Le rejet de Jésus par ses contemporains et son exécution forment un ultime critère, différent des précédents[2]. Celui-ci ne porte pas sur l'authenticité de telle parole ou de tel acte de Jésus, mais sur ce qui dans ses actes et ses paroles peut expliquer sa crucifixion par les Romains[2]. En effet, écrit John Paul Meier, « un Jésus qui ne s'aliénerait pas les gens par ses paroles et ses actes, et en particulier les puissants, n'est pas le Jésus historique »[2].
John Paul Meier conclut que, parmi les différents critères d'historicité, « cinq sont réellement valables (...) L'embarras, la discontinuité, l'attestation multiple des sources et des formes, la cohérence, le rejet et l'exécution de Jésus. (...) Seule l'utilisation simultanée et prudente de plusieurs critères, auxquels on permettra de se corriger mutuellement, peut aboutir à des résultats convaincants. (...) Comme l'ont fait remarquer plusieurs spécialistes qui se sont usés dans cette recherche, l'utilisation d'un critère valable relève davantage de l'art que de la science et demande de la sensibilité pour chaque cas particulier plutôt qu'une application mécanique[3]. On ne dira jamais assez que cet art ne produit habituellement que des degrés de probabilité et non une absolue certitude. (...) Mais ces jugements de probabilité font partie de toute recherche sur l'histoire ancienne[4]. »
Les critères secondaires
Des critères supplémentaires peuvent être mentionnés, que John Paul Meier qualifie de « douteux » : celui des traces d'araméen (vocabulaire, syntaxe), celui de l'environnement palestinien (croyances, coutumes, procédures, conditions politiques, sociales, économiques), celui de la narration vivante (détails concrets qui ne jouent aucun rôle dans le récit), celui du développement de la tradition synoptique (qui permettrait notamment de remonter en amont de l'évangile selon Marc, qui est le plus ancien), et enfin celui de la présomption d'historicité[5].
Les deux premiers sont regroupés dans le critère de crédibilité contextuelle(en), ou critère des sémitismes et du milieu palestinien[6]. Son principe est que, si une tradition concernant Jésus ne correspond pas à l’environnement linguistique, culturel, historique et social de la Palestine juive araméenne du Ier siècle, elle n’est probablement pas authentique. Ce double critère est apparu d'abord dans les années 1920 chez Charles Fox Burney, puis chez Joachim Jeremias en 1947, dans la période entre la première et la deuxième quête du Jésus historique.
Des deux derniers critères (le développement de la tradition synoptique et la présomption d'historicité), Meier affirme qu'ils ne sont d'aucune utilité pratique[5].
↑Matthew S. DeMoss, Pocket Dictionary for the Study of New Testament Greek, InterVarsity Press, (ISBN9780830867110, lire en ligne), p. 39.
Bibliographie
John Paul Meier (trad. de l'anglais), Un certain Jésus. Les données de l'Histoire [« Jesus, a Marginal Jew »], vol. I : Les sources, les origines, les dates, Paris, Cerf,
(en) Stanley E. Porter(en), The Criteria for Authenticity in Historical-Jesus Research : Previous Discussion and New Proposals, Sheffield Academic Press,