Caroline Aigle

Caroline Aigle
Biographie
Naissance
Décès
(à 32 ans)
Dijon
Sépulture
Cimetière de Chambolle-Musigny (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
Moineau
Nationalité
Allégeance
Formation
Activités
Pilote de chasse ( - ), ingénieure, ingénieur aéronautique, triathlèteVoir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Luc Aigle (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Arme
Sports
Grade
Distinction
Médaille de l'Aéronautique en 2007 à titre posthume
Plaque commémorative à Chambolle-Musigny, proche de la base aérienne 102 Dijon-Longvic.

Caroline Aigle est une pilote de chasse, commandant dans l'Armée de l'air française, née le à Montauban et morte le à Dijon[1]. Elle est, en 1999, la première femme pilote de chasse à être affectée au sein d'un escadron de combat de l'Armée de l'air[2].

Biographie

Enfance et études

Issue d'une famille lorraine[3], mais née à Montauban, Caroline Aigle parcourt très jeune une bonne partie de l'Afrique où son père sert comme médecin militaire, avant de rejoindre à quatorze ans le lycée militaire de Saint-Cyr[4],[5] où elle reste jusqu'en classe de terminale.

Elle effectue ensuite sa préparation aux grandes écoles scientifiques au Prytanée national militaire de La Flèche (mathématiques supérieures et mathématiques spéciales M'). En 1994, elle est admise à la fois à l'École polytechnique et l'École normale supérieure[6], et choisit Polytechnique[4],[7],[8]. Comme les élèves de cette école ont le statut militaire, elle effectue sa période militaire de 1994 à 1995 au 13e bataillon de chasseurs alpins[9]. Durant sa scolarité, elle fait partie de celles qui militent, avec succès, pour que les polytechniciennes puissent porter le bicorne, symbole traditionnel de l'école, qui jusque là était porté seulement par les élèves masculins[10],[11]. À l'issue de ses études à l'X, elle décide de servir dans l'Armée de l'air. En , elle intègre donc celle-ci et commence sa formation au pilotage en ralliant la « division des vols » qui correspond à la troisième et dernière année de l'École de l'air. Elle reçoit son « poignard » en même temps qu'une autre femme, Énora Chame, qui écrira plus tard un livre relatant sa participation à la MISNUS[12].

Pilote de chasse

Le , Caroline Aigle est brevetée pilote de chasse[2] sur Alpha Jet à la base aérienne 705 de Tours ; elle reçoit son « macaron »[4] des mains du général d'armée aérienne Jean Rannou[13], chef d'état-major de l'Armée de l'air.

En 2000, elle intègre la base aérienne 115 d'Orange dans l'escadron de chasse 2/5 Île-de-France et effectue sa formation sur Mirage 2000. Elle est affectée sur Mirage 2000-5 à l'escadron de chasse 2/2 Côte-d'Or à la BA 102 de Dijon[14], en 2000. Puis elle devient commandant d'escadrille à partir de 2005[14] (escadrille SPA 57 Mouette).

En , elle est affectée à la « sécurité des vols » du commandement des forces aériennes de la BA 128 de Metz[14].

Son surnom dans l'Armée de l'air est « Moineau »[15].

Une sportive accomplie

Caroline Aigle est aussi une sportive accomplie, championne de France militaire de triathlon[4] 1997, championne du monde militaire de triathlon par équipe[4] 1997 et vice-championne du monde militaire de triathlon par équipe 1999. Elle pratique également une autre de ses passions, la chute libre[4] et le parachutisme d'une manière générale[16].

Caroline Aigle avait pour ambition de devenir astronaute[17], pour cela elle avait repris des études d'astrophysique et apprenait le russe[18]. Mais très malade, sa dernière grande participation à un événement est d'être, en , la marraine du meeting aérien Airexpo à Toulouse. Elle n’aura donc pas la possibilité de poser sa candidature à la sélection ouverte par l'Agence spatiale européenne le 19 mai 2008, qui verra notamment la sélection de Thomas Pesquet le 20 mai 2009.

Elle meurt le , âgée de trente-deux ans, d'un cancer foudroyant, un mélanome[19], décelé quelques mois avant sa disparition.

Ses obsèques sont célébrées le 27 août 2007 en la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon. Le général d'armée Abrial, chef d'état-major de l'armée de l'air, préside les cérémonies en présence du maire de Dijon et de nombreuses personnalités politiques[20]. Caroline Aigle est inhumée au cimetière de Chambolle-Musigny[21].

Elle totalise alors près de 1 600 heures de vol[22].

