H300 : Mortel en cas d'ingestion H312 : Nocif par contact cutané H315 : Provoque une irritation cutanée H318 : Provoque des lésions oculaires graves H332 : Nocif par inhalation H335 : Peut irriter les voies respiratoires H350 : Peut provoquer le cancer (indiquer la voie d'exposition s'il est formellement prouvé qu'aucune autre voie d'exposition ne conduit au même danger) P280 : Porter des gants de protection/des vêtements de protection/un équipement de protection des yeux/du visage. P310 : Appeler immédiatement un CENTRE ANTIPOISON ou un médecin. P330 : Rincer la bouche. P302+P352 : En cas de contact avec la peau : laver abondamment à l’eau et au savon. P304+P340 : En cas d'inhalation : transporter la victime à l’extérieur et la maintenir au repos dans une position où elle peut confortablement respirer. P305+P351+P338 : En cas de contact avec les yeux : rincer avec précaution à l’eau pendant plusieurs minutes. Enlever les lentilles de contact si la victime en porte et si elles peuvent être facilement enlevées. Continuer à rincer. P332+P313 : En cas d’irritation cutanée : consulter un médecin.
Le cisplatine a été synthétisé pour la première fois en 1844 par un chimiste italien, Michele Peyrone (1813-1883)[7], et sa structure chimique identifiée en 1893 par le suisse Alfred Werner[8]. Ce n'est que dans les années 1960 que Barnett Rosenberg de l'université du Michigan découvre par hasard que des produits d’électrolyse des électrodes de platine pouvaient inhiber la division cellulaire[9]. Par la suite ses propriétés anticancéreuses ont été mises en évidence au cours des années 1960 après des tests sur des modèles murins et le cisplatine entra en développement clinique en 1971 aux États-Unis. Les premiers résultats encourageants l'ont été pour les cancers des testicules et des ovaires malgré des néphropathies sévères. En 1976, des cliniciens américains ont alors pratiqué une hyperhydratation et une diurèse forcée afin de contrôler la néphrotoxicité[10],[11].
Le cisplatine obtint finalement son autorisation de mise sur le marché en 1978 aux États-Unis et en 1983 en France[12],[13].
Mécanisme d'action
Le cisplatine est un complexe qui se fixe sélectivement sur les bases puriques de l'ADN (A ou G) et induit une variation de la conformation locale du double brin d'ADN. Cette déformation inhibe la réplication et la transcription de l'ADN en ARN, et induit par ce biais la mort cellulaire. Différents mécanismes protéiques de réparations de vis-à-vis de la formation d'adduits de cisplatine-ADN existent et reconnaissent certains des adduits formés.
Indications
En France[14], le cisplatine est indiqué pour le traitement de :
Cancers du testicule et de l'ovaire
Cancers du col utérin et de l'endomètre
Cancers de la vessie
Cancers de la sphère ORL et de l'œsophage
Cancers épidermoïdes.
Effets indésirables
Ce produit est un puissant cytotoxique, ainsi il provoque :
néphrotoxicité : nécrose tubulaire aiguë évoluant généralement favorablement en quatre à six semaines, ou insuffisance rénale chronique ;
ototoxicité[15] : éventuelle perte définitive d'audition dans les hautes fréquences, bourdonnements ;
neutropénie fébrile, chez l'enfant atteint d'une tumeur solide traités par chimiothérapie au cisplatine. Une étude clinique (monocentrique, randomisée, publiée en 2020) a conclu que ce risque peut être diminué par un complément oral en magnésium (250 mg/jour)[16]
En 1986, il a été montré que chez un patient anciennement intoxiqué au plomb, une chimiothérapie au cisplatine peut aussi induire un saturnisme, par brusque remobilisation du plomb stocké dans l'os[17]. Les symptômes du saturnisme peuvent alors facilement être confondus avec les effets secondaires de la chimiothérapie.
Limites
Une surexpression de métallothionéines chez le patient (phénomène normalement observé après intoxication par un ou plusieurs métaux lourds) peut induire une résistance à un sous-ensemble de médicaments anticancéreux cliniquement importants, dont le cisplatine, ainsi que le melphalan et le chlorambucil[18] (alors que le 5-fluorouracile ou la vincristine restent efficaces[18]). Or certains cancers peuvent être dus à une intoxication chronique par des métaux ou oxydes métalliques.
Études cliniques
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Notes et références
↑La graphie « cis-diaminedichloroplatine(II) », avec un seul « m », se rencontre également fréquemment dans la littérature francophone bien qu'il s'agisse d'un complexe ammine, formé de molécules d'ammoniac NH3 coordonnées au centre métallique.
↑ abcdef et gEntrée « cis-Diaminedichloroplatinum(II) » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais), accès le 19 juillet 2022 (JavaScript nécessaire)
↑(en) Rabbab Oun, Yvonne E. Moussa et Nial J. Wheate, « The side effects of platinum-based chemotherapy drugs: a review for chemists », Dalton Transactions, vol. 47, no 19, , p. 6645-6653 (PMID29632935, DOI10.1039/c8dt00838h, lire en ligne)
↑(de) Peyrone M, « Ueber die Einwirkung des Ammoniaks auf Platinchlorür », Ann Chemie Pharm, vol. 51, no 1, , p. 1-29. (DOI10.1002/jlac.18440510102)
↑(en) Stephen Trzaska, « Cisplatin », C&EN News, vol. 83, no 25, (lire en ligne)
↑(en) Rosenberg B, Van Camp L, Krigas T, « Inhibition of cell division in Escherichia coli by electrolysis products from a platinum electrode », Nature, vol. 205, no 4972, , p. 698–699. (PMID14287410, DOI10.1038/205698a0)
↑(en) « Amelioration of renal toxicity of high dose cis-platinum diammine dichloride (CPDD) by mannitol induced diuresis », Am Assoc Cancer Res,
↑(en) « A new method to prevent toxicity with high doses of cis diammine platinum (therapeutic eYcacy in previously treated widespread and recurrent testicular tumors) », Proc Am Soc Clin Oncol,
↑(en) « Cisplatin in cancer therapy: Molecular mechanisms of action », European journal of pharmacology,
↑Pharmacocinétique: de la recherche à la clinique : Quatrièmes journées ...
↑Amsallem P. & Andrieu-Guitrancourt J. « Étude expérimentale de l'ototoxicité du cisplatinum » Annales d'oto-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale 1985;102(5):365-372.
↑el-Sharkawi AM, Morgan WD, Cobbold S, et al. (1986) Unexpected mobilisation of lead during cisplatin chemotherapy. Lancet. ;2:249–50
↑ a et b(en) A Basu, BA Teicher, MP Hacker, DH Hamer et JS Lazo « Overexpression of metallothionein confers resistance to anticancer drugs » Science 1988;241(4874):1813-1815. DOI10.1126/science.3175622 SL Kelley (Résumé)