Il s'inscrit au barreau de Bruxelles et devient avocat à la Cour d'appel de Bruxelles. Militant au sein du jeune Mouvement ouvrier chrétien, il lance L'Avenir social et La Justice sociale et devient un des leaders de la jeune droite.
C'est sous son ministère qu'est adoptée la loi sur la protection de l'enfance. Déjà, le 10 août 1889, Jules Le Jeune, alors ministre de la Justice, avait déposé un premier projet de loi relatif à la Protection de l'enfance[3], mettant en place les Sociétés protectrices des Enfants Martyrs. Ministre de la Justice du au dans le gouvernement de Charles de Broqueville, le nom d'Henry Carton de Wiart reste surtout attaché à l'importante loi du 15 mai 1912 sur la protection de l'enfance, qui crée les tribunaux pour enfants, chargés non plus de punir l'auteur d'une infraction mais de prononcer des « mesures de garde, d'éducation et de préservation pour les mineurs délinquants traduits en justice ». Le législateur remplace le système punitif par un système de protection de l'enfance. Cette loi veut donc protéger le mineur des dangers du milieu, mais aussi assurer la sûreté de la société.
Le discernement réel de l'enfant n'est plus mis en cause dans cette loi. Le principe de l'irresponsabilité pénale des mineurs délinquants est désormais acquis, la majorité pénale étant fixée à 16 ans. La loi institue la possibilité de prononcer la déchéance de l'autorité paternelle lorsque des parents manquent gravement à leurs obligations concernant leur enfant [4],[5].
Il reçoit les félicitations personnelles du roi Albert Ier qui voit en cette nouvelle loi une réelle avancée sociétale.
À Gembloux, la Société Protectrice des Enfants Martyrs de Bruxelles (qui est appréciée par le roi et devient Société royale en 1919), crée l’école ménagère Henry Carton de Wiart (du nom de son protecteur) pour 40 jeunes filles et petits enfants victimes de maltraitance[6] et, à Ernage, l’école-ferme pensionnat Jules Lejeune pour 40 garçons[7].
D'autres veulent alors améliorer le sort des enfants : la loi du 19 mai 1914 rend obligatoire et gratuit l'enseignement primaire pour les enfants et adolescents âgés de 6 à 14 ans. Elle est accompagnée de la loi du 26 mai 1914 interdit le travail des enfants de moins de 14 ans.
En 1914, il est chargé de conduire aux États-Unis une mission extraordinaire du gouvernement dans le but de susciter la sympathie des autorités américaines pour la Belgique menacée.
Le 21 novembre 1918, le Roi le nomme ministre d'Etat, titre honorifique conféré à des personnalités politiques qui se sont montrées très méritantes dans la vie publique.
En dehors du gouvernement, Carton de Wiart poursuit son engagement politique en tant que député, où il présente plusieurs projets de loi, notamment pour la prévention de l'avortement, la régulation de la contraception, et la lutte contre l'abandon familial. Il s'est fermement opposé à l'avortement, qu'il considérait comme une atteinte à la vie, et a milité pour des politiques de soutien aux familles afin de prévenir ce qu'il percevait comme un affaiblissement des valeurs familiales. Il introduit également une législation visant à établir les allocations familiales, afin de soutenir les familles et encourager la natalité, tout en prônant des réformes sociales pour protéger les plus vulnérables[8].
Lors de l'invasion de la Belgique par la Wehrmacht en mai 1940, Carton de Wiart suit le gouvernement belge jusqu'à Poitiers puis rentre en Belgique. Il est incarcéré un temps à la prison de Louvain par les autorités d'occupation allemande, puis rejoint le gouvernement belge en exil à Londres.
Au début hostile à la capitulation du roi Léopold III face à l'envahisseur allemand, Carton de Wiart est un fervent défenseur du roi après la guerre lors de la Question royale.
Il a notamment écrit le roman de chevalerie La Cité ardente (1905), qui est un succès populaire et donne à la ville de Liège un nouveau surnom, encore d'usage général aujourd'hui. Il fonde avec le chanoine Bondroit et Mallinger « la société d'Art à l'école et au foyer ».
