Des centaines de milliers de Yéménites manifestent le 12 janvier en réponse aux bombardements américains et britanniques sur leur pays[14].
Contexte
Avec le début de la guerre Israël-Hamas en 2023, le Conseil politique suprême, le gouvernement des régions du Yémen contrôlées par les Houthis[15], a déclaré son soutien aux Palestiniens et a commencé à lancer des attaques contre des navires commerciaux transitant par la mer Rouge, en particulier à Bab-el-Mandeb, le détroit étroit qui relie la mer Rouge au golfe d'Aden[16]. Au Yémen, ces actions en soutien à Gaza sont soutenues par une grande partie de la population[17].
Les Houthis annoncent qu'ils pourraient prendre pour cible "tous les navires de la mer Rouge à destination des ports israéliens, quelle que soit leur nationalité" et que les attaques se poursuivront jusqu'à ce que Gaza reçoive la nourriture et les médicaments dont elle a besoin. Plusieurs navires sont endommagés par des tirs ou capturés (notamment le Galaxy Leader), ce qui conduit quatre des plus grandes compagnies maritimes du monde à suspendre leurs voyages via le détroit de Bab-el-Mandeb[18]. Entre le 19 novembre et la mi-février, on dénombrait plus de 30 attaques contre des transporteurs[17]. Des navires sans liens visibles avec Israël ont aussi été attaqués[19] mais le mouvement n’a pas tenté d’imposer un blocus général en mer Rouge[20].
Le nombre de navires faisant escale au port israélien d’Eilat a chuté de 85 % entre le début des attaques en mer Rouge et janvier 2024, représentant un manque à gagner estimé à 3 milliards de dollars pour l'économie israélienne[20]. Selon le Kiel Institute for the World Economy (IfW Kiel), seuls 200 000 conteneurs transitent en février 2024 par la mer Rouge, contre 500 000 avant le début des attaques[17].
Le , les États-Unis et un groupe de pays ont lancé un dernier ultimatum aux Houthis pour qu'ils mettent fin à leurs activités qui portent atteinte à la liberté de navigation[23]. Dans les jours qui ont précédé les frappes, des membres du Congrès américain et du Pentagone ont exigé une réponse forte et dissuasive face aux Houthis[24]. Un jour avant les frappes aériennes, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution condamnant l'agression des Houthis en mer Rouge[25],[26],[27]. La veille, la marine militaire de la République islamique iranienne avait saisi le navire-citerne marchand américain St Nikolas[28].
Le 17 janvier, Washington déclare le mouvement houthis « terroriste »[11]. Cette désignation comme terroriste devrait compromettre l'acheminement de l'aide humanitaires dans les régions du Yémen contrôlées par les Houthis, soit environ le tiers de sa superficie où vivent les deux tiers de la population, et ainsi d’aggraver considérablement la crise humanitaire que subit le pays[20].
À 3 h 45, heure du Yémen (UTC+3), les États-Unis ont effectué unilatéralement une frappe supplémentaire sur un site radar près de Sanaa[31], qui, selon Al-Masirah, se trouvait sur la base aérienne d'Al-Dailami[32]. Le commandement central américain a déclaré que "l'action de suivi" avait été menée par le destroyer USS Carney utilisant des missiles Tomahawk[33].
14 janvier
L'armée américaine a déclaré qu'un de ses avions de combat avait intercepté un missile de croisière anti-navire Houthi lancé depuis Al-Hodeïda en direction de l'USS Laboon[34].
16 janvier
À 4 h 15, heure locale, les États-Unis ont mené de nouvelles frappes aériennes au Yémen, ciblant quatre missiles balistiques antinavires Houthis qui se préparaient à cibler des navires dans la région[35],[36].
17 janvier
Vers 23 h 59, heure locale, les États-Unis ont mené une série de frappes de missiles, lancées depuis des navires et des sous-marins, contre 14 missiles Houthis identifiés comme une menace immédiate pour la navigation dans la région[37],[38].
22 janvier
Les États-Unis et le Royaume-Uni lancent de nouvelles frappes aériennes sur l'infrastructure militaire des Houthis au Yémen, notamment un site de stockage souterrain, des missiles anti-navires et des radars. Le Royaume-Uni indique que quatre Typhoons de la RAF ont participé aux frappes aériennes[39].
3 février
Les États-Unis et le Royaume-Uni annoncent avoir bombardé des dizaines de cibles au Yémen. Les villes de Sanaa, Hajja, Dhamar, Al-Bayda, Taëz et Hodeida ont été visées par les bombardements[40].
