Maurice a un frère cadet, Charles Najman, né le , qui militera avec lui dans les années 1970 et deviendra plus tard écrivain et cinéaste. Il réalisera notamment La Mémoire est-elle soluble dans l'eau ? (1996), un film qui met en scène les témoignages de sa mère Solange avec d'autres rescapés des camps de la mort.
À la rentrée 1967, étudiants et lycéens se mobilisent à l'appel de l'UNEF contre le Plan Fouchet et également les Ordonnances sur la Sécurité sociale[5]. Certains lycées parisiens sont en grève le , jour de l'appel de l'UNEF. Celle-ci précipita la formation du premier Comité d’action lycéen (CAL), lors d’un meeting de 100/120 lycéens au Lycée Jacques Decour, le . Maurice Najman y prit une part très active.
Des images des deux jeunes hommes sont reprises dans le film de Romain Goupil, Mourir à trente ans (1982). Maurice Najman fait la rencontre de Véronique Kantor, future femme de Coluche, qui milite au comité du Lycée Rodin, actif dans la réflexion sur la culture : il veut introduire la danse dans l’enseignement de la musique, car « l’expression corporelle […] a été jusqu’à présent une discipline totalement inconnue, et qui serait extrêmement bénéfique pour le développement et la personnalité de l’élève »[7].
Le 13 décembre 1967, alors que les élèves de plusieurs lycées parisiens avaient voté une grève contre la Réforme Fouchet des universités, le proviseur du lycée Rodin à Paris devient célèbre en déclarant que ce vote est sans valeur et qu'il ne le reconnait pas parce que, selon lui, les lycéens, en tant que mineurs, n'avaient pas la possibilité d'effectuer ce type de consultation[8],[9].
Mai 68
Peu après, le , Maurice Najman fait partie du groupe de militants qui, au nom du refus de la guerre du Vietnam, brise les vitrines de l'American Express[4].
Comme l'écrit un fondateur du Mouvement d'action universitaire (de mai 68), Jacques Bleibtreu, « Maurice était juif, incontournablement, résolument, définitivement juif, et athée sans le moindre trouble. Maurice était antisioniste, sans l'ombre de l'esquisse d'une complicité avec la secte infâme des négateurs »[10]. Avec ce dernier, il fonde en 1968 et 1969 un journal qu'ils ont baptisé “Barricades (journal)”, pour le compte du Comité d'action lycéen[11].
Très intéressé par les luttes internationales, Maurice Najman suit de près les expériences de « pouvoir ouvrier » menées au Chili pendant l’Unité Populaire, gouvernement de Salvador Allende[5]. Il y séjourne à l'été 1972 puis y consacra articles[13] et livres[14]. Il travaille à assembler textes – discours, résolutions politiques, analyses et articles de journaux qui donnent une idée précise des prises de positions et débats qui pendant trois ans ont agité les formations les plus à gauche à l’intérieur de la coalition gouvernementale, comme le P.S. ou le M.A.P.U., et celles qui de l’extérieur, comme le MIR, entendaient lui apporter un soutien conditionnel[15]. Il fait aussi un lien avec la Grèce, qui vit sous une dictature militaire instaurée le [14], d'autres militants de l'AMR, comme Joël Grynbaum, adoptant la même démarche. Il est au Portugal pendant la Révolution des œillets, rêve d'un socialisme autogéré en Algérie, visite les ouvriers de Lip et défend la candidature de leur leader Charles Piaget à l'élection présidentielle de 1974[4].
Fin 1973, à la suite d'une décision collective de l'AMR, Gilbert Marquis entame des négociations avec le PSU pour négocier leur fusion. Chez les jeunes, le projet est défendu par Nicolas Baby.
Survient alors la création d'un "Comité de liaison pour l’autogestion socialiste" (CLAS) qui regroupe Action, l'AMR, les Amis de la Terre, les GAM, les groupes Témoignage chrétien, Objectif Socialiste et le PSU.
Le lundi 1974, le CLAS réunit plus de 3 000 personnes à la Mutualité pour ses « Six heures pour l’Autogestion ». Deux des orateurs les plus remarqués sont Michel Rocard (PSU) et Maurice Najman (AMR)[16].
Le PSU refuse finalement de soutenir la candidature de Charles Piaget à l'Élection présidentielle, sous la pression de Michel Rocard et de ses amis qui cependant quitteront peu après le parti pour rejoindre, sans grande surprise, le PS où Michel Rocard fonde son courant.
Début 1975, Maurice Najman rejoint au contraire le Parti socialiste unifié (PSU) avec l'AMR[4], où il obtient un poste de responsable à la suite de la fusion des deux partis[12]. Il quitte ensuite le PSU pour participer à la fondation des Comités communistes pour l'autogestion (CCA) en 1977.
À l'élection présidentielle de 1981, il soutient la candidature de Coluche, dont il est un ami intime[19] de longue date[20], et était là le soir où l'idée de la candidature est arrivée[20]. Il est son ami via sa femme Véronique, qu'il a connue aux Comités d'action lycéens[21] dont celle-ci est membre[22],[23] en terminale au Lycée Rodin[24], rue Corvisart à Paris, dans le 13e arrondissement, avant d'aller étudier la psychologie à Censier et de devenir dès 1969 journaliste pigiste aux services culture du Figaro et du quotidien Combat pour qui elle fait un reportage sur le Café de la Gare, qui vient d'ouvrir avec Romain Bouteille et Coluche, avant d'y revenir, de danser avec ce dernier et d'être séduite[25]. Véronique continue à écrire pour Combat, notamment sur des sujets sociaux comme les immigrants portugais de la banlieue, les 21 et 22 février 1970[26].
Après 1981, Romain Goupil insistera alors pour que Maurice Najman joue dans ses films, afin d'apporter la caution d'une célébrité de Mai-68, mais ce dernier a catégoriquement refusé[27] et seules des images d'archives pourront être utilisées.
Un soir, Maurice Najman ramène à la maison de Coluche, rue Gazan[28], Félix Guattari, l'homme de l'antipsychiatrie, qui va ensuite réunir un groupe d'intellectuels pour un texte de soutien à l'humoriste. Félix Guattari prend ainsi l'initiative d'une pétition parue dans Les Nouvelles littéraires du 13 novembre 1980 puis dans Libération[19], journal où Maurice Najman signera des dizaines d'articles sur cette candidature, dès le mois d'octobre. Coluche jette l'éponge à la mi-mars et avant le il est en voyage en Guadeloupe avec Romain Goupil ; le 10 mai il passe au siège du PS rue de Solférino et est légèrement blessé par des loubards au moment où il rentre chez lui avec Maurice Najman. Le président Mitterrand envoie le lendemain à Coluche un de ses premiers mots manuscrits depuis l'Élysée, où il restera 14 ans[29].
Il continuera à militer dans les années 1990, travaillant notamment en liaison avec le DAL (Droit au logement)[6]. Fin 1994, il est l'un des premiers à squatter la rue du Dragon avec son ami Jean-Baptiste Eyraud, le président de Droit au logement. En 1996, il rejoint la gauche française partie au Mexique à la rencontre du « sous-commandant » Marcos.
Il meurt le 4 février 1999 des suites d'une hépatite C[31].
↑"Comment s’organisaient les bases du « pouvoir populaire »" par Maurice Najman, dans Le Monde diplomatique d'octobre 1973
↑ a et bLe Chili est proche : révolution et contre-révolutions dans le Chili de l’Unité populaire, Paris par Maurice Najman, François Maspéro, 1974. [4]
↑"Le Chili, du socialisme à la dictature"
par Claude-Catherine Kiejman , dans Le Monde diplomatique de juin 1974 [5]
↑Tribune Socialiste no 604 du 23 au 29 janvier 1974[6]
↑ a et bGrégory Bozonnet, La candidature de Coluche dans la presse, quand les mots dessinent l’identité des journaux. (mémoire de fin d'études), IEP de LyonUniversité Lumière Lyon-2, (lire en ligne)
↑ a et bFrank Tenaille, Coluche, même pas mort, Éditions 1, , p. 121
↑"Chez Coluche: Histoire d'un mec inoubliable" par Jean-Claude Lamy, Philippe Lorin Editions du Rocher, 2016
↑Markus Wolf, L'œil de Berlin : entretiens de Maurice Najman avec l'ex-patron des services secrets est-allemands, Paris, Balland, coll. « Essais Document », , 335 p. (ISBN978-2-7158-0944-4 et 2715809441)
↑https://maitron.fr/spip.php?article23804, notice NAJMAN Maurice [Pseudonymes : BRICART, NALLARD Michel] par Jean-Paul Salles, version mise en ligne le 5 décembre 2008, dernière modification le 12 juin 2018.