Les sonates pour clavier accompagné de Luigi Boccherini sont un ensemble de six pièces pour clavecin ou piano-forte avec accompagnement obligé de violon. Écrites en 1768 durant son séjour à Paris, elles sont dédiées à Anne Louise Brillon de Jouy, brillante claveciniste de l'époque. Elles ont été révisées en 1798 pour le piano-forte et portent le numéro d'opus 5 dans le catalogue du compositeur.
Ces six sonates pour clavier accompagné (G.25-30) constituent l’œuvre la plus importante composée par Boccherini en terre française. Sans aucun doute sa meilleure contribution à l'évolution de la sonate clavecinistique de l'époque[1]. L'écriture y est essentiellement pianistique, comme l'atteste l'utilisation abondante de procédés dynamiques. La partie de violon, moins privilégiée, ne se limite pourtant pas à l'accompagnement et joue un rôle essentiel dans l'exposition des thèmes[2].
Toutes sont en trois mouvements sauf la troisième et la sixième en deux, avec respectivement un Moderato en première position et un Rondo comme finale pour la dernière. La tonalité majeure est prépondérante dans cinq d'entre elles excepté pour la sonate no 5 en sol mineur qui, selon L.della Croce, est la preuve d'une participation explicite de Boccherini au mouvement du Sturm und Drang alors naissant[3].
Le pathétisme, souligné par de fréquentes indications comme Dolce et Soave, culmine dans le Largo en do mineur de la sonate no 2 en do majeur (G.26) et surtout dans l' Andantino-Lento de la sonate no 5 en sol mineur (G.29), page suggestive au seuil du romantisme, entre Haydn et Beethoven[4].
L'Andante à 2/4 de la sonate no 4 en ré majeur (G.28) est constitué d'un thème repris plus tard par Boccherini dans le quintette à cordes opus 10 no 1 de 1771 (G.265)[5] alors que dans le mouvement suivant, un Allegro assai con brio à 4/4, c'est le mouvement entier qui est réutilisé dans l' Allegro de sa symphonie en ré mineur La casa del Diavolo opus 12 no 4 (G.506) de la même année[6].
Quant au Moderato de la sonate no 3 en si bémol majeur (G.27), son second thème est pratiquement le même que celui qui figure dans le dernier mouvement de la première symphonie de Beethoven[7].
Enfin, on peut rapprocher le thème rythmique de l' Allegro maestoso de la sonate no 6 en mi bémol majeur de celui d'une marche comme celle que l'on trouve dans les symphonies espagnoles[8]. Ce mouvement est réutilisé également dans le trio à cordes opus 6 no 2 de 1769.
Les six sonates opus 5 ont été publiées à Paris par Vénier en comme : Sei sonate di cembalo e violino obbligato dedicate, a Madama Brillion de Jouy, da Luigi Boccherini di Lucca gravée par Mme la Vve Leclair, Opera Va. D'autre part, il est indiqué sur le frontispice de la partition que : Plusieurs de ces pièces peuvent s'exécuter sur la harpe sans que Boccherini ne l'ait expressément mentionné [9]. Les sonates opus 5 sont Opera Grande dans le catalogue autographe de Boccherini.
Une copie destinée au clavecin seul, a été retrouvée à Besançon (Ms. Z 501) par Anne Robert qui en a effectué l'enregistrement, pour le label BNL en mai 2000.
Manuscrits
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Discographie
Sonate per fortepiano con accompagnamento di un violino [G.25-30] - Enrico Gatti, violon ; Franco Angeleri, pianoforte (Bologne, , Tactus TC 740201) (OCLC906567691) ;
Sei sonate di cembalo e violino obbligato Opera V [G.25-30] - Emilio Moreno, violon ; Jacques Ogg, clavecin (2000, Glossa GDC 920306) (OCLC163650705) ;
6 sonate di cembalo e violino obbligato [G.25-30] - Liana Mosca, violon ; Pierre Goy, fortepiano (2017, 2SACD Stradivarius STR33983) (OCLC1005541569).
Bibliographie
(en) Yves Gérard, Thematic, Bibliographical and Critical Catalogue of the Works of Luigi Boccherini, Londres, Oxford University Press, , 716 p.
(it) Luigi Della Croce, Il divino Boccherini : Vita. Opere. Epistolario, Padoue, G. Zanibon, , 330 p. (ISBN88-86642-29-6, OCLC21480582)
(it) Remigio Coli, Luigi Boccherini, la vita e le opere, Lucques, Maria Pacini Fazzi, , 286 p. (ISBN88-7246-679-2, OCLC61665129)
(en + it + de) Rudolf Rasch (éd.), 6 sonatas opus 5 for keyboard and violin – avant-propos, Bologne, Ut Orpheus, coll. « Boccherini Opera Omnia » (no XXX), , 356 p. (ISBN978-88-8109-464-6, ISMN979-0-2153-1613-3, présentation en ligne), IX.
↑Della Croce 1988, p. 68:« (...)la no 5 è in sol minore e cio prova l'esplicita partecipazione di Boccherini alle inquietudini dello Sturm und Drang, condivise negli anni Sessanta non solo da Schobert, bensì anche da Haydn e, in generale, da tutti i compositori di musica strumentale dell'area austro-tedesca ».
↑L.della Croce souligne que dans ce mouvement:« (...) il pianoforte domina con un tema romantico e la sua espressione è così completa che il violino osa appena ornare la dolce melodia. »Della Croce 1988, p. 68-69.
↑Polo Enrico, L.B. Sonate op.5, Vérone 1941, p.158:« Il seconda tema (batt.25 e segg.) è quasi testualmente adoperato da Beethoven come seconda tema dell'ultimo tempo della I sinfonia. » cité dans Coli 2005, p. 72.
↑Della Croce 1988, p. 68-69 : « Il tema ritmato, all'inizio della sesta sonata, fa pensare a quei motivi di marcia che si ritroveranno nelle sinfonie "spagnole" ».
↑Gérard 1969, p. 34 : « So far as we are aware, the possibility of performing the sonatas on the harp or on the flute is nowhere mentioned by Boccherini. »
↑Durée moyenne basée sur les enregistrements discographiques cités.