10 février
Dix-sept rebelles houthistes sont tués dans des frappes américaines qui ont visé leurs positions au Yémen[41].
24 février
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni revendiquent des bombardements contre dix-huit cibles houthistes. Des journalistes de l’Agence France-Presse présents à Sanaa ont fait état de fortes explosions dans la capitale du Yémen[42].
20 Juillet
Après une attaque de drone iranien utilisé par les Houthis, Israël riposte avec probablement des F-35 en bombardant le Yémen[43].
4 octobre
Les États-Unis lancent des frappes aériennes contre des positions houthis, notamment dans la capitale Sanaa et dans la ville portuaire d'Al Hudaydah[44].
Réactions
États-Unis
Réactions du gouvernement
Les réactions au Congrès ont été mitigées, certains soutenant les frappes aériennes et d'autres condamnant Biden pour avoir utilisé la force militaire sans l'approbation du Congrès. Certains critiques ont affirmé que, conformément à l'article 1 de la Constitution, Biden devait demander l'autorisation du Congrès avant de lancer une action militaire, bien que la résolution sur les pouvoirs de guerre de 1973 autorise le président à entreprendre une action militaire unilatérale mais doit en informer le Congrès dans les 48 heures[45],[46].
Le président Joe Biden a déclaré : « L'action défensive d'aujourd'hui fait suite à cette vaste campagne diplomatique et aux attaques croissantes des rebelles houthis contre les navires commerciaux ». Il a en outre affirmé : « Je n'hésiterai pas à prendre des mesures supplémentaires pour protéger notre population et la libre circulation du commerce international si nécessaire »[47].
Le leader républicain du Sénat, Mitch McConnell, a salué cette action mais a déclaré que la décision du président était attendue depuis longtemps[48].
Réactions du public
Les manifestants organisés par Code Pink et la Coalition ANSWER(en) se sont rassemblés devant la Maison-Blanche plusieurs heures après les frappes, scandant « Laissez le Yémen vivre » et « Ne touchez pas au Yémen »[49].
À New York, des manifestants pro-palestiniens se sont rassemblés à Times Square, scandant « Ne touchez pas au Moyen-Orient », « Ne touchez pas au Yémen » et « Ne touchez pas à Gaza ».
Royaume-Uni
Le Premier ministre Rishi Sunak a déclaré que les frappes découlaient du principe de « légitime défense ». Il a également confirmé que le Royaume-Uni avait reçu une assistance et un soutien « non opérationnels » de la part des Pays-Bas, du Canada et de Bahreïn lors des frappes[50].
Le Royaume-Uni a noté que les premières indications suggèrent que la capacité des Houthis à menacer la navigation commerciale a « pris un coup ». Deux partis, les Libéraux-Démocrates et le Parti vert de l'Angleterre et du pays de Galles, ont critiqué le gouvernement pour avoir contourné le Parlement, tandis que le chef du Parti national écossais à la Chambre des communes, Stephen Flynn, a déclaré : « Il incombe au gouvernement du Royaume-Uni d'informer le Parlement le plus rapidement possible et les députés doivent donc être rappelés à Westminster »[51].
Houthis
Le vice-ministre des Affaires étrangères d'Ansar Allah, Hussein al-Izzi, a qualifié ces attaques d'« agression flagrante » et a déclaré que les États-Unis et le Royaume-Uni « paieraient un lourd tribut » dans une interview à Al-Masirah(en). De même, Ali al-Qahoum, un haut responsable houthi, a promis qu'il y aurait des représailles.
Mohammed Abdulsalam, porte-parole du groupe, a annoncé que les Houthis continueraient de cibler les navires israéliens ou tout navire se dirigeant vers « les ports de la Palestine occupée », affirmant que les États-Unis et le Royaume-Uni avaient tort de penser que les frappes « dissuaderaient le Yémen de soutenir la Palestine et Gaza ».
Le mouvement annonce considérer les navires américains et britanniques comme des cibles potentielles à la suite des bombardements[20].
Le ministère iranien des Affaires étrangères a condamné ces frappes comme une « violation flagrante de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Yémen » et une violation du droit international.
Turquie
Bien que membre de l'OTAN, la Turquie de l’AKP a dénoncé « l'utilisation disproportionnée de la force contre les rebelles houthistes », et déploré que « les États-Unis et le Royaume-Uni tentent de transformer la mer Rouge en mer de sang »[17].