André Bloch

André Bloch
André Bloch vers 1909
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André Bloch, né le à Wissembourg (Bas-Rhin) et mort le à Viry-Châtillon, est un compositeur et astronome français.

Biographie

André (Andréas sur son acte d'état civil) voit le jour le 14 janvier 1873, à Wissembourg[1], nouvellement en territoire allemand, deux ans et demi après la bataille de Wissembourg, première bataille de la guerre franco-prussienne de 1870. Il est le quatrième enfant de Jacques Bloch, rabbin et professeur, et de Marie Adrienne Berthe Manheimer, âgés respectivement de quarante-et-un ans et trente-cinq ans à sa naissance.

Dès son plus jeune âge, il fait montre d'un talent musical certain. À l'âge de sept ans, Bloch commence à composer de la musique, et écrit une valse pour piano à quatre mains, qui plaît tellement à un éditeur qu'il la fait imprimer. Ses parents s'installent dans la capitale, et inscrivent leur fils au Conservatoire de Paris afin de lui offrir les meilleures conditions d’apprentissage. Il étudie auprès de Jules Massenet[2], d’Ernest Guiraud et André Gedalge[3].

Deuxième médaille de solfège en 1883, à l’âge de 10 ans, il obtient l’année suivante la première médaille. En classe préparatoire de piano, il reçoit successivement la troisième médaille en 1884, puis la deuxième en 1885, et la première en 1886. En classe de piano, il obtient le 2ème accessit en 1887, le deuxième prix en 1888, et le premier prix en 1889. En harmonie, il obtient le deuxième accessit en 1889, et enfin le premier prix en 1890[4]. Dès 1890, il se produit en concert en tant que pianiste[note 1].

Parallèlement à ses études musicales, il s'intéresse de près à l'astronomie. Il devient en 1890 le 361e membre inscrit à la Société astronomique de France, fondée en 1887 par Camille Flammarion. Il réside alors au 28, rue de Constantinople, Paris, 8e[5].

Il intègre ainsi l'équipe des jeunes astronomes qui se surnomment entre eux les Gnomes, à l'instar de Paul Jeantet, Ferdinand Quénisset, André Jarson, Lucien Rudaux, Emile Touchet, Gaëtan Blum, Georges Fournier, et plus tard Fernand Baldet et Valentin Fournier[note 2].

En 1892, il concourt pour le Prix de Rome et reçoit comme récompense le deuxième Second Prix avec la cantate Amadis, derrière Henri Büsser. Cependant, cette année-là, l’Académie des beaux-arts n’avait pas cru devoir attribuer de Grand Prix. L’année suivante, il décroche le Premier Grand Prix avec la cantate Antigone (Heugel), sur un texte de Fernand Beissier. Pendant ses années de préparation aux concours, il travaille également sur de nouvelles compositions[note 3].

Outre ses activités de compositeur, André Bloch se distingue également par ses observations astronomiques auprès de Camille Flammarion, à l'Observatoire de Juvisy-sur-Orge[6]. Il se lie d'amitié à cette occasion avec Ferdinand Quénisset, avec qui il partage de multiples observations. Le 17 juillet 1893, il dessine la comète Rordame-Quénisset découverte par ce dernier les 8 et 9 juillet 1893 à Juvisy-sur-Orge[note 4].

Une fois son Prix de Rome en poche, André Bloch part étudier à la Villa Médicis à Rome, pour se perfectionner dans ses compositions[note 5].

Sa formation achevée, André Bloch quitte la Villa Médicis, et revient sur Paris. Il participe alors à de nombreuses observations à la Société Astronomique de France. Le 28 mai 1899, il accompagne Henri Deslandres, de l'Observatoire de Meudon, lors de la dernière éclipse totale de Soleil du 19e siècle. Ils se rendent à Argamasilla, en Espagne, assistés d'autres participants[7]. II partage également nombre d'observations avec Lucien Rudaux[note 6].

Dans le même temps, il parraine de nouveaux adhérents à la Société astronomique de France, parfois hors des frontières de la France comme la Bulgarie ou la Suède[8]. Il réside alors au 11, place Malesherbes, Paris 10e[9]. Sa carrière artistique se poursuit avec la création de nouvelles œuvres[note 7].

