De 1992 à 1994, l'Opération Mains propres révéla un système de corruption à grande échelle dans les partis politiques italiens, DC comprise. Pris dans la tourmente, le parti fut finalement dissous le , se dispersant alors dans un vaste nombre d'organisations politiques.
Histoire
Naissance et hégémonie politique (1942-1963)
Création du parti et Résistance (1942-1945)
Après la dissolution du Parti populaire italien (PPI) par le régime fasciste le , la plupart de ses cadres sont contraints de s'exiler ou de se retirer de la vie politique. Don Sturzo, parti à Londres, maintient néanmoins des contacts entre les démocrates-chrétiens à travers des organisations religieuses comme l'Action catholique ou la Fédération des universitaires catholiques italiens. En septembre 1942, d'anciens membres du PPI commencent à se réunir à Milan avec d'autres membres d'organisations religieuses en vue de la fondation d'un nouveau parti après la défaite du fascisme (qui commence alors à se profiler)[2]. La Démocratie chrétienne (DC), fondée le 15 décembre, reste dans la clandestinité jusqu'au : après la chute de Benito Mussolini, le parti se montre alors à visage découvert, avec l'accord officieux du gouvernement Badoglio.
Rôle dans la fondation du nouveau régime (1945-1948)
En avril 1946 se déroule à Rome le premier Congrès national de la Démocratie chrétienne. En plus de réaffirmer le rôle de meneur de De Gasperi, il permet d'organiser une consultation sur la position du parti en vue du référendum de juin sur le nouveau régime. Les militants s'expriment largement en faveur de la République : plus de 60 % des voix pour, contre 17,5 % pour la monarchie et 22,5 % pour une position neutre[5]. Le Congrès vote un ordre du jour favorable à la République, mais laisse une totale liberté de vote[5]. En effet, en juin, la République est proclamée avec plus de 54 % des suffrages, tandis que la Démocratie chrétienne remporte une large victoire à l'élection de l'Assemblée constituante : environ 35 % des voix, soit 15 points de plus que les socialistes et 17 de plus que les communistes.
L'unité nationale perdure cependant jusqu'en mai 1947, lorsque le contexte de la Guerre froide la fait éclater : à la suite de l'opposition de la gauche au Plan Marshall, De Gasperi exclut le PCI et le PSI du gouvernement en mai. Durant les mois suivants, plusieurs insurrections communistes font craindre une guerre civile, mais la désapprobation du secrétaire général du PCI, Palmiro Togliatti, ainsi que celle du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), permettent de maintenir l'ordre. En parallèle, tous les partis politiques continuent de collaborer à la rédaction de la nouvelle Constitution, promulguée le .
Conventio ad excludendum et domination solitaire (1948-1963)
Après l'installation de la République, l'Assemblée constituante est dissoute et de nouvelles élections ont lieu en avril. Elles voient s'opposer le Front démocratique populaire, formé du PCI et du PSI et soutenu par l'URSS, à la Démocratie chrétienne appuyée par les États-Unis et l'Église catholique. Au terme d'une campagne très dure, la liste menée par De Gasperi remporte un succès écrasant : 48 % des voix, contre 30 % pour celle de Togliatti. Commence alors une période de quinze ans de domination exclusive de la DC, appuyée par quelques petits partis (Parti libéral italien, Parti républicain italien et Parti social-démocrate italien notamment). Son poids dans la vie politique italienne et la crainte ambiante du communisme permettent au parti d'élaborer une conventio ad excludendum (littéralement « convention d'exclusion ») contre les partis considérés comme dangereux pour la démocratie : le PCI et le PSI avant tout, mais également le Mouvement social italien (MSI), parti néo-fasciste fondé en 1946 par d'anciens représentants de la République sociale italienne.
