La célébrité de la Toccata de sa Symphonie no 5 opus 42 en fait l'une des pièces pour orgue les plus jouées encore de nos jours.
Biographie
D’abord élève de son père François-Charles (1811-1899), organiste à Saint-François de Sales de Lyon (1838-1889), il le remplace sur le banc de l’orgue paroissial à 11 ans, avant de poursuivre ses études à Bruxelles avec Fétis (théorie, composition) et Jacques-Nicolas Lemmens (orgue).
En 1860, il revient à Lyon, où il est organiste de Saint-François. Vers 1865, il s'installe à Paris et assiste Saint-Saëns à la Madeleine à partir de 1868. En 1870, il est nommé suppléant de Lefébure-Wély à l'orgue Cavaillé-Coll de Saint-Sulpice. Il ne fut jamais officiellement titularisé à ce poste qu’il tint pendant 64 ans.
Ami de la comtesse de Béarn, née Martine de Béhague, Widor est en quelque sorte son maître de chapelle pendant vingt ans pour les concerts organisés dans la "Salle byzantine" de la rue Saint-Dominique[5].
Comme virtuose de l’orgue, Widor s'est produit dans 23 pays. Il a fait de nombreuses tournées en Europe (France, Allemagne, Pays-Bas, Portugal, Italie, Suisse et Pologne), sans oublier l’Angleterre et la Russie. Il est souvent invité à inaugurer des instruments de Cavaillé-Coll comme ceux de Notre-Dame de Paris, Saint-Germain-des Prés, Saint-Ouen de Rouen, du palais du Trocadéro et le nouvel orgue de sa paroisse natale, Saint-François de Lyon.
Il joue en public jusqu'à l'âge de 90 ans et démissionne de son poste à Saint-Sulpice le [7]. Marcel Dupré, son élève et assistant, lui succède.
La musique d'orgue de Widor est conçue pour les grandes orgues symphoniques Aristide Cavaillé-Coll que l'on trouve dans plusieurs des principales églises de Paris (Notre-Dame de Paris, La Madeleine, Notre-Dame-de-Lorette, Saint-Vincent-de-Paul, Saint Sulpice, etc.). Certains mouvements de ses symphonies, notamment cette fameuse Toccata qui termine la Symphonie nº 5 opus 42, la Marche pontificale de la Symphonie no 1, ou encore l'Allegro ouvrant la Symphonie no 6, sont d'une grande virtuosité.
Widor est résolument le premier symphoniste de la littérature pour orgue. Il connaissait la musique allemande, mais son goût est bien plus dans une tradition française de la suite, et pour l'art qui ne s'annonce pas. Il appelait ses grandes œuvres Symphonies, mot qui les lie à la tradition symphonique allemande, mais les symphonies de Widor sont bien autres que des symphonies classiques en quatre mouvements. Les huit premières symphonies pour orgue de Widor ressemblent plus aux suites françaises qu'aux symphonies de Beethoven. Elles sont composées de cinq ou six mouvements caractéristiques, tels que Prélude, Marche, Menuet, Pastorale, Toccata. Les deux dernières symphonies, Gothique (pour Noël) et Romane (pour Pâques), sont remarquables pour leur usage du grégorien dans un contexte qui résume tout l'art de leur compositeur.
On continue toujours à jouer ses compositions, notamment sa fameuse Toccata, mouvement final de sa 5e Symphonie pour orgue, dont la célébrité a fini par occulter le reste de son œuvre. Sa musique a été à l'honneur lors du mariage d'Élisabeth II, reine d'Angleterre en 1947.
Widor est par ailleurs l'auteur d'un traité d'orchestration. Il l'a conçu comme un complément au traité d'orchestration de Berlioz, rendu nécessaire selon lui par les progrès des instruments depuis la rédaction de ce dernier ouvrage alors universellement adopté par les compositeurs de musique symphonique.