Son action se prolonge aujourd'hui encore à travers l'ASBL Juliette et Henry Carton de Wiart.
Le 21 avril 1897, Henry Carton de Wiart épouse Juliette Verhaegen[10], née à Bruxelles le 30 décembre 1872 et décédée à Saint-Gilles le 15 novembre 1955, oblate de Saint-Benoît, prisonnière politique 1914-18, commandeur de l'Ordre de Léopold II, officier de l'Ordre de Léopold avec rayure d'or. Ils ont eu six enfants : Ghislaine, François-Xavier, Georgette, Hubert, Gudule[11] et Geneviève[12]. Juliette Verhaegen consacre sa vie à la protection des enfants et s'implique dans les dossiers de son mari portant sur ce sujet[13].
Le fils aîné Xavier Carton de Wiart (1899-1955) est volontaire de guerre pendant la Première Guerre avant de faire des études de droit et de devenir avocat, aux côtés de son père. On trouve de nombreux documents relatifs à son éducation et à sa formation, à son engagement patriotique et politique, à sa vie de famille, auxquels viennent s’ajouter les dossiers relatifs à ses activités littéraires. Xavier fut conseiller communal de Bruxelles-Ville de 1939 à sa mort [14].
Comme son frère Xavier, Hubert Carton de Wiart (Saint-Gilles le 21 octobre 1901 - mort le 30 mai 1963) est docteur en droit (en 1926) et licencié en sciences politiques. Il fit une carrière diplomatique, envoyé extraordinaire puis ministre plénipotentiaire, notamment en Chine, au Brésil, à Paris (pendant la Seconde Guerre mondiale notamment) ou en Italie. Aventurier, il fait le voyage en automobile en 1932 entre la Chine et Hastière, en la seule compagnie d'Alphonse Lepage. En 1936, il accomplit une autre expédition de 12.000 km, en automobile, d'un bout à l'autre de l'Amérique du Sud. Ecrivain à ses heures, il coucha sur papier le récit de ses deux voyages. Il fut l'époux de Marie-Noëlle Lambert [15],[16].
Son jeune frère Edmond Carton de Wiart, docteur en droit et en sciences politiques de l'Université de Louvain à 21 ans, lauréat d'un concours interuniversitaire, Edmond Carton compléta sa formation en fréquentant les Universités de Paris, Université d'Oxford, de Berlin et de Rome. Il est ensuite nommé professeur extraordinaire à l'Université de Louvain où il fut chargé du cours de finances publiques. Il fut aussi collaborateur et secrétaire d'Auguste Beernaert, avocat, ancien Premier ministre, devenu président de la Chambre. Il entame enfin une carrière dans le monde des affaires étant nommé secrétaire de la Caisse générale de Reports et de Dépôts. Il devient à 26 ans (1901) secrétaire du roi Léopold II jusqu'à la mort du roi en 1909 [17]. Au début du règne du roi Baudouin, par arrêté du Prince royal du 26 juin 1951, le baron Carton de Wiart est nommé grand maréchal de la Cour.
Un autre de ses cousins, officier du régiment des guides, fut le colonel-baron François Carton de Wiart (1908-1976). Il avait épousé en 1935 Françoise, fille du comte André de Meeûs d'Argenteuil.
Hommages
Ministre d'État en 1918 ;
Il est fait comte en 1921 en reconnaissance de ses mérites ;
Une avenue à Jette et un boulevard à Liège ont été baptisés « Carton de Wiart ».
Un monument à sa mémoire où trône son buste en bronze, réplique de son buste en marbre à la Chambre des représentants dû au sculpteur Jules Lagae, a été érigé en 1988 à Jette dans l'avenue qui porte son nom.
Nouveaux Contes Hétéroclites, [(Bruxelles)] : [(Durendal)], Paris : Lethielleux, 1947
La Cité ardente, Paris : Perrin, 1905.