De Gasperi s'occupe alors d'ancrer solidement l'Italie dans le bloc de l'Ouest, adhérant à l'OTAN en 1949, et se fait l'un des promoteurs de la construction européenne : en 1951, l'Italie est l'un des six membres fondateurs de la CECA. En politique intérieure, le gouvernement s'attèle à la reconstruction en instaurant une économie mixte entre propriété publique et privée et en élaborant plusieurs lois sociales, conformément à la doctrine du christianisme social[6]. Après la chute de De Gasperi en 1953, la présidence du Conseil est occupée successivement par Giuseppe Pella, Amintore Fanfani et Mario Scelba, sans susciter de changements importants dans la ligne politique suivie : après avoir soutenu le projet (avorté) de Communauté européenne de défense, l'Italie fait partie, en 1957, des six signataires du Traité de Rome, instaurant la Communauté économique européenne. En parallèle, les élections générales continuent de révéler la force politique de la DC : 40 % des voix en 1953, 42 % en 1958. Cependant, le PCI progresse sans interruption, et les tentatives de former des gouvernements composés uniquement de démocrates-chrétiens provoquent l'insatisfaction des alliés du parti. À la fin des années 1950, de graves polémiques ont lieu lorsque le MSI sort de la conventio ad excludendum et devient essentiel pour la formation d'une majorité politique. L'aile gauche du parti menée par Aldo Moro commence alors à croître et propose une alliance avec le PSI, qui a entretemps rompu avec les communistes après l'insurrection hongroise de 1956. L'idée étant approuvée par le meneur socialiste Pietro Nenni, les parlementaires PSI commencent, à partir de 1960, à s'abstenir lors des votes de confiance, premier pas vers une collaboration réelle.
Ouverture à gauche (1963-1979)
Centre gauche et alliance avec le PSI (1963-1976)
Aux élections de 1963, la Démocratie chrétienne descend pour la première fois en dessous de la barre des 40 %, tandis que le Parti communiste continue de progresser. La DC décide d'opérer un virage assumé vers le PSI, formant un gouvernement de centre gauche comprenant cinq ministres socialistes. Le spectre d'un coup d'État militaire, le Plan Solo, approuvé par le président de la RépubliqueAntonio Segni, pousse le gouvernement à poursuivre l'alliance malgré de dures tensions au sein de la majorité. Le parti apparaît alors fortement fractionné entre une aile gauche favorable à l'ouverture et une aile droite conservatrice, les deux ne parvenant pas à s'unir autour d'une candidature unique lors de l'élection présidentielle de 1964 et permettant ainsi la victoire du socialiste-démocrate Giuseppe Saragat. Les gouvernements Moro de centre gauche s'engagent entretemps dans une politique réformiste, nationalisant notamment les industries électriques et créant ainsi l'ENI. La majorité est instable, mais les élections de 1968 marquent un succès des démocrates-chrétiens qui remportent 39 % des suffrages. Malgré cela, les divisions au sein du Parti socialiste favorisent la fragilité des gouvernements successifs. En raison de tensions internes au sein de la DC, Moro prend du recul après les élections au profit de Giovanni Leone, Mariano Rumor et Giulio Andreotti, politiciens pragmatiques situés au centre voire au centre droit mais susceptibles de s'allier avec le PSI pour former une majorité.
Dans le même temps, l'Italie entre dans la période des années de plomb, qui voit se multiplier les attentats et les coups de force de la part de groupes armées d'extrême-gauche et d'extrême-droite. Face à cette situation dangereuse, la Démocratie chrétienne se présente comme la garante de la République et de la Constitution, parvenant ainsi à contenir la montée à droite du MSI. Cependant, les fréquentes ruptures entre démocrates-chrétiens et socialistes et les divisions au sein même du parti donnent lieu à une forte instabilité, et en 1972, pour la première fois depuis la fin de la guerre, le Parlement est dissous en raison de l'impossibilité de former un gouvernement. Malgré des scores électoraux stables, les difficultés de la DC continuent et s'accroissent même : en 1973, la crise économique éclate, et l'année suivante, le parti connaît une lourde défaite à l'occasion du référendum portant sur l'abrogation de la loi sur le divorce.
Compromis historique et ouverture manquée vers le PCI (1976-1979)
En 1976, de nouvelles élections anticipées ont lieu pour tenter de dégager une majorité parlementaire stable. Elles voient la Démocratie chrétienne se maintenir à 38 % des voix, grâce notamment à une campagne basée sur l'anticommunisme. En effet, le PCI, en forte ascension, atteint là son maximum historique avec plus de 34 % des suffrages, menaçant la suprématie politique des démocrates-chrétiens vieille de trente ans. Face à la crise économique, politique et sociale, la DC, sous l'impulsion de Moro et avec l'accord du secrétaire général du PCI Enrico Berlinguer, donne alors vie à la politique dite du compromis historique : les communistes, après trois décennies d'exclusion, rentrent de nouveau dans la majorité. Cependant, Giulio Andreotti, président du Conseil, refuse de faire appel à des ministres communistes : le soutien reste exclusivement externe, sans entrée au sein du gouvernement. Mais le , alors que se prépare le vote de confiance au gouvernement Andreotti IV, Aldo Moro est enlevé à Rome par un commando des Brigades rouges, organisation terroriste d'extrême-gauche. Le 9 mai, il est finalement exécuté après l'échec de toutes les négociations. Les circonstances de sa mort et l'implication des États-Unis et de l'URSS ne sont pas encore éclaircies de nos jours. Cet assassinat marque en tout cas la fin de la tentative de rapprochement entre les deux plus grands partis italiens : de nouvelles élections anticipées ont lieu en 1979, qui voient la DC rester à un niveau stable tandis que le PCI subit une brusque chute de 4 points.