Œuvres instrumentales
Pièces orchestrales
Symphonie no 1 op. 16 (1870, Durand)
Concerto pour piano et orchestre no 1 op. 39 (1876, Hamelle)
Concerto pour violoncelle et orchestre op. 41 (1882, Hamelle)
Symphonie pour orgue et orchestre op. 42a (1882, A-R Editions)
Chant séculaire pour soprano solo, chœur et orchestre op. 49
Symphonie no 2 op. 54 (1886, Heugel)
Maître Ambros pour orchestre op. 56 (Hamelle)
La nuit de Walpurgis - poème symphonique op. 60 pour chœur et orchestre (1887, Hamelle)
Fantaisie pour piano et orchestre op. 62 (1889, Durand)
Conte d’Avril pour orchestre op. 64 (Heugel)
Symphonie no 3 pour orgue et orchestre op. 69 (1894, Schott)
Choral et Variations pour harpe et orchestre op. 74 (1900, Leduc)
Concerto pour piano et orchestre no 2 op. 77 (1906, Heugel)
Sinfonia sacra pour orgue et orchestre op. 81 (1908, Otto Junne)
Symphonie antique pour solistes, chœur, orgue et orchestre op. 83 (1911, Heugel)
La Korrigane pour orchestre WoO (1880, Heugel)[10]
Ouverture espagnole pour orchestre WoO (1897, Heugel)
Orgue solo
Symphonie pour orgue no 1 op. 13 no 1 (1872, Hamelle)
Symphonie pour orgue no 2 op. 13 no 2 (1872, Hamelle)
Symphonie pour orgue no 3 op. 13 no 3 (1872, Hamelle)
Symphonie pour orgue no 4 op. 13 no 4 (1872, Hamelle)
Marche Américaine (transcription par Marcel Dupré : no. 11 des 12 Feuillets d’Album op. 31, Hamelle)
Toccata op. 42 no 1 (arr. Isidor Philipp) (transcription du 5e mouvement de la Symphonie pour orgue nº 5) (Schirmer)
Symphonie no 2 op. 54 (Durand)
Fantaisie op. 62 (Durand)
Conte d'avril op. 64 (Schott)
Œuvres vocales
Musique sacrée
O Salutaris op. 8 (Hamelle) - contralto ou baryton et orgue
Tantum ergo op. 18 no 1 (Hamelle) - chœur d'hommes, chœur mixte et orgue
Regina cœli op. 18 no 2 (Hamelle) - chœur d'hommes, chœur mixte et orgue
Quam dilecta tabernacula tua op. 23 no 1 (1876, Hamelle) - chœurs et orgue
Tu es Petrus op. 23 no 2 (1876, Hamelle) - chœurs et orgue
Surrexit a mortuis (Sacerdos et Pontifex) op. 23 no 3 (1876, Hamelle) - chœurs et deux orgues
Ave Maria op. 24 (Hamelle) - mezzo-soprano, harpe et orgue
Messe op. 36 (1890, Hamelle) - chœurs et orgue
Ave Maria op. 59 - voix et orgue
O salutaris op. 63 - voix, violon ou violoncelle et orgue
Ecce Joanna, Alleluia! (1925, Schola Cantorum) - chœur mixte et orgue
Psaume 112 (1879) - chœurs, orgue et orchestre
Musique profane
6 Mélodies op. 14 (1872, Hamelle) - voix et piano
6 Mélodies op. 22 (1875, Hamelle) - voix et piano
3 Chants op. 25 (Hamelle) - chœur mixte
3 Mélodies op. 28 - voix et piano
2 Duos op. 30 - soprano, contralto et piano
3 Mélodies italiennes op. 32 (Hamelle) - voix et piano
3 Mélodies italiennes op. 35 (Hamelle) - voix et piano
6 Mélodies op. 37 (Hamelle) - voix et piano
2 Duos op. 40 (Hamelle) - soprano, contralto et piano
6 Mélodies op. 43 (Hamelle) - voix et piano
6 Mélodies op. 47 (Hamelle) - voix et piano
6 Mélodies op. 53 - voix et piano
Soirs d’été op. 63 (1889, Durand) - voix et piano
Mon bras pressait (Hamelle) - soprano et piano
Contemplation (Hamelle) - mezzo-soprano et piano
Musique de théâtre
Conte d’Avril op. 64 (1885) : musique de scène
Maître Ambros : drame lyrique en 4 actes et 5 tableaux de François Coppée & Auguste Dorchain (réduction pour piano publiée chez Heugel, 1886)
Jeanne d'Arc. Légende mimée en 4 tableaux : I, Domrémy, II, La Délivrance d'Orléans, III, Le Bûcher, IV, L'Apothéose, Chant militaire. Poésie d'Auguste Dorchain. Musique de Ch. M. Widor. Paris, Hippodrome, 25 juin 1890 (éd. Paris, Hamelle, s. d.)
Les pêcheurs de Saint-Jean, opéra (1904, Heugel)
Nerto WoO (1924, Heugel)
Publications
Charles-Marie Widor, Initiation musicale, Librairie Hachette, coll. des Initiations, Paris, 1923, 159 p.
↑La seule critique de Widor concernant le grand orgue de Saint-Sulpice était que la Pédale lui semblait un peu faible avec seulement 12 jeux sur une centaine. Pour souligner sa retraite en 1933, la paroisse lui a offert — un peu tard — deux jeux additionnels pour la Pédale, soit un Principal 16' et un Principal 8', installés par Pleyel-Cavaillé-Coll à l’extérieur du buffet sur des sommiers séparés.
↑Son acte de décès (n°528) dans les registres de décès du 16e arrondissement de Paris pour l'année 1937.
Anne-Isabelle de Parcevaux, Charles-Marie Widor, Paris, Bleu Nuit Éditeur (collection Horizons, no 47), 2015, 176 p.
(it) Giuseppe Clericetti, Charles-Marie Widor : la Francia organistica tra Otto e Novecento, préface de Guy Bovet, Zecchini, Varese, 2010, VIII-272 p. (ISBN978-88-6540-006-7).
(it) Giuseppe Clericetti, « Il Fondo Widor della Biblioteca di Villa Medici » in Studiolo, VIII, Académie de France à Rome, 2010, p. 295–307.
Marc Honegger, Dictionnaire de la Musique - Les Hommes et leurs Œuvres, Paris, Bordas, 1970.