Gilbert Marquis , né le 21 avril 1930 à Dangers en Eure-et-Loir et mort le 5 février 2015 à Paris , était un militant trotskyste du courant pabliste . Membre de l'Alliance marxiste révolutionnaire (AMR) puis du Parti socialiste unifié (PSU), il participa au soutien aux guerres anti-coloniales, notamment en aidant le Front de libération nationale (FLN) en Algérie , et continua son activité militante jusqu'au soir de sa vie.
Origines et adhésion à la IVe Internationale
Issu d'une famille populaire (« son père avait dû abandonner la forge familiale du village (Dangers ) en Beauce pour se faire embaucher chez l'entreprise de travaux publics Razel en Île-de-France »[ 1] ), il est vendeur de journaux à 11 ans, son frère travaillant sur les chantiers à 14[ 1] . Il ne peut donc faire d'études[ 1] . C'est aussi l'époque où il passe l'été dans les brigades de travail en Yougoslavie , pour la défense du Titisme contre Staline .
À 19 ans (en 1950), il s'inscrit au Parti communiste internationaliste (PCI), la branche française de la IVe Internationale , à la suite d'un séjour en Yougoslavie [ 1] où il participe aux brigades de travail pour la défense de la Yougoslavie, visant à soutenir le régime titiste contre Staline[ 2] , [ 1] . Parallèlement, il entre aux usines Chausson à Gennevilliers avant de devenir permanent syndical de la CGT à la Fédération des métaux de Seine-et-Oise [ 1] . Il travaille ensuite chez Nord-Aviation , dont la section communiste est dirigée par Georges Marchais [ 1] . Ces activités d'entrisme , soutenues par Pablo , échouent en 1958 : le Parti communiste français (PCF) l'exclut alors lors de la purge contre le bulletin d’opposition interne Tribune de discussion [ 1] , [ 3] . La revue voit la participation du philosophe Henri Lefèvre ainsi que du journaliste à L'Humanité Guy Leclerc[ 4] . Elle fusionna ensuite avec L'étincelle , animée notamment par Victor Leduc (également futur adhérent du PSU), l'historien Jean-Pierre Vernant et le docteur Cachin[ 4] .
Gilbert Marquis est alors suppléant de Pablo au Secrétariat international de la IVe Internationale et responsable de la revue Sous le drapeau du socialisme , organe de la TMRI[ 2] .
Sur le plan familial, il se marie avec Nicole, issue d'une famille communiste et résistante , et qui deviendra membre du Comité exécutif de la CFDT BNP -Paris avant d'en être écartée et de rentrer à la CGT[ 1] .
Les années 1960 et 1970 : l'AMR et la guerre d'Algérie
En 1962, la IVe Internationale se scinde à nouveau. Marquis suit Pablo plutôt que Pierre Frank , adhérant donc à l'Alliance marxiste révolutionnaire , branche française de la Tendance marxiste-révolutionnaire internationale (TMRI) [ 1] , [ 2] . Avec Michel Fiant , il y fera connaissance avec Mohammed Harbi et Hocine Zehouane , militants de l'aile gauche du FLN en Algérie [ 1] , [ 2] . Devenu historien, M. Harbi dira de lui qu'il avait fait preuve, avec M. Fiant, « d’un sens de l’organisation et de l’initiative inédit » en faveur du FLN [ 2] .
Outre ses activités en Algérie, Gilbert s'associe aux luttes de Makarios (qualifié par les États-Unis de « Castro de la Méditerranée ») à Chypre [ 1] , à la lutte contre la dictature des colonels en Grèce [ 1] , à celle de l'ANC contre l'apartheid [ 1] ou encore au FDLP en Palestine [ 1] . Il publie l'organe clandestin du FLN en France [ 1] , participe à l'évasion du cinéaste turc engagé Yılmaz Güney [ 1] , loge Stokely Carmichael , des Black Panthers , chez lui [ 1] , et soutient différents dissidents du bloc de l'Est , dont Piotr Abovine-Yeguidès et Tamara Deutscher [ 1] .
Participant à mai 68 , il s'engage dans la fusion de l'AMR - qui compte alors 250 membres - avec le Parti socialiste unifié (PSU) après le départ de Rocard [ 2] , vers 1973-74, Gilbert et Michel Fiant devenant membres de son bureau national [ 1] . Le groupe obtient plusieurs postes de responsabilité au sein du parti.
Les années 1980
Après l'échec de cette tentative, il continue, dans les années 1980 , à militer pour le rassemblement des forces anticapitalistes ailleurs qu'à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), en participant à la création successive des Comités communistes pour l'autogestion (CCA), de la Fédération pour une gauche alternative (FGA), des comités Juquin puis de l'Alternative rouge et verte (AREV) [ 2] . En 1984, Ahmed Ben Bella , exilé en France, l'appelle pour diriger la publication de revues d'opposition au régime algérien, qui seront toutes successivement interdites par Paris pour raisons diplomatiques [ 1] , [ 2] . Leur avocat, Ali Mécili , est assassiné à Paris, en 1987, par la Sécurité militaire algérienne [ 1] , [ 2] .
Depuis la chute du mur de Berlin
Après la chute du mur de Berlin , il décide de rejoindre la LCR afin de rassembler les forces [ 2] . En 1991, lors de la tentative de coup d'État contre Gorbatchev , il est à Moscou en compagnie de Maurice Najman (camarade de l'AMR) et de Markus Wolf [ 1] . Il fonde ensuite la revue Utopie critique , « une revue internationale pour l’autogestion », où collabore entre autres Tony Andréani , avant de soutenir Jean-Pierre Chevènement lors de l'élection présidentielle de 2002 , puis de se rapprocher du Front de gauche [ 1] , [ 2] . Sa dernière manifestation aura été celle du 11 janvier 2015 à la suite de l'attentat contre Charlie Hebdo et la prise d'otages de l'Hyper Cacher porte de Vincennes [ 1] .
Références
↑ a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x et y Serge Marquis, Gilbert Marquis, mon père… , Mediapart , 9 février 2015
↑ a b c d e f g h i j et k Mohammed Harbi , Gilbert Marquis , nécrologie du Monde , 11 février 2015
↑ Son fils donne comme date 1958 (cf. référence sus-citée); l'historien M. Harbi 1959 (cf. référence sus-citée)
↑ a et b Gilbert Marquis, Michel Fiant, un militant de l'autogestion socialiste , nécrologie sur sa revue Utopie critique , 2007
Voir aussi
Autres ex-militants de l'AMR
Bibliographie
Liens externes