En 1902, André Bloch épouse Suzanne Loewy, fille du Directeur de l'Observatoire de Paris et membre du Bureau des longitudes, Maurice Loewy. Le jeune couple réside alors à l'Observatoire de Paris, 14e. C'est à cette adresse que naît leur fille, Yvonne, en 1905[note 8].

L'année suivante, André Bloch s'installe au 22, avenue Carnot, Paris 17e[10]. Jean, le deuxième enfant du couple nait en 1907, mais décède deux ans plus tard, à l'âge de dix-huit mois.

Dès 1914, André Bloch exerce la fonction de bibliothécaire adjoint au sein de la Société astronomique de France[note 9].

Lors de la 1ère Guerre mondiale, André Bloch est mobilisé dès novembre 1915. Il occupe la fonction d'infirmier militaire, et se spécialise en anesthésie[11]. Sa femme participe à l'effort de guerre en devenant à son tour infirmière à l'hôpital complémentaire du Panthéon, annexe du Val de Grâce. Elle reçoit à ce titre la Médaille de Vermeil, mentionnée au Journal Officiel du 14 juin 1917[12].

Parallèlement à ses activités, André Bloch cultive également un goût pour les mathématiques et l’acoustique. Il met ses compétences au service de l‘armée en élaborant un système de repérage des engins de guerre ennemis par l’audition de leurs moteurs. Au sortir de la guerre après sa démobilisation en 1919, il dépose un brevet d'invention pour son « appareil écouteur-isolateur »[13], pour lequel il reçoit la Croix de la Légion d’Honneur.[note 10]

André Bloch est nommé inspecteur de l'enseignement musical. A partir du 1er novembre 1927, il enseigne également l’harmonie au Conservatoire de Paris, où il reste jusqu'à son exclusion en décembre 1940 en raison des lois antisémites[14].

Il professe également à l’École des hautes études musicales, plus connue sous le nom de Conservatoire américain de Fontainebleau[note 11]. Cette école était installée depuis 1921 dans l’aile Louis XV du château. Dirigée durant plusieurs décennies par des personnalités musicales reconnues : Francis Casadesus, Charles-Marie Widor, Maurice Ravel, Marcel Dupré, Robert Casadesus et Nadia Boulanger, l'école est rapidement devenue un haut lieu de rencontres artistiques entre la France et les États-Unis.

De nombreux autres élèves, parmi lesquels Fernand Oubradous, purent bénéficier de cours privés que donne également André Bloch. Son nom est aussi connu des jeunes écoliers, qui, avant-guerre, recevaient leurs premières notions de musique à l’aide de ses Cent leçons à l’usage des écoles primaires (Gras, 1934).

André Bloch, dont les œuvres ne sont plus guère jouées de nos jours, a pourtant écrit une musique élégante, parmi laquelle on relève des poèmes symphoniques orchestrés avec soin : Au Béguinage (extrait d'une suite intitulée Voyages) qui évoque la ville de Courtrai dans la paix du soir ; Kaa, le python du Livre de la Jungle de Rudyard Kipling, donné en première audition aux Concerts Colonne le , qui fait entendre, notamment, les glissandi de quatre octaves; L’Isle nostalgique (1945, Fougères), et une fort belle Suite palestinienne pour violoncelle et orchestre (1948)[15], rhapsodie thématique en 4 épisodes[note 12].

En dehors des œuvres déjà citées, on lui doit des opéras : Maïda (1909, Enoch) conte musical en quatre actes et cinq tableaux sur un poème de Charles Réty-Darcours, Une nuit de Noël (1922) qui est donnée à Liège et composée à Rome, un «conte bleu» Brocéliande, légende lyrique que l'Opéra présente le et qui est une partition riche de fantaisies, Guignol, « opéra-bouffe de cape et de trique » en trois actes, quatre tableaux et un prologue, paroles de Justin Godard et Henri Fabert (Heugel, 1939), donné à l’Opéra-Comique le , un ballet Feminaland (1904), un Concerto-ballet pour piano et orchestre (Fougères, 1947), Les Maisons de l’éternité, croquis d’orient pour violoncelle et orchestre (Gras, 1950), une Petite suite dominicale pour petit orchestre (Fougères), des pièces pour piano : Air à danser (Enoch), Thème varié, Andantino (Fougères), pour piano et flûte : Dans la palmeraie (Fougères), piano et clarinette : Denneriana(Gras, 1940), piano et basson : Fantaisie variée (Leduc, 1946), Goguenardises, et des mélodies et duos : Révélation pour deux voix a cappella, Mon père m’a donné un mari pour chant et piano (Fougères).