Vie privée

Caroline Aigle s'est mariée le à Christophe Deketelaere (pilote de la patrouille Breitling de Dijon) et est devenue mère de deux enfants, Marc et Gabriel. Lors de sa seconde grossesse, elle apprend qu'elle est atteinte d'un cancer[19]. Elle fait le choix de poursuivre cette grossesse, bien que cela signifie qu'elle ne peut pas se soigner correctement[19]. Son deuxième fils naît avant terme et Caroline Aigle meurt quelques jours plus tard[23],[19].

Hommages

Giratoire « Caroline-Aigle » de l'entrée nord de Montauban, surmonté d'un hélicoptère de type Gazelle.

Décorations

En 2005, elle reçoit la Médaille d'or de la Défense nationale[20].

Caroline Aigle est décorée de la médaille de l'Aéronautique à titre posthume par le président de la République, Nicolas Sarkozy, le [24].

Événements

  • Le , à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le musée de l'Air et de l'Espace, organise une journée d'hommage à Caroline Aigle pendant laquelle, entre autres, une centaine de femmes pilotes se posent à l'aéroport du Bourget aux commandes de différents appareils (Alpha Jet, Falcon 50, Eurocopter AS-350 Écureuil, Gazelle), avec des équipages militaires féminins[25].
  • Les auditeurs de la 187e session régionale de l'Institut des hautes études de Défense nationale (IHEDN), qui s'est tenue à Montpellier, Toulon et Aix-en-Provence en novembre et décembre 2011, ont choisi « Commandant-Caroline-Aigle » comme nom de leur promotion[26].
  • Le , La Poste a émis un timbre à son effigie[27] ; en fond, un Mirage 2000 sur lequel elle volait[15]. Le timbre est tiré à 1,2 million d'exemplaires, mis en circulation le 7 avril 2014 pour célébrer les 40 ans qu'elle aurait eus en 2014[28]. Les préventes de ce timbre en modèle "premier jour" ont eu lieu à Paris ainsi qu'à Montauban, sa ville de naissance, le 5 avril 2014[29].
  • Le , lors de la présentation au drapeau de l'École polytechnique, la promotion X2016 a choisi de rendre hommage à Caroline Aigle. À cette occasion, un hymne composé en son souvenir est interprété par les élèves et deux Mirages 2000-5 survolent la cérémonie[30]. En outre, pour lui rendre hommage, les élèves de l'École polytechnique organisent chaque année le « triathlon Caroline-Aigle »[31].
  • Le 29 septembre 2018, le Prytanée national militaire a nommé la promotion 2018 « Commandant-Caroline-Aigle » ; les élèves ont créé pour l'occasion un chant en hommage à celle qui les avait précédés[réf. souhaitée].
  • Le , les 115 nouveaux cadres administratifs civils du ministère des Armées réunis pour la première fois en promotion de nouveaux arrivants, prennent le nom de « Promotion Commandant Caroline Aigle »[réf. souhaitée].
  • La promotion 2018 de l'École de l'air est baptisée en son honneur le vendredi [32].
  • En 2024, la base aérienne 204 Mérignac-Beauséjour prend son nom[33].

Lieux

Plaque commémorative Caroline Aigle à Wasquehal.

Plusieurs lieux ont été baptisés en hommage à Caroline Aigle :