Scandales judiciaires et déclin (1979-1994)
Scandale P2 et les premières difficultés (1979-1987)
Après la fin de la période de solidarité nationale, le PCI retourne à l'isolement et la DC, pendant toute la décennie 1980, gouverne dans le cadre de la large coalition du pentapartito (« pentaparti »), avec les socialistes, les socialistes-démocrates, les républicains et les libéraux. Les démocrates-chrétiens se repositionnent sur des positions plus centristes, incarnées par Arnaldo Forlani, aidés en ce sens par l'évolution du PSI, guidé par Bettino Craxi, vers la social-démocratie. Mais en 1981, le référendum portant sur l'abrogation de la loi sur l'avortement voit le parti subir une lourde défaite. La même année éclate le scandale de la loge P2, révélant de vastes ramifications entre les classes dirigeantes italiennes (hommes politiques, homme d'affaires, administration juridique...), le grand quotidien italien Corriere della Sera, et certains attentats comme celui perpétré à la gare de Bologne en août 1980. Plusieurs personnages importants du parti, comme Franco Foschi ou Rolando Picchioni, sont impliqués. Forlani, président du Conseil, démissionne alors, et pour la première fois depuis 1945, le gouvernement n'est pas dirigé par un démocrate-chrétien, mais en l'occurrence par le républicain Giovanni Spadolini. Aux élections générales de 1983, la Démocratie chrétienne chute à moins de 33 % des voix, et l'écart avec le Parti communiste atteint son niveau le plus bas (trois points seulement).
Ce double échec favorise le retour de l'aile gauche du parti, menée par Ciriaco De Mita et soutenue également par Andreotti ou Fanfani, contre l'aile conservatrice de Forlani. Néanmoins, la crise de la Démocratie chrétienne l'induit à laisser une nouvelle fois la présidence du Conseil à un autre parti, cette fois-ci le PSI de Craxi, chef du gouvernement de 1983 à 1987. Aux élections européennes de 1984, pour la première et seule fois, le PCI parvient à surpasser les démocrates-chrétiens, même si de moins d'un point seulement. L'effacement provisoire de la DC entraîne malgré tout une relative amélioration de ses scores à l'occasion des élections locales. Dans le même temps, la scène politique italienne apparaît de plus en plus dispersée, puisque le PCI entre lui aussi dans une crise électorale, tandis que le PSI et le MSI se renforcent, tout en restant loin des deux grands partis traditionnels.
Difficultés électorales et Opération Mains propres : de la désagrégation à la disparition du parti (1987-1994)
En effet, en 1987, les démocrates-chrétiens ne dépassent pas 35 % des voix, tandis que les communistes chutent à 27 % et que les socialistes remontent à 14 %. Le système politique italien apparaît de plus en plus vieilli : la peur du communisme a empêché toute alternance et laissé la Démocratie chrétienne au pouvoir depuis quarante ans. Les tensions croissantes au sein de la majorité entre DC et PSI renforcent de plus cette hégémonie : la Xe Législature, de 1987 à 1992, est la première à voir se succéder des gouvernements uniquement dirigés par des démocrates-chrétiens depuis la VIIe, de 1976 à 1979. À partir de 1989, cependant, De Mita, favorable à un antagonisme avec Craxi, est évincé du pouvoir. Il est remplacé par Andreotti et Forlani, qui instituent avec le meneur socialiste l'alliance dite de la CAF, d'après les initiales des trois hommes. Mais dans le même temps, avec la chute du bloc de l'Est, le cadre politique italien tel qu'il était défini depuis la guerre se trouve de plus en plus vidé de sens[7] : en 1991, le Parti communiste italien est dissous. Durant ces années charnières, la DC s'occupe également d'introduire l'Italie dans l'Espace Schengen et l'Union européenne née avec le Traité de Maastricht, privatisant un grand nombre d'entreprises et ouvrant plusieurs secteurs à la concurrence, y compris étrangère[8].