André Bloch, domicilié au 14, avenue Carnot, Paris 17e, décède à Viry-Châtillon le 7 août 1960[16]. Il est inhumé au cimetière de Montmartre[17].

Notes et références

Notes

  1. On peut lire dans La France chorale : moniteur des orphéons et des sociétés instrumentales, 1er janvier 1891, NP : « La deuxième matinée du quatuor Mendels a eu lieu le 22 décembre. […] C'est un jeune pianiste, M. André Bloch, qui avait pris la place de Mme Roger-Miclos, et qui a exécuté avec un excellent doigté deux morceaux : le Toréador, en forme de boléro, et une Valse de Rubinstein ».
  2. Dans L'Astronomie du 1er janvier 1937 p.496, Gabrielle Flammarion écrit : « Et pour compléter ces préparatifs de la conquête du Ciel, une équipe de « moins de vingt ans » se forma. Ceux-ci se donnèrent le nom de « gnomes ». Pourquoi ? Fréquentant assidûment l'Observatoire de la Société, passant des nuits entières à scruter et photographier les astres, on les voyait se glisser comme de petites ombres nocturnes tels des gnomes, emplissant la coupole de leur belle jeunesse, de leurs espoirs et de leur enthousiasme. »
  3. On peut lire dans Le journal des étrangers du 10 janvier 1925, p.19 : « Durant les années de préparation aux concours, André Bloch travaille le contrepoint et compose Une Nuit de Noël, une fugue et une cantate ».
  4. W. De Fonvielle, dans La Science illustrée : journal hebdomadaire, p.251- Article Le mouvement scientifique. Revue des progrès de l'astronomie, mentionne : « Le 17 juillet, la comète avait été dessinée avec soin par un astronome exercé. Son aspect n'offrait rien d'extraordinaire. M. André Bloch avait seulement remarqué que le noyau brillant n'était plus au centre de la chevelure comme les jours précédents. Il avait de plus reconnu qu'une partie de la chevelure semblait avoir été enlevée dans la portion du périmètre, dont le noyau brillant s'était approché ».
  5. Auguste Oberdoerffer note dans La Lorraine artiste, du 3 mai 1896 : « Très confortablement installés, ils y travaillent à l'aise, ne subissant dans leurs inspirations aucune influence, de quelque nature qu'elles soient. Se couchant de bonne heure et se levant de bon matin, nos musiciens français consacrent tout leur temps à la composition ».
  6. Le Bulletin de la Société astronomique de France, 1er janvier 1900, p.106, mentionne : « MM. Lucien Rudaux et André Bloch qui observaient à Donville (Manche) les Perséides de 1899 ont adressé la note suivante : nous avons observé pendant les soirées des 9, 10 et 11 août, par un ciel généralement beau ; et une vingtaine de météores très brillants ont été vus. Entre autres celui du 10 août [...] représenté sur le dessin, dessin qui ne peut donner qu'une faible idée de la splendeur du phénomène ».
  7. L'Illustré parisien : journal hebdomadaire, 2 avril 1903, p.10, indique : « Désespérance et Dans la nuit dont André Bloch a écrit les paroles et la musique sont des œuvres captivantes d'émotion et de sincérité contrastant avec Au printemps de la vie à la fougue pleine de jeunesse et de chaleur. »
  8. Dans l’article sur André Boch écrit par Denis Havard de la Montagne (www.musimem.com/prix-rome-1890-1899), il est mentionné que sa fille Yvonne Bloch-Drappier, elle-même compositrice et enseignante, a étudié au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, et a obtenu le 2ème prix de contrepoint et fugue en 1931. Elle composa de nombreuses d’œuvres, parmi lesquelles sa Fantaisie romantique, écrite pour piano, clarinette et quatuor à cordes, et sa Danse du mendiant pour piano (Combre, 1982).
  9. Dans L'Astronomie du 1er janvier 1950, p.325, on peut lire : « Successeur de Maurice Petit depuis 1914 dans les fonctions de Bibliothécaire-adjoint chargé des clichés de projections, il n'a cessé d'être le commensal assidu de notre Observatoire, où il continue de rendre de si précieux services ».
  10. Dans la revue L'Astronomie du 1er janvier 1919 p.369, Gabrielle Flammarion écrit : « Note collègue, André Bloch, grand prix de Rome, musicien des plus distingués, conservateur des Archives photographiques de notre Société, vient de recevoir la Croix de la Légion d'honneur pour les services qu'il a rendus pendant la guerre à la Défense nationale par ses travaux scientifiques, notamment par l'invention d'un système de repérage pour la distance et la direction des pirates ennemis - aériens ou aquatiques - d'après l'audition des moteurs ». Elle précise comment il est arrivé à cette découverte, en citant André Bloch lui-même: « Les études mathématiques m'ont toujours passionné, dit-il. J'avais avant la guerre étudié sérieusement l'acoustique comme l'astronomie. C'est ainsi que j'avais déjà cherché un appareil destiné à faire percevoir le bruit des étoiles filantes. Quand les zeppelins vinrent sur Paris, j'envoyai au ministère des Inventions une méthode de repérage qui fut prise en considération. Mais ce n'était qu'une méthode ; pour l'appliquer, il fallait des appareils. J'employai à cet effet ceux qui étaient alors connus : microphones, cornets acoustiques, etc, et les installai sur le toit de ma maison à Paris ».
  11. Dans la revue Chanteclerc artistique et littéraire du 16 novembre 1929, p.3/6, on trouve, en préambule de son article intitulé Les Américains et l'Art du Chef d'Orchestre, l’appréciation suivante : « André Bloch […] dirige à Fontainebleau avec toute son ardeur et sa compétence les cours de composition et de conducting (direction d'orchestre) ».
  12. Dans son Histoire de la Musique « L'aube du XXe siècle » (A. Collin 1958), René Dumesnil précise que le troisième épisode : Eli, Eli, « offre cette particularité de ne donner pour soutien au soliste que les contrebasses et la batterie ; sur cet accompagnement d'une saisissante simplicité, s'élève une douloureux chant du violoncelle, une plainte qui suffirait à elle seule à faire de cette suite un chef-d'œuvre, si les autres mouvements n'offraient, eux aussi, de bonnes raisons de les admirer. »

