Jean-David Harmand est né le 30 novembre 1750 à Richemont, un village de la généralité de Metz[1]. Selon plusieurs journalistes du XIXe siècle, il aurait été trouvé dans une remise du château de Pépinville et, par conséquent, baptisé sous le nom de « Jean de la Remise »[2],[3].
Recueilli par un pêcheur, il quitte sa famille d'adoption à l'âge de onze ans pour travailler pour un roulier puis meunier protestant nommé Longuet, qu'il suit jusqu'en Angoumois. À 14 ans, donc vers 1764-1765, il se fait enrôler dans l'armée sous le nom d'Harmand, qu'il prend en hommage à son père nourricier[3].
En 1791, Harmand reprend du service en tant que porte-drapeau d'un bataillon de volontaires de la Charente. Le 14 septembre 1793, lors d'un affrontement avec des cavaliers autrichiens près des forges de Dillingen (Sarre), il est blessé de 34[4] coups de sabre, dont sept à la tête, ce qui nécessite une trépanation puis la pose d'une plaque d'argent sur son crâne. Marié en 1794, il gagne sa vie comme conducteur de convois militaires puis, pendant plusieurs années, comme garde forestier. Par la suite, il devient marchand de poteries puis berger. En 1815, à l'occasion des Cent-Jours, il reprend brièvement du service en tant que pensionné et sert ainsi d’estafette au général Hugo[3].
Devenu chiffonnier à Metz au début des années 1820, Harmand quitte en 1835 son taudis de la rue de l'Abreuvoir et prend la route de la capitale pour y poser comme modèle[2]. Il est notamment engagé par Ary Scheffer, qui donne ses traits au Roi de Thulé et au Larmoyeur. Il pose également pour Robert-Fleury (Michel-Ange soignant son domestique malade)[3], Charlet (grognards), Claudius Jacquand (moines)[5] et le comte de Jaubert[6].
En 1851, Harmand est admis à l'hôtel des Invalides, mais il n'y reste pas longtemps[3]. Son départ serait dû à son refus de couper ses longs cheveux recouvrant la plaque d'argent posée en 1793[7],[8]. Au cours de ses dernières années, pendant lesquelles il habite à La Chapelle-Saint-Denis, il complète sa maigre pension de 165 francs[9] en fabriquant des appuie-main pour les peintres. Le 19 novembre 1859, alors que le vieillard est sur le point d'entrer dans sa 110e année, L'Illustration publie son portrait et annonce l'ouverture d'une souscription en faveur du « doyen de Paris et dernier soldat de Louis XV »[1]. Harmand meurt un mois plus tard, le jour de Noël 1859, au no 12 de la rue du Vieux-Chemin, dans la commune de Montmartre (annexée à Paris l'année suivante)[10]. Il est inhumé deux jours plus tard dans une fosse commune du cimetière parisien de Saint-Ouen[11].
↑ abcd et eArticle de la Revue de Lorraine reproduit dans le feuilleton de la Gazette de Metz du 23 juillet 1835, p. 1-2 (consultable en ligne sur Gallica)
↑ abcdef et gJules de Neuville, « Cent neuf ans, » Le Moniteur de la toilette, [novembre ou décembre] 1859, reproduit dans le feuilleton du Journal de Seine-et-Marne du 14 janvier 1860, p. 1-2 (consultable en ligne sur Gallica).
↑Au cours de sa carrière militaire, Harmand a reçu 42 blessures (Le Constitutionnel, 29 novembre 1857, p. 3).
↑285 francs en comptant le secours annuel attribué à partir de 1858 (A. de Chateaurouge, « Chronique parisienne », Le Courrier du dimanche, 4 décembre 1859, p. 4).
↑Archives de Paris, état civil reconstitué, actes de décès du 25 décembre 1859 (vue 21 sur 51).
↑Archives de Paris, répertoires journaliers des inhumations, Saint-Ouen, 27 décembre 1859 (vue 27 sur 28).