Lors des élections générales de 1992, la Démocratie chrétienne descend pour la première fois en dessous des 30 %, mise en difficulté par la montée des autonomistes de la Ligue du Nord. Peu après la formation d'un gouvernement dirigé par le socialiste Giuliano Amato explose de plus le scandale de l'Opération Mains propres : un vaste réseau de corruption et de financement illicite des partis politiques, DC comprise, est dévoilé. La crise politique est telle qu'en avril 1993, après la démission d'Amato, le gouvernement est pour la première fois dirigé par un technicien, Carlo Azeglio Ciampi, et non par un parlementaire. Plusieurs enquêtes, notamment celles des juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, jettent également le doute sur la nature des liens entre plusieurs figures du parti (parmi lesquelles Giulio Andreotti) et la mafia[9]. La Démocratie chrétienne, laminée dans toutes les élections intermédiaires[10], entame alors un processus de transformation. Plusieurs courants du parti font scission : à gauche, le Mouvement socialistes chrétiens d'Ermanno Gorrieri[11] ; à droite, le Centre chrétien-démocrate de Pier Ferdinando Casini. Le , la majorité centriste fonde elle le Parti populaire italien (PPI)[12], qui reprend le nom de l'organisation de Don Sturzo, et connaît ensuite une autre scission en juillet 1995. Le , la Démocratie chrétienne s'auto-dissout officiellement[13]. Elle laisse derrière elle 206 députés, 107 sénateurs, 26 députés européens et environ 800 000 militants, qui se divisent alors entre les différentes formations candidates à sa succession. Ainsi, lors des élections générales italiennes de 1996, on compte 366 anciens démocrates-chrétiens candidats dans les 705 collèges uninominaux (186 sous les couleurs du Pôle pour les libertés, 180 avec L'Olivier), en particulier en Lombardie (56 candidats) et en Sicile (55)[14].
Cependant, un arrêt de la Cour de cassation en 2010 invalide la dissolution, puisqu'elle n'a pas été prononcée en Congrès national[15]. En conséquence, le 30 mars 2012, le dernier Conseil national en charge en 1993se réunit à Rome pour élire un président, Silvio Lega, et un secrétaire politique, Gianni Fontana.
Héritage politique de la DC
L'effondrement de l'édifice démocrate-chrétien donna lieu à une véritable diaspora de ses membres et électeurs entre les nouveaux acteurs du jeu politique italien : Parti démocrate de gauche (PDS), héritier réformiste du Parti communiste italien, et Forza Italia (FI), nouvelle force de centre-droit créée par Silvio Berlusconi. Le Mouvement socialistes chrétiens, après s'être allié au PDS lors des élections générales de 1994 et de 1996, fusionna avec lui et de nombreux partis de centre-gauche en 1998 pour fonder les Démocrates de gauche (DS). En 2007, il conflua également dans le nouveau Parti démocrate (PD). L'aile gauche de la Démocratie chrétienne exerça et exerce encore de nos jours une influence majeure sur le centre-gauche italien, avec comme représentants les plus célèbres les présidents du ConseilRomano Prodi et Matteo Renzi.
La politique économique de la Démocratie chrétienne fut inspirée par le Code de Camaldoli[16], un programme élaboré en 1943 avant la chute de Mussolini au monastère du même nom. Le document, inspiré notamment par Thomas d'Aquin et Léon XIII, affirmait le rôle protecteur de l'État, garant du bien matériel commun et de l'élévation du niveau de vie des classes inférieures, tout en respectant les principes de la propriété privée des moyens de production, du libre-échange et de l'enrichissement par le travail. L'activité économique y était définie comme le moteur de la solidarité et de la charité humaines, conformément au christianisme social.
Le Code eut des répercussions importantes sur la politique économique menée par les gouvernements démocrates-chrétiens, surtout lors des deux décennies après la guerre : intégration au Marché commun européen ; politique de logement volontariste (la Loi Fanfani) ; financement de l'investissement dans le Sud (la Caisse du Mezzogiorno) ; réforme agraire ; création d'entreprises publiques (comme l'ENI).
