Cette tournée exclusivement nord-américaine se caractérise par un dispositif scénique complexe. Les décors, conçus par Bowie et Chris Langhart, représentent un paysage urbain post-apocalyptique, la « Hunger City » mentionnée dans les paroles de la chanson Diamond Dogs. Ils sont dominés par deux immenses gratte-ciels reliés par une passerelle amovible. Inspirés du cinéma expressionniste, et notamment du Cabinet du docteur Caligari que Bowie vient de découvrir, ils coûtent 250 000 $, du jamais vu pour l'époque[1]. Leur mise en place chaque soir nécessite plusieurs heures de travail pour les machinistes. C'est en raison de ces coûts logistiques et financiers que les promoteurs du Royaume-Uni déclinent l'organisation d'un segment britannique[2].
La plupart du temps, les musiciens se produisent derrière des draperies noires pour ne pas détourner l'attention du public, et seuls les choristes Gui Andrisano et Warren Peace apparaissent aux côtés de Bowie pour effectuer des chorégraphies conçues par Toni Basil. Le dispositif scénique contraint également les musiciens à ne pas se lancer dans de longues improvisations sous peine de causer des problèmes dans l'enchaînement des morceaux et des accessoires qui vont avec. Pour le biographe de Bowie Nicholas Pegg, la tournée est « plus proche d'une comédie musicale que d'un concert de rock normal[3] ».
Musicalement, Bowie s'éloigne du glam rock énergique grâce auquel il s'est fait un nom dans son pays natal au cours des deux années précédentes. Avec l'ajout de saxophones, de flûtes et d'un hautbois, ses chansons sont réinventées dans de nouveaux arrangements écrits par Michael Kamen, à mi-chemin entre le funk et la soul, passions du moment de Bowie, et le son d'un big band digne d'un cabaret de Las Vegas[4],[5].
Sur scène, le chanteur abandonne le look androgyne et extra-terrestre de Ziggy Stardust. S'il a toujours les cheveux teints, en orange dorénavant, il est vêtu d'un élégant costume deux-pièces et fait preuve d'une réserve totale vis-à-vis du public, dont il semble ignorer l'existence[6]. Pâle et émacié, il commence à subir les effets de sa forte consommation de cocaïne. Ses relations avec son entourage s'en ressentent : il devient paranoïaque et sujet à de violents changements d'humeur[7]. L'ambiance se dégrade lorsque les accompagnateurs de Bowie, déjà mécontents d'être invisibles sur scène et de loger dans des hôtels bon marché, apprennent que les concerts de juillet à Philadelphie doivent être enregistrés en vue d'un album live. Le bassiste Herbie Flowers lance un ultimatum à Bowie et son imprésario Tony Defries et obtient que les salaires des musiciens soient revus à la hausse pour ces prestations[7]. Elles donnent lieu à l'album David Live, mixé en hâte par Tony Visconti pour une parution au mois d'octobre. Un autre concert, celui du 5 septembre à Los Angeles, est publié en 2017 sous le titre Cracked Actor (Live Los Angeles '74).
Les dernières dates de la tournée, à partir du 5 octobre, sont très différentes des précédentes, au point d'être parfois considérées comme une tournée distincte, le « Philly Dogs Tour » ou « Soul Tour ». Ayant renouvelé son groupe et abandonné les décors de Hunger City, Bowie offre désormais à son public des concerts plus fortement mâtinés de soul, avec quelques chansons inédites prévues pour son prochain album, Young Americans[8].
Selon Nicholas Pegg, il est délicat de retracer le déroulement précis de la tournée Diamond Dogs, plusieurs concerts ayant été annulés ou décalés sans laisser de traces écrites claires[9].
Avec l'abandon progressif du décor, d'autres chansons font leur apparition, comme Knock on Wood (reprise d'Eddie Floyd) ou Here Today, Gone Tomorrow (reprise des Ohio Players).