du village de Perning, à Java, dont l'attribution est discutée[14]. Son étude a permis de déterminer qu'à un âge compris entre 1 et 4 ans, le cerveau du jeune spécimen avait déjà atteint 80 % de sa taille adulte, ce qui est comparable au développement des chimpanzés du même âge, mais n'est atteint que vers quatre ans par les hommes modernes[16].
1,77 million d’annéesAP : cinq crânes fossiles d’Homo georgicus sont découverts de 1999 à 2005 sur le site de Dmanissi en Géorgie. Ce sont les plus anciens spécimens fossiles du genre Homo conséquents découverts à ce jour hors d'Afrique. L’individu le plus âgé ayant perdu ses dents, doit sa survie pendant plusieurs années à la prise en charge de son alimentation par le groupe, premier témoignage d’entraide[3].
↑Boubou Aldiouma Sy, Changements climatiques, dynamiques des milieux et crises de sociétés en Afrique de l'ouest : Bénin, Mali, Sénégal, Togo, Paris, L'Harmattan, , 257 p. (ISBN978-2-296-99517-8, présentation en ligne)
↑Karen Hardy et Lucy Kubiak Martens, Wild Harvest : Plants in the Hominin and Pre-Agrarian Human Worlds, Oxbow Books, , 368 p. (ISBN978-1-78570-126-9, présentation en ligne)
↑Marie Balasse, Philippe Dillmann, Collectif, Regards croisés : quand les sciences archéologiques rencontrent l’innovation, Paris, Archives contemporaines, , 165 p. (ISBN978-2-8130-0242-6, présentation en ligne)