Politique étrangère
Lors des premières années du parti, menée par De Gasperi, la Démocratie chrétienne fut fortement atlantiste[17], adhérant à l'OTAN dès sa création malgré l'opposition d'une frange religieuse du parti opposée à la signature de traités militaires, guidée par Giuseppe Dossetti. De Gasperi fut également un des promoteurs de la construction européenne, ce qui lui valut a posteriori le titre honorifique de Père de l'Europe.
Par la suite, Amintore Fanfani, ministre des Affaires érangères à trois reprises, poursuivit la politique atlantiste, europhile et anticolonialiste de son prédécesseur, mais avec une autonomie majeure vis-à-vis des États-Unis en cas d'intérêts divergents. On parla alors de néo-atlantisme[18] : l'Italie devait développer un dialogue avec le Tiers monde et le Moyen-Orient en plus d'appuyer les États-Unis face au bloc de l'Est, avec des accords politiques, économiques et culturels. La signature d'accords sur le pétrole avec l'Iran sur l'initiative du président de l'ENI, Enrico Mattei, en fut une manifestation. Cependant, les divisions que générèrent cette politique au sein même du parti, l'absence de fonds suffisants et une certaine surestimation de la position internationale de l'Italie rendirent difficile une mise en application efficace du néo-atlantisme de Fanfani[19].
Politique institutionnelle
La Démocratie chrétienne fut une partisane du régionalisme, selon le principe de subsidiarité évoqué par le pape Pie XI dans l'encyclique Quadragesimo anno. De Gasperi, avant même la fin de la guerre, affirma à plusieurs reprises sa volonté de fonder un État italien formé de régions et donnant une large place aux entités locales.
Lors du Congrès national de Rome d'avril 1946, Guido Gonella précisa sa pensée en déclarant que le centralisme avait été l'arme du despotisme et la cause de l'hostilité d'une partie de l'opinion envers l'État[20]. Il déclara que pour le dépasser, une décentralisation administrative ne suffisait pas, mais qu'il fallait construire un État institutionnellement décentralisé, en donnant le maximum d'autonomie aux communes et aux régions, en accord avec la tradition historique de l'Italie. Le régionalisme aurait ainsi permis d'augmenter la participation de la population aux affaires publiques, de mettre fin aux tendances séparatistes et de neutraliser tout danger totalitaire.
Courants au sein de la DC
Ayant pour but de rassembler les catholiques et les chrétiens en général dans un seul parti politique afin de lutter contre le communisme et de promouvoir les valeurs du christianisme social, la Démocratie chrétienne fut parcourue de nombreux courants tout au long de son existence, allant du centre-gauche à la droite[21]. Ils influencèrent énormément les orientations du parti et furent à l'origine de la dispersion de ses membres après 1994.
Les « dossettiani », aussi appelés Chroniques sociales : Courant social fondé par la revue homonyme et qui dura de l'été 1946 à l'été 1951, lorsqu'il fusionna avec Initiative démocratique. Le meneur de la tendance était Giuseppe Dossetti, qui laissa plus tard la vie politique pour se faire moine. Elle rassemblait beaucoup de membres de l'Assemblée constituante, comme Amintore Fanfani et Giorgio La Pira, et des intellectuels catholiques, comme Giuseppe Lazzati et Achille Ardigò. Les membres du courant étaient aussi appelés les professorini, car beaucoup de ses militants étaient des universitaires, surtout à l'université Catholique de Milan.
Les « vespisti », aussi appelés Vespa : Tendance formée par d'anciens membres modérés du PPI. Son meneur était Carmine De Martino, et elle avait comme membres des proches des grands propriétaires agraires du Sud et de la Confindustria, comme Stefano Jacini. Leur nom était dû au lieu de fondation du courant, le Vespa Club de Rome.
Années 1950 : Fanfani et Initiative démocratique
Initiative démocratique : Ce fut le premier courant réellement structuré du parti, fondé le par la revue homonyme après l'adieu à la politique de Dossetti. Elle regroupa non seulement d'anciens dossettiani comme Fanfani, Moro et Rumor, mais aussi des degasperiani comme Taviani et Scalfaro. La tendance constitua l'instrument de l'affirmation d'une nouvelle génération de démocrates-chrétiens après le retrait de De Gasperi. Son meneur, Amintore Fanfani, fut élu secrétaire général au Congrès national de 1954, soutenu par le chef historique de la Démocratie chrétienne.