Bibliographie

Notes et références

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970.
  2. a et b « […] Mais ce n'était pas la première femme à être brevetée pilote de chasse. C'était Élisabeth Boselli, brevetée à Tours en 1946 ». Cf. Lucien Robineau (promotion 1951), Le Piège, Revue des anciens élèves de l'École de l'air, « Femmes pilotes militaires », no 191, décembre 2007, p. 5.
  3. Merchet.
  4. a b c d e et f Jean-louis Tremblais, « Caroline Aigle, le courage d'une maman exemplaire », sur lefigaro.fr, Le Figaro, 14 septembre 2007, mise à jour 14 octobre 2007 (consulté le ).
  5. Journal L'Aiglon, décembre 2007, no 112-113, p. 4.
  6. Arrêté du portant ordre de classement au concours d'entrée en première année à l'Ecole normale supérieure, section des sciences (premier concours), publié au JORF du .
  7. De la promotion X1994, cf. « Fiche de Caroline Aigle », sur le site de l'association des anciens élèves et diplômés de l'École polytechnique (l'AX), Paris (consulté le ) ; y est notamment indiqué qu'elle est : « officier de l'Armée de l'air ».
  8. « Aigle, Caroline (X 1994) », Palaiseau (consulté le ).
  9. La période militaire est pour sa promotion de Polytechnique X94 une période d'un peu plus de 12 mois dans une unité militaire, confondue souvent avec le service national : la différence essentielle est que la personne qui le fait est engagée, pas appelée).
  10. Avant cela, les polytechniciennes portaient un tricorne à fond plat
  11. Serge Delwasse, « L'année de la Fin de la Jupe », sur hervekabla.com, .
  12. Énora Chame, Quand s'avance l'ombre. Mission à haut risque en Syrie, Mareuil Éditions, 2022, page 20.
  13. Biographie, sur le site des AET [PDF].
  14. a b et c Cyrille Louis, « L'armée de l'air pleure Caroline Aigle, sa légende », Le Figaro, 30 août 2007.
  15. a b et c « Montauban. Un timbre pour Caroline Aigle, première femme pilote de chasse disparue en 2007 », sur ladepeche.fr, La Dépêche du Midi, (consulté le ).
  16. « Caroline Aigle était la chevalière du ciel », La Provence, 23 août 2007.
  17. « Point presse de David Martinon du 30 août 2007 », présidence de la République, 30 août 2007.
  18. Sergent-chef Fanny Boyer, « 28 mai 1999, Caroline Aigle devient la première femme pilote de chasse de l’armée de l’air », La chronique du CESA, Centre d'études stratégiques aérospatiales de l'armée de l'Air
  19. a b c et d Jean-Dominique Merchet, « Gabriel, le dernier combat de Caroline Aigle », sur secretdefense.blogs.liberation.fr, Libération, (consulté le ) sur Archive.is.
  20. a et b « La mort de Caroline Aigle, la première femme pilote de chasse, émeut les internautes », La Croix, (consulté le ).
  21. « CHAMBOLLE-MUSSIGNY (21) : cimetière - Cimetières de France et d'ailleurs », sur landrucimetieres.fr (consulté le ).
  22. Communiqué sur le site du ministère de la Défense.
  23. Interview de son époux sur RTL le 5 septembre 2007 ; et homélie de sa messe d'enterrement, Armée de l'air, 29 août 2007.
  24. « Médaille de l'Aéronautique à titre posthume pour Caroline Aigle », sur la-croix.com, La Croix, (consulté le ).
  25. « Journée de la femme », sur defense.gouv.fr, ministère de la Défense, mise à jour : 10 octobre 2010 (consulté le ).
  26. Arrêté du portant désignation des auditrices et auditeurs de la 187e session en région (promotion « Commandant Caroline AIGLE ») de l'Institut des hautes études de défense nationale, Montpellier, Toulon et Aix-en-Provence (du 7 novembre au 16 décembre 2011), publié au JORF du .
  27. « Caroline Aigle 1974-2007 », sur laposte.fr, La Poste, (consulté le ).
  28. « Timbre Caroline Aigle - Poste aérienne », sur boutique.laposte.fr (consulté le ).
  29. « Timbre : 2014 Caroline Aigle 1974-2007 | WikiTimbres », sur wikitimbres.fr (consulté le ).
  30. « Cérémonie de Présentation au drapeau de la promotion X2016 », sur defense.gouv.fr (consulté le ).
  31. « Hommage au commandant Caroline Aigle (X 94) », sur polytechnique.edu, École polytechnique (consulté le ).
  32. « Baptême de la promotion 2018 », sur ecole-air-espace.fr, .
  33. « La base aérienne 204 de Mérignac-Beauséjour va être baptisée "commandant Caroline Aigle" », sur Zone Militaire, (consulté le ).
  34. « Un nouveau groupe scolaire inauguré à Palaiseau », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  35. « Le lycée public de Nort-sur-Erdre sera baptisé Caroline Aigle », sur paysdelaloire.fr, (consulté le ).
  36. « CeA : principales décisions de la commission permanente », sur alsace.eu, (consulté le ).
  37. « Collège Caroline Aigle - 1 place Gisèle Halimi, 95800 Cergy », sur clg-aigle-cergy.ac-versailles.fr (consulté le ).
  38. « Le Chesnay-Rocquencourt - Maternelles ».
  39. « Collège Caroline Aigle », sur site.ac-aix-marseille.fr (consulté le ).
  40. Alexandra Milhat, « Inauguration du jardin Caroline Aigle à Paris », sur defense.gouv.fr, (consulté le ).
  41. « Inauguration de la Rue Caroline Aigle | Bièvre Isère Communauté », sur bievre-isere.com (consulté le ).
  42. « L'AX s'installe à la Maison des Polytechniciens | Association des anciens élèves et diplômés de l'École polytechnique », sur ax.polytechnique.org (consulté le ).
  43. « Rencontrez-nous | Association des anciens élèves et diplômés de l'École polytechnique », sur ax.polytechnique.org (consulté le ).
  44. Bruno Fanucchi, « Une femme d'exception », sur Le Parisien, .

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

  • Élisabeth Boselli, première femme pilote de chasse de l'Armée de l'air française.
  • Jacqueline Auriol, première femme pilote d'essai française et première européenne à avoir franchi le mur du son.

Liens externes