En 1873, Hippolyte de Villemessant, directeur du Figaro, journal paraissant le matin, a l'idée de compléter celui-ci par un second titre qui contiendrait toutes les dernières nouvelles financières et politiques de la journée, sans n'être pour autant qu'une simple édition du soir du Figaro. Après une première tentative infructueuse en association avec le directeur de La Presse, Villemessant lance L'Estafette, journal du soir le , en remplacement d'un autre journal du soir, le Journal de Paris d'Édouard Hervé (monarchiste constitutionnel)[1]. Pour composer la rédaction du nouveau journal, Villemessant choisit Ernest Daudet comme rédacteur en chef, Auguste Vitu pour les « racontars de la Bourse » et son propre gendre, Benoît Jouvin, en tant que critique dramatique et musical[2].
À peine quelques semaines plus tard, Villemessant revend le journal pour 100 000 francs[3] à Léonce Détroyat, qui venait alors de fonder le Bon Sens après avoir quitté la Liberté. Fusionnée avec le Bon Sens[4] au début du mois de juillet[5], l’Estafette devient un titre bonapartiste, qui soutient le maréchal de Mac Mahon lors de la crise du 16 mai 1877. À cette époque, son tirage quotidien est de 15 000 exemplaires[6].
Le , la société Détroyat-Soubeyran vend le journal à une société Détroyat-Albiot. Le marché conclu entre les deux raisons sociales n'ayant pas été exécuté, le quotidien est remis en vente par le liquidateur et racheté par Détroyat. Cependant, Jean Albiot conteste ce rachat et fait paraître sa propre édition de l’Estafette concurremment à celle de son ex-associé : ainsi, deux Estafette coexistent pendant quinze jours[7]. Ayant gagné son procès, Albiot poursuit pendant quelques mois la publication du journal, qui adopte une ligne éditoriale républicaine[8].
Entre le et le , un seul numéro est publié, le , afin de conserver la propriété du titre[9].
De 1886 à 1914
En , une nouvelle Estafette, paraissant désormais le matin, voit le jour par la fusion du Gagne-Petit et de l’Opinion[10], dont il reprend la numérotation[9]. Son nouveau propriétaire, Odilon Crouzet, en est à la fois le directeur et le rédacteur en chef jusqu'au , date à laquelle il est arrêté pour avoir détourné plus de 180 000 francs en tant que trésorier de l'Association syndicale professionnelle des journalistes républicains français[11].
Rachetée le mois suivant par le patron de presseValentin Simond[12], qui la fusionne avec le Réveil-Matin, l’Estafette est cédée en à une société anonyme agissant pour le compte de Jules Ferry. Le journal, qui continue à s'opposer au boulangisme et adopte la devise positiviste « Ordre et Progrès »[13], devient ainsi l'organe officieux de l'ancien président du conseil.
Le , le docteur Paul de Régla (1838-1918)[14] devient le directeur de l’Estafette[15].
Dotée d'un supplément hebdomadaire illustré entre 1894 et 1905, l’Estafette cesse de paraître en 1914[9].