La Base : Courant de gauche au sein du parti, fondé en 1952 par d'anciens dossettiani ayant quitté Initiative démocratique. Beaucoup de ses membres étaient liés au monde des affaires, comme Ezio Vanoni, Giorgio Bo et Giovanni Marcora. La tendance fut soutenue par Enrico Mattei, président de l'ENI, et ensuite par son successeur Eugenio Cefis. La Base comprenait également des partisans de la gauche florentine de Nicola Pistelli et de la gauche vénitienne de Vladimiro Dorigo.
Centrisme populaire (également connu sous le nom de Forces libres en 1969) : Autre courant émanant de la droite du parti, il se revendiquait comme héritier des degasperiani. Le meneur de la tendance fut Mario Scelba, avec comme membres notamment Franco Restivo, Oscar Luigi Scalfaro et Giovanni Elkan.
Les « pontieri », aussi appelés « ponte » ou « tavianei » : Courant qui se détacha des dorotei en 1967. La tendance était menée par Paolo Emilio Taviani, et comptait également comme membres Remo Gaspari et Adolfo Sarti. Ses membres retournèrent avec les dorotei à l'occasion du Congrès national de 1973.
Implication démocratique : Autre courant des dorotei qui s'unit avec la branche du parti dirigée par Giulio Andreotti. En faisaient également partie Emilio Colombo, Franco Evangelisti et Salvo Lima. Elle fusionna avec Initiative populaire dans les années 1970.
Area Zac : Groupe de différents courants de gauche, né dans la seconde moitié des années 1970. Il était dirigé par Benigno Zaccagnini et compta parmi ses membres les morotei, La Base et les adhérents de Forces nouvelles proches de Guido Bodrato.
Préambule : Groupe de courants modérés né lors du Congrès national de 1980. Il était guidé par Flaminio Piccoli et compta parmi ses membres les dorotei proches de lui et d'Antonio Bisaglia, les Nouvelles chroniques dirigées par Fanfani et les adhérents de Forces nouvelles proches de Donat-Cattin.
La Démocratie chrétienne, durant ses 52 ans d'existence, fut l'un des partis politiques les plus puissants en Europe et dans le monde. En effet, elle remporta toutes les élections nationales auxquels elle participa à l'exception des Européennes 1984, sans parvenir néanmoins à obtenir jamais la majorité absolue (performance quasi impossible à réaliser avec un système proportionnel). De plus, elle fit systématiquement partie de la majorité parlementaire et représenta le point de référence de toute la vie politique italienne : elle participa en effet à tous les gouvernements républicains jusqu'en 1994, et en dirigea 43 sur 49.
La DC atteint son plus haut niveau en 1948, lorsque, portée par la peur du communisme, elle obtint 48 % des voix. Par la suite, les scores du parti restèrent stables jusqu'en 1979, ne descendant jamais en dessous de 38 % aux élections générales. Ils connurent ensuite une chute lors des années 1980, en raison de l'usure du pouvoir, des affaires judiciaires qui éclaboussèrent les partis politiques et les hautes sphères de la société italienne, de l'émergence de la Ligue du Nord, ou encore de l'écroulement du bloc de l'Est qui mit fin à la peur du communisme et donc au vote préventif démocrate-chrétien[22]. En 1992, lors des dernières élections avant sa dissolution, la Démocratie chrétienne chuta pour la première fois en dessous de la barre des 30 %.
↑(it) Paolo Emilio Taviani, « PERCHE' IL CODICE DI CAMALDOLI FU UNA SVOLTA ? », Civitas, Rivista di Studi Politici, Anno XXXIX, no 4, (lire en ligne).
↑(it) Jean-Pierre Darnis, « Continuità e cambiamento dalla DC a Berlusconi », AffarInternazionali, (ISSN2280-9228, lire en ligne).
↑(it) Agostino Giovagnoli et Luciano Tosi, Amintore Fanfani e la politica estera italiana : atti del convegno di studi tenuto a Roma il 3 e 4 febbraio 2009, Vicence, Marsilio, , 527 p. (ISBN978-88-317-9839-6 et 88-317-9839-1).
↑(it) Giovanni Belardelli, « «Neoatlantismo»: il sogno di Fanfani a doppia marcia », Corriere della Sera, , p. 45 (lire en ligne).
