En 1986, il co-signe, avec d’autres biologistes, dont Thereza Imanishi-Kari, un article paru dans la revue Cell. La contribution scientifique était considérée comme significative, du fait de résultats remettant en cause le fonctionnement du système immunitaire. Margaret O’Toole, une chercheuse du laboratoire, ne parvient pas à reproduire les résultats et dénonce des erreurs. Une commission d'enquête composée d’universitaires externes et internes reconnaît alors la présence d’erreurs mineures, mais sans conséquence pour l’ensemble de l’article. Margaret O’Toole maintient ses accusations et soumet le cas au député démocrate du Michigan, John Dingell. Défenseur de la bonne gestion des fonds publics, il organise des auditions publiques pour alerter sur la fraude scientifique dans les programmes subventionnés.
L'affaire fut largement médiatisée, présentant Margaret O’Toole comme une partisane défendant l’intégrité scientifique. David Baltimore prit publiquement la défense de sa collègue Thereza Imanishi-Kari et invita John Dingell à rester en dehors d’un domaine qu’il ne maîtrise pas, déclarant « Les halls du Congrès ne sont pas le lieu pour déterminer le vrai et le faux en science », et déplora que « Ce qui se passe est source de problèmes pour la communication scientifique et pour sa liberté »[1]. Pour mener l’enquête, John Dingell fit appel à des agents des services secrets, chargés d’analyser les carnets de laboratoire de Thereza Imanishi-Kari. Un premier jury la blanchit de tout soupçon. Dans un même temps, sous la pression du comité Dingell, une autorité, nommé l’OSI (Office of Scientific Integrity), est créée pour veiller à l'autorégulation et l'intégrité scientifique. L'organisme mena une enquête et aboutira à un avis contradictoire en reconnaissant Thereza Imanishi-Kari coupable d’inconduite en 1991, puis à nouveau en 1994. David Baltimore est contraint de démissionner de son poste de président de l’Université Rockfeller de New York. En 1996, à la suite d'une procédure d’appel et d'un changement de majorité politique, Thereza Imanishi-Kari fut blanchie de toute accusation. Dans un rapport détaillé sur 200 pages, les décisions du comité innocentent totalement la chercheuse et déclarent que les prétendues preuves de fraude sont « sans pertinence, sans cohérence interne ; elles manquent de fiabilité ou sont fondées sur des affirmations non prouvées et des coïncidences non significatives »[2]. La réputation de David Baltimore est rétablie[3],[4]. Cette affaire est citée en exemple par le New-York Times qui qualifie la gestion de l'OSI comme un "fiasco" qui a pénalisé des carrières universitaires durant une enquête qui a duré dix ans[5].
Distinctions
Prix Nobel de physiologie ou médecine
David Baltimore obtient de nombreux prix, dont le Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1975. Reçu conjointement avec Howard M. Temin et Renato Dulbecco, les travaux de recherche visent l'exploration des interactions entre les virus oncogènes et le matériel génétique des cellules pour une meilleure compréhension du rôle des virus dans le développement du cancer[6].
David Baltimore est marié à Alice S. Huang, biologiste spécialisée en microbiologie et virologie.
Références
↑(en) « NIH report finds fraud in MIT research », TheTech.com, (lire en ligne)
↑« SPECIAL USA. David Baltimore, 58 ans, prix Nobel de médecine, fut pendant dix ans au cœur d'une ubuesque histoire de fraude. Il retrouve ses fiefs : recherche sur le sida et politique scientifique. Le biologiste et la drôle d'affaire. », Libération, (lire en ligne)
↑« Sept cas célèbres de scientifiques accusés de fraude », Le journal du CNRS, (lire en ligne)
↑Girolamo Ramunni, « La fraude scientifique
La réponse de la communauté », La revue pour l'histoire du CNRS, (lire en ligne)
↑(en) « The Fraud Case That Evaporated », New-York Times, (lire en ligne)
↑« Baltimore David (1938-) », Universalis, (lire en ligne)
(en) Biographie sur le site de la fondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — le Nobel Lecture — qui détaille ses apports)