Dans ce portrait de Goya, apparaît la mécène de Boccherini, María Faustina Téllez-Girón, comtesse veuve de Benavente avec son mari et ses fils. La comtesse va le charger de composer Clementina pour être représentée en privé au théâtre de sa résidence
Clementina (G 540), communément connue quoique par erreur comme La Clementina[1], est une zarzuela en 2 actes écrite par Luigi Boccherini sur un livret de Ramón de la Cruz. La première représentation a eu lieu en 1786 au palais Puerta de la Vega de Madrid.
Historique
Clementina est la seule pièce complète écrite par Boccherini. Elle a été écrite au moment de la période la plus florissante de la zarzuela, avant que ce genre, au début du XIXe siècle, ne soit presque complètement oublié au profit de l'opéra italien. Le librettiste de Clementina, Ramón de la Cruz, a tenté d'introduire des innovations dans le genre, en utilisant des éléments de folklore et des éléments populaires à la place des sujets mythologiques plus habituels[2]. La musique est essentiellement gaie et orientée vers le comique, mais avec des incursions dans le pathétique quand il faut décrire l'amour non partagé.
À partir de mars 1786, Boccherini est entré au service de María Faustina Téllez-Girón, comtesse-duchesse, veuve de Benavente-Osuna, en tant que compositeur et musicien de chambre (directeur d'un petit orchestre) et comme professeur de musique de la fille de la comtesse, María Josefa Alonso Pimentel, la fameuse comtesse de Benavente dont Francisco de Goya a fait le portrait. La duchesse était une dame cultivée, au fort caractère et aimant les arts. Elle avait entretenu une correspondance et avait passé un important contrat avec Joseph Haydn, afin que celui-ci lui fasse parvenir depuis Vienne un certain nombre d'œuvres. De la Cruz avait lui aussi travaillé sous la protection de la comtesse.
Clementina a été écrite sur commande de la comtesse-duchesse. La première représentation a eu lieu dans le palais de la comtesse, avec des chanteurs probablement non professionnels[2]. Boccherini a composé la musique en moins d'un mois[3]. Une reprise de Clementina a eu lieu en 1799 au Coliseo de los Canos del Peral, également à Madrid, cette fois avec des chanteurs bien connus : Catalina Tordesillas (Clementina), Manuela Montéis (Damiana), Joaquina Arteaga (Narcisa), Lorenza Correa (Cristeta), Vicente Sanchez (Don Urbano) et Manuel Garcia Parra (Don Lazzaro)[2].
Les filles de Don Clemente, Clementina et Narcisa, respectivement, sont courtisées par Don Urbano et le marquis de La Ballesta, mais repoussent les avances des deux hommes. Don Clemente révèle que Clementina n'est pas sa fille naturelle, mais a été adoptée enfant. Peu à peu, Don Urbano comprend que Clementina est sa sœur, dont il avait perdu la trace et qu'il cherchait depuis longtemps. L'ouvrage se termine par les mariages de Don Urbano et de Narcisa, du Marquis et de Clementina, de Don Lázaro et de Cristeta.
Personnages
Don Clemente, rôle parlé
Doña Clementina, fille supposée de Don Clemente (soprano)
Doña Narcisa, fille véritable de D. Clemente, plus jeune que Clementina (soprano)
Doña Damiana, préceptrice des deux filles (mezzo-soprano)
Clementina comprend l'ouverture, 12 airs, 2 récitatifs obligés et 6 ensembles vocaux, en plus des dialogues.
Discographie
1958 - Fiorella Carmen Forti (Clementina), Graziella Sciutti (Narcisa), Angela Vercelli (Damiana), Juan Oncina (Don Urbano), Franco Calabrese (Don Lazzaro), Vittoria Palombini (Cristeta) - Direttore: Alfredo Simonetto - Orchestra e Coro della RAI di Milano - Versione italiana - Cantus Classics (LC 03982) CACD 5.01226 F (2009)[7]
2008 - María Hinojosa (Clementina), Sonia de Munck (Narcisa), Marta Rodrigo (Damiana), David Alegret (Don Urbano), Toni Marsol (Don Lazzaro), Elena Rivero (Cristeta) - Direttore: Pablo Heras-Casado - Orchestra: La Compañia del Principe - Version originale en espagnol - Música Antigua Aranjuez MAA 008[9]
Bibliographie
(en) Yves Gérard, Thematic, Bibliographical and Critical Catalogue of the Works of Luigi Boccherini, Londres, Oxford University Press, , 716 p..
(it) Luigi Della Croce, Le 33 Sinfonie di Boccherini : Guida e analisi critica, Turin, Eda, coll. « Collana Realta musicali », , 251 p. (OCLC5774842).
(en + it + de) Miguel Ángel Marín, Luigi Boccherini. Clementina [G.540], Opera omnia (Edizione Nazionale Italiana), Bologne, Ut Orpheus Edizioni, , 315 p..
↑Remigio Coli, Luigi Boccherini. La vita e le opere, Lucques, Maria Pacini Fazzi, , 286 p. (ISBN88-7246-679-2)
↑ a et b(it) L. Galleni Luisi, « BOCCHERINI, Luigi », dans Enciclopedia Treccani, vol. 11 : Dizionario Biografico degli Italiani, Rome, Istituto dell'Enciclopedia Italiana, (lire en ligne)
↑(en) Stanley Sadie, The New Grove Dictionary of Opera, Oxford University Press, (ISBN978-0-19-522186-2), « Boccherini (Ridolfo) Luigi »