Références

  1. Archives du Bas-Rhin, Etat civil, Actes de naissance, 1873, Wissembourg, acte n°4, réf. ad67_ec_544042700003
  2. « Prix de Rome 1890-1899 », sur musimem.com (consulté le ).
  3. The Jewish Encyclopédia 1906, p.252
  4. Le conservatoire national de musique et de déclamation : Documents historiques et administratifs, Dictionnaire des lauréats, édition 1900, p.702
  5. Bulletin de la Société astronomique de France, 1er janvier 1891, p.191
  6. Article Un demi-siècle à l'Observatoire de la Société Astronomique de France, Georges Fournier, revue L'Astronomie, p.329
  7. Revue L'Aéronaute: moniteur de la Société générale d'aérostation et d'automotion aériennes, 1er août 1900, p.175
  8. Bulletin de la Société astronomique de France, 1er janvier 1901, p.310
  9. Bulletin de la Société Astronomique de France, 1er janvier 1901, p 576
  10. Bulletin de la Société Astronomique de France, 1er janvier 1906, p.583
  11. Journal Le Cri de Paris, 23 octobre 1921, p.10
  12. Bulletin de la Société de secours aux blessés militaires des armées, 1er juillet 1917
  13. Annales des postes, télégraphes et téléphones, 1er janvier 1919, p.696
  14. Anne Bongrain, Le Conservatoire national de musique et de déclamation, 1900-1930 : documents historiques et administratifs, Vrin, (ISBN 978-2-7116-2398-3 et 2-7116-2398-X, OCLC 773015941, lire en ligne), p. 311
  15. Journal Le Monde, édition du 20 novembre 1948 - Article Les concerts, de René Dumesnil
  16. Archives de Paris, Paris 17e arrondissement, Etat civil, Registre des décès, acte n°1157, cote 17D 313
  17. Registre journalier des inhumations au cimetière de Montmartre, vue 29/31, avec la mention marginale « Venant de Viry-Chatillon, mort le 7.8.1960 ».

Bibliographie

Liens externes