Agostino Giovagnoli, Il partito italiano: la Democrazia Cristiana dal 1942 al 1994, Bari, Laterza, 1996
Giovanni Sale, De Gasperi gli USA e il Vaticano - All'inizio della guerra fredda, Milan, Jaca Book, 2005
Gabriella Fanello Marcucci, Il primo governo De Gasperi - (dicembre 1945-giugno 1946) - Sei mesi decisivi per la democrazia in Italia, Soveria Manelli, Rubbettino, 2005
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Grand Prix d'Italie 2008 Autodromo Nazionale di Monza Données de course Nombre de tours 53 Longueur du circuit 5.793 km Distance de course 306.720 km Conditions de course Nom officiel Formula 1 Gran Premio Santander D'Italia 2008 Date 12 au 14 septembre 2008 Météo Forte pluie, puis temps sec en fin de course Résultats Vainqueur Sebastian Vettel,Toro Rosso-Ferrari,1 h 26 min 47 s 494 (vitesse moyenne : 212,039 km/h) Pole position Seb...
Volume of air displaced between normal inhalation and exhalation This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Tidal volume – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (October 2009) (Learn how and when to remove this message) TLCTotal lung capacity: the volume in the lungs at maximal inflation, the sum ...
Elezioni amministrative a San Marino del 2014Stato San Marino Data30 novembre 9 Giunte di Castello 2009 2020 Le elezioni amministrative sammarinesi del 2014 si svolsero il 30 novembre per l'elezione della Giunta di Castello e del Capitano di Castello in tutti e nove castelli di San Marino. I Capitani di Castello durante il giuramento al Palazzo Pubblico nel 2014. Indice 1 Elezioni del 30 novembre 2014 1.1 Città di San Marino 1.2 Acquaviva 1.3 Borgo Maggiore 1.4 Chiesanuova 1.5 Domagnan...
Village and archaeological site in Middle Egypt For other uses, see Bani Hasan (disambiguation). Beni HasanThe tombs of Khety and Baqet IIIShown within Northeast AfricaShow map of Northeast AfricaBeni Hasan (Egypt)Show map of EgyptCoordinates27°56′N 30°53′E / 27.933°N 30.883°E / 27.933; 30.883TypeTombs Beni Hasan (also written as Bani Hasan, or also Beni-Hassan) (Arabic: بني حسن) is an ancient Egyptian cemetery. It is located approximately 20 kilometers (...
The value that a financial entity owes Part of a series onAccounting Historical costConstant purchasing powerManagementTax Major typesAuditBudgetCostForensicFinancialFundGovernmentalManagementSocialTax Key conceptsAccounting periodAccrualConstant purchasing powerEconomic entityFair valueGoing concernHistorical costMatching principleMaterialityRevenue recognitionUnit of account Selected accountsAssetsCashCost of goods soldDepreciation / Amortization (business)EquityExpensesGoodwillLia...
American sculptor Pony Express Mail Carrier, 1860–1861, Lee's sculpture at the William Jefferson Clinton Federal Building in Washington, D.C., was commissioned by the Section of Painting and Sculpture in 1937.[1] Arthur Lee (May 4, 1881 – 1961) was an American sculptor, born in Trondheim, Norway. His family immigrated to the United States in 1888, settling in St. Paul, Minnesota.[2] He studied at the Art Students League in New York City before returning to Europe to study ...
Peugeot 205 Turbo 16Una Peugeot 205 Turbo 16 in versione stradaleDescrizione generaleCostruttore Peugeot Sport Tipo principaleBerlinetta Produzionedal 1983 al 1984 Sostituita daPeugeot 405 Turbo 16 Esemplari prodotti200[senza fonte] Altre caratteristicheDimensioni e massaLunghezza3820 mm Larghezza1700 mm Altezza1354 mm Passo2540 mm Massa1145 (in ordine di marcia) kg AltroStileAndré de Cortanze Altre erediPeugeot 208 T16 Pikes Peak Stessa famigl...
Peter Monteverdi Peter Monteverdi (Binningen, 7 giugno 1934 – Binningen, 4 luglio 1998) è stato un imprenditore e pilota automobilistico svizzero, fondatore dell'omonima casa automobilistica. Indice 1 Biografia 2 Note 3 Altri progetti 4 Collegamenti esterni Biografia Figlio di un meccanico, Peter Monteverdi nel 1956 subentrò al padre, deceduto, nella gestione della sua officina, alla quale affiancò la progettazione e la costruzione di automobili da corsa (inizialmente go-kart per la Form...