Bird est un film américain réalisé par Clint Eastwood et sorti en 1988. Il s'agit d'un film biographique sur Charlie Parker, alias « Bird » (Yardbird en VO), jazzman visionnaire et musicien accompli qui éleva le saxophone à un niveau d'expression inédit. Le film, présenté au festival de Cannes 1988, dépeint alternativement la jeunesse et la maturité de cet homme et de ce créateur de génie, sa carrière et ses drames personnels.
Synopsis
Dès la fin des années 1930, le jeune Charlie Parker devient un virtuose du saxophone alto ; cela ne va pas sans difficultés pour être reconnu. La puissance et la beauté de son style font de lui un précurseur. Mais sa vie personnelle et privée est un enfer notamment en raison de son addiction à la drogue — depuis ses quinze ans — et à l'alcool ainsi que son amour pour les femmes et les relations difficiles qu'il entretient avec elles.
Dans les années 1970, Teddy Edwards, ami et collègue de Charlie Parker, partage ses souvenirs sur l'artiste au scénariste Joel Oliansky, qui souhaite faire un film biographique sur Parker[4]. Le projet se développe alors chez Columbia Pictures. Sous l'impulsion de Clint Eastwood, la Warner récupère les droits du script en échange de ceux d'un projet qui deviendra Vengeance (Tony Scott, 1990)[5],[6].
Clint Eastwood prend contact avec Chan Richardson, l'ex-femme de Charlie Parker, qui lui fait écouter des bandes inédites qui étaient conservées dans un coffre-fort[7].
Le traitement de la bande son a fait l'objet d'un travail unique : les prises originales de Charlie Parker, souvent de simples enregistrements monophoniques, ont été numérisées, la partie de saxophone a été isolée puis remixée avec une nouvelle orchestration de Lennie Niehaus. La performance technique, saluée par plusieurs prix, a néanmoins été accueillie avec scepticisme par de nombreux amateurs de jazz[6].
Le film est l'un des très rares consacrés au jazz (avec le film Ray de Taylor Hackford consacré au musicien Ray Charles, interprété par Jamie Foxx, le documentaire Straight, No Chaser de Charlotte Zwerin consacré au pianiste Thelonious Monk et Autour de minuit de Bertrand Tavernier, évocation mélangée du saxophoniste Lester Young et du pianiste Bud Powell), et émane d'un réalisateur lui-même musicien. Ce côté exceptionnel est aussi renforcé par la structure même du film qui, loin d'être une biographie linéaire ou un long flashback, épouse la forme d'un morceau de jazz en faisant intervenir et revenir des thèmes, en faisant circuler son histoire entre quelques intervenants et lieux principaux, le tout baignant dans un éclairage souvent nocturne.
Citations de Clint Eastwood
« J'ai toujours été fasciné par les musiciens. Honkytonk Man était une sorte d'archétype des chanteurs de folk et de country. Mais j'adore les jazzmen depuis toujours. Lester Young, Count Basie, Dave Brubeck, Gerry Mulligan. Aujourd'hui, les jeunes connaissent le rock, pas le jazz. Dommage. Avant de tourner, il était plus important de rencontrer ceux qui avaient connu Parker que de lire des livres sur lui. Le cinéma se fait en observant la vie des gens. Parker était quelqu'un d'incroyable, au cerveau curieusement fait. Pour la musique, il avait des années d'avance sur tout le monde. Mais dans la vie, il est resté un garçon gentil et sensible[13]. »
À propos de la durée du film : « Mais comment peut-on comprendre et aimer Parker si on n'a pas le temps de s'imprégner de sa musique ? Je déteste les prétendus films de jazz où il n'y a que deux mesures à la fin. Au milieu, les gens parlent, parlent. Ce n'est pas le cas dans Bird, je crois. Mais la musique, sans doute, pénètre en vous moins vite que les mots[14]. »