Manuel d'études sociales et politiques, 1906
Les Vertus bourgeoises, 1910,
Le Bon combat, 1913,
Le roi Albert chef d'État
La Belgique en Terre d'asile
La Belgique, boulevard du droit
La Politique de l'honneur, 1917,
Mes vacances au Congo, Ill. par Nestor Cambier. Bruges-Paris : Desclée de Brouwer et C°, s.d. [1922], 212 p. ; réédition : Mes vacances au Congo, Bruxelles : F. Piette, 1923, 144 p. ; ouvrage traduit en néerlandais : Op Reis door Congo. Naar het Fransch van Graaf Carton de Wiart, door Leo Van Molle. Tweede herziene druk. Antwerpen : I. Opdebeek uitgever, 1931, 120 p.
Le Droit à la joie, 1922, Parmi les idées et les lettres. Parmi les paysages
Le Congo d’aujourd’hui et de demain, Bruxelles : La lecture au foyer, 1924.
Questions coloniales : discours, 10 juin, 23 juillet 1924. Bruxelles : Moniteur belge, 1924, 64 p.
La Candidature de Philippe d'Orléans à la souveraineté des Provinces Belgiques en 1789 et 1790, d'après des documents inédits,
LA BELGIQUE, Comte Henri Carton de Wiart, illustrations de JOB, Albert Dewit Editions, Bruxelles, 1928, 186p.
« Il faut faire la place qui lui est due à ce livre paru en 1910 ; dont le titre devait connaître une si curieuse fortune, La Cité ardente d'Henry Carton de Wiart. L'entreprise était périlleuse de mettre en roman chevaleresque l'épopée liégeoise des Six cents Franchimontois, dans un style qui ne craint pas de se harnacher à l'ancienne, à grand renfort d'archaïsme et d'héraldique. L'événement n'est pas seulement littéraire: un jeune chef de la droite majoritaire au parlement belge vient apporter sa pierre — peut-être en partie inconsciemment — à l'édifice de la nouvelle conscience wallonne. Car le livre eut un succès populaire. Et si la Wallonie doit à Albert Mockel d'avoir appris son nom et de l'avoir vu diffuser dans le monde, Liège doit à Henry Carton de Wiart le surnom dont elle sera saluée dans toute la France quatre ans plus tard, quand ses collines seront embrasées de combats. »
A.-M. Pagnoul, Inventaire des papiers Carton de Wiart, série Inventaires Archives générales du Royaume n°223, publication n°541, Archives générales du Royaume, Bruxelles, 1985.
Marie-Laurence Dubois et Annette Henrick, Inventaire des archives de la famille Carton de Wiart. 2e versement. 16e siècle-2004 (principalement 1890-1959), série Inventaires Archives générales du Royaume 632, publ. 5786, Archives générales du Royaume, Bruxelles, 2017, 92 p.
Hubert Carton de Wiart Sur la crête des Andes en automobile. 12000 kms à travers l'Amérique du Sud, de Buenos-Ayres à Caracas, sur son expédition en Amérique Latine, alors qu'il est premier secrétaire d'Ambassade à Paris, Paris, 1938, 213 pages (voyage réalisé en 1936, avec une préface de Paul van Zeeland) [15].
Notes et références
↑La seconde partie de son patronyme, de Wiart, fut ajoutée par un jugement rendu le 13 février 1881. Cependant, son père signait déjà Carton de Wiart sur son acte de naissance.
↑H. Carton de Wiart, « Papiers Carton de Wiart » [PDF], sur Archives de l'Etat, sans date (consulté le )
↑« Historique », sur www.oasis-asbl.be (consulté le )
↑Florence Reusens, « 100 ans de la loi du 15 mai 1912 sur la protection de l'enfance : les mesures à l'égard des parents », Journal des tribunaux, no 6479, , p. 390 (ISSN0021-812X, lire en ligne, consulté le )
↑Académie royale des sciences d'outre-mer (ARSOM), « Edmond Carton de Wiart » [PDF], sur Académie royale des sciences d'outre-mer (ARSOM) / Koninklijke Academie voor Overzeese Wetenschappen (KAOW), (consulté le )