En janvier 2014, l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) est chassé du gouvernorat d'Idleb par une offensive menée notamment par une coalition rebelle de formation récente : le Front révolutionnaire syrien (FRS), dirigé par Jamal Maarouf et soutenu par les États-Unis et l'Arabie saoudite[1]. Mais au cours de l'été 2014, le Front al-Nosra est également chassé du gouvernorat de Deir ez-Zor par l'EIIL et se réimplante dans le gouvernorat d'Idleb[1],[2]. Rapidement, des tensions commencent à opposer le FRS et Front al-Nosra en raison de leur rivalité pour le contrôle de la contrebande de pétrole avec la Turquie et à cause du soutien apporté par les États-Unis au FRS[1]. Les djihadistes d'al-Nosra qualifient alors les hommes de Maarouf de « Sahwa »[1].
En juillet 2014, des combats éclatent pour la première fois entre les deux groupes[2]. Après des heurts et des assassinats commis des deux côtés au début du mois, les combats s'intensifient à la mi-juillet près de Jisr al-Choghour ; ils s'étendent ensuite sur d'autres points du gouvernorat d'Idleb, puis dans l'ouest du gouvernorat d'Alep et dans le gouvernorat de Deraa, faisant au moins plusieurs dizaines de morts[2]. Le , Abou Mohammed al-Joulani, le chef du Front al-Nosra, annonce son intention de créer un « émirat au Levant » qui aurait des frontières avec « le régime, les ultras (l'État islamique), les corrompus (les rebelles) et le PKK (les kurdes) »[2]. Pour justifier ses opérations, le Front al-Nosra dénonce les pillages et la corruption — parfois réels — de certains groupes rebelles[2]. Le Front révolutionnaire syrien et le Mouvement Hazm appellent alors les autres groupes à ne plus coopérer avec le Front al-Nosra[2].
Les combats débutent le 28 octobre dans le Jabal al-Zawiya, une région montagneuse au sud-ouest d'Idleb[5]. En quelques jours, les djihadistes s'emparent de plusieurs postes tenus par le Front révolutionnaire syrien[6]. Une trêve est conclue le 30 octobre, mais elle n'est pas appliquée[6].
Au cours des combats, des militants publient une vidéo dans laquelle Jamal Maarouf s'adresse par talkie-walkie à Abou Mohammed al-Joulani, le chef du Front al-Nosra : « Tu as terni le nom de l'islam, tu as terni la religion. Pourquoi tu nous attaques? Tu n'es rien, tu es identique à Baghdadi, espèce de salaud »[6]. Le Front al-Nosra réplique en accusant Maarouf de « corruption » et de « s'éloigner de la révolution »[6].
Le 1er novembre, les djihadistes s'emparent de Deir Sounboul, le quartier-général souterrain de Jamal Maarouf, creusé dans la roche pour résister aux frappes aériennes[1],[3],[7],[5]. La majorité des villes et villages du Jabal al-Zawiya sont alors aux mains du Front al-Nosra[5],[7]. Le Mouvement Hazm est également chassé de Khan al-Sibel dans la nuit du 1er au 2 novembre et son arsenal tombe aux mains des assaillants[3],[4].
L'ensemble des autres groupes rebelles de la région est resté neutre lors du conflit ; certains ont de mauvaises relations aussi bien avec le Front al-Nosra qu'avec le FRS, mais ils estiment non justifié de mener le combat sur un troisième front, après le régime et l'État islamique[1].
Les pertes
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) ne donne pas de bilan, mais indique que les combats ont causé de « lourdes pertes des deux côtés »[6]. Le Front al-Nosra prend également au FRS des chars et des armes lourdes[7],[9].
Notes et références
↑ abcdefghi et jBenjamin Barthe, « La chute de Jamal Maarouf, symbole de la dislocation de la rébellion syrienne modérée », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )