À l’occasion de son baptême, le , il est officiellement fait chevalier de l’ordre de la Toison d’or et de celui de Charles III (avec collier) par son père le roi Alphonse XIII, qui assure la grande maîtrise de ces deux ordres ; il reçoit les prénoms d’Alfonso Pío Cristino Eduardo Francisco Guillermo Carlos Enrique Eugenio Fernando Antonio Venancio[1].
Entre 1908 et 1914, la reine Victoire-Eugénie donne naissance à six autres enfants : l’infant Jacques (1908-1975), l’infante Béatrice (1909-2002), l’infant Ferdinand (mort-né en 1910), l’infante Marie-Christine (1911-1996), l’infant Juan (1913-1993), et l’infant Gonzalve (1914-1934).
Le prince des Asturies a une santé très fragile durant toute sa vie puisqu’il souffre d’hémophilie, une maladie génétique qui a affecté des descendants de la reine Victoria. Les crises entraînées par la maladie font qu’il n’obtient pas une formation suffisante pour devenir un jour roi ; en outre, il connaît des difficultés à assurer les fonctions publiques que requiert la position d’héritier du trône.
Le jour suivant la proclamation de la Seconde République espagnole, le , il part avec sa famille vers l’exil. Ne pouvant marcher en raison des crises qui l’affligent, le prince doit être aidé pour quitter le palais royal de Madrid. Aux côtés de sa mère et de la plupart de ses frères et sœurs, il quitte le pays en train pour rejoindre la France.
Ainsi, dans une lettre rédigée le , il renonce pour lui et son éventuelle descendance au trône d’Espagne ; il prend le titre de courtoisie de « comte de Covadonga ».
Dix jours plus tard, le 21juin, l’infant Alphonse épouse doña Edelmira en l’église du Sacré-Cœur d’Ouchy, près de Lausanne. Née à Sagua La Grande le , celle qui devient la « comtesse de Covadonga » est la fille de Pablo Sampedro y Ocejo, propriétaire d’une plantation de cannes à sucre, et d’Edelmira Robato y Turo, d’origine asturienne. Sans descendance, le couple divorce le à La Havane[b], mais non reconnue en Espagne[3].
En secondes noces, Alphonse contracte le 3juillet suivant une union civile à l’ambassade d’Espagne à La Havane avec Marta Rocafort y Altuzarra (1913-1993), mannequin de haute couture également de nationalité cubaine, fille du Dr Blas Manuel Rocafort y González, odontologue, et de Rogelia Altuzarra y Carbonell. Sans postérité, les époux se séparent à La Havane le [1],[3].
Officiellement, le « comte de Covadonga » n’a pas de descendants issus de ses deux mariages. Toutefois, un certain Leon Shafferman (1932-2012), né à Lausanne et dit Alfonso de Bourbon(en), a prétendu être le fils pré-marital d’Alphonse et d’Edelmira[6].
Mort et sépultures
Le 6 septembre 1938, à Miami, la voiture d'Alphonse, qui a fait une embardée pour éviter un camion, s'écrase contre une cabine téléphonique. Bien que l'accident ait été mineur et ses blessures superficielles, Alphonse fait néanmoins une hémorragie interne à cause de son hémophilie et meurt au Gerland Hospital, à l'âge de 31 ans.
Le , la République est proclamée ; le roi et sa famille sont contraints à quitter le pays[7]. Alors qu’Alphonse XIII se trouve en exil, les titres octroyés sous la Deuxième Restauration sont rendus caducs par le nouveau régime. D’ailleurs, ceux du prince Alphonse n’y échappent pas : ils deviennent comme les autres irréguliers et illégaux puisqu’il n’existe plus de fons honorum garantissant leur pérennité.
Après la renonciation de Jacques, le , un autre frère cadet d’Alphonse, l’infant Juan (1913-1993), devient l’héritier dynastique d’Alphonse XIII et prend conséquemment le titre de courtoisie de « prince des Asturies » ; il lui succède en comme prétendant au trône et renonce en 1977 à ses prétentions dynastiques en faveur de son fils Juan Carlos[7].
Honneurs
Honneurs espagnols
Toutes les décorations espagnoles que le prince Alphonse reçoit émanent de son père Alphonse XIII ; elles sont octroyées par le biais de différents décrets royaux réguliers.
Coupé de deux : en I, parti de trois : en 1, d’or à quatre pals de gueules, en 2, écartelé en sautoir d’or aux quatre pals de gueules et d’argent à l’aigle de sable, en 3, de gueules à la fasce d’argent et en 4, d’azur semé de fleurs de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules ; en II, parti d’or à six fleurs de lys d’azur posées 3, 2 et 1 et d’or à six tourteaux mis en orle, cinq de gueules, celui en chef d’azur chargé de trois fleurs de lys d’or ; en III, parti bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules et de sable, au lion d’or, armé et lampassé de gueules ; enté en pointe parti d’or, au lion de sable, armé et lampassé de gueules et d’argent à l’aigle éployé de gueules, membré et becqué d’or ; sur-le-tout, écartelé en 1 et 4, de gueules au château d’or ouvert et ajouré d’azur et en 2 et 3 d’argent au lion de gueules armé, lampassé et couronné d’or, enté en pointe du sur-le-tout d’argent à une pomme grenade de gueules, tigée et feuilleté de sinople ; sur-le-tout-du-tout d’azur aux trois fleurs de lys d’or à la bordure de gueules.
Paul Watrin, « Décès de Monseigneur le dauphin Alphonse de France (dit comte de Covadonga) », La Science historique : Bulletin de la Société archéologique de France, t. XXXVI, , p. 45-47 (OCLC1765201, BNF31625350).
(es) José María Zavala, El Borbón de cristal : la increíble historia del Príncipe de Asturias, Barcelone, Altera, , 299 p. (ISBN978-84-96840-87-4 et 84-96840-87-5)
(es) Luis Español Bouche, Nuevos y viejos problemas en la sucesión de la Corona Española : pragmática de Carlos III sobre matrimonios desiguales, derechos a la corona de los hijos naturales, necesidad de una ley de sucesión, Doña Teresa de Ballabriga, Madrid, Ediciones Hidalguía, , 219 p. (ISBN84-89851-13-1, lire en ligne)
(es) Juan Balansó, Trio de Principes, Barcelone, Plaza & Janes, coll. « Asi fue : la historia rescatada » (no 2), (1re éd. 1995), 240 p. (ISBN84-01-53000-8)
↑La construction de l’appellation francophone du prince s’appuie sur son identité enregistrée au registre d’état civil spécial de la famille royale, le Registro del Estado Civil de la Familia Real de España ; il y est inscrit en tant qu’Alfonso Pío Cristino Eduardo Francisco Guillermo Carlos Enrique Eugenio Fernando Antonio Venancio de Borbón y Battenberg[1]. En langue française, la traduction complète et équivalente de son identité espagnole est celle d’Alphonse Pie Christian Édouard François Guillaume Charles Henri Eugène Ferdinand Antoine Venance de Bourbon[2]. La transformation du patronyme original en « de Bourbon et Battenberg » est également attestée dans d’autres sources[3].
↑Aux yeux de l’Église catholique et donc à ceux des légitimistes, doña Edelmira, appelée Édelmire de Bourbon, continue d’être l’épouse, puis la veuve d’Alphonse ; elle reste la seule « comtesse de Covadonga » possible[1].
↑En 1936, la revue La Science historique signale[5] : « leur fils aîné, Alphonse également, est dauphin et sa femme Edelmire Sampedro-Ocejo est Dauphine ».
Références
↑ abcdef et g(es) José Luis Sampedro Escolar, « La Descendencia de don Alfonso XIII », dans Real Academia Matritense de Heráldica y Genealogía, Anales de la Real Academia Matritense de Heráldica y Genealogía, vol. I, Madrid, La Academia, , 298 p. (ISSN1133-1240, lire en ligne), p. 70, 71
↑Paul Watrin, « Alphonse I, roi de France », La Science historique : bulletin de la Société archéologique de France, t. XXXII, , p. 118 (OCLC1765201, BNF31625350).
↑(es) Eduardo Santana, « Muere atropellado por un camión Alfonso de Bourbon, un supuesto familiar del Rey », ABC, (lire en ligne)
↑(es) Carlos Robles do Campo, « Los Infantes de España tras la derogación de la Ley Sálica (1830) », dans Real Academia Matritense de Heráldica y Genealogía, Anales de la Real Academia Matritense de Heráldica y Genealogía, vol. XII, Madrid, La Academia, , 451 p. (ISSN1133-1240), p. 368
↑ ab et c(es) « Real decreto disponiendo que el Príncipe recién nacido sea condecorado con el Collar de la Insigne Orden del Toisón de Oro y el de la Real y distinguida Orden de Carlos III y con la Gran Cruz de la de Isabel la Católica », Gaceta de Madrid, (lire en ligne)
↑(es) « Real decreto nombrando para la dignidad de Comendador Mayor de Montalbán, vacante en la Orden de Santiago, a S. A. Real el Serenísimo Señor Príncipe de Asturias, Frey Don Alfonso de Borbón y Battenberg, dignidad de Trece de la misma Orden », Gaceta de Madrid, (lire en ligne)
↑(es) « Real decreto agraciando con el Collar de la Real Orden de Isabel la Católica a Su Alteza Real Don Alfonso de Borbón, Principe de Asturias », Gaceta de Madrid, (lire en ligne)
↑(da) Jørgen Pedersen, Riddere af Elefantordenen 1559-2009, Ostende, Syddansk Universitetsforlag, coll. « University of Southern Denmark Studies in History and Social Sciences » (no 384), , 472 p. (ISBN978-87-7674-434-2)
↑(es) Alfonso de Ceballos-Escalera y Gila, Marqués de la Floresta, « Las Armas del Príncipe de Asturias », dans Real Academia Matritense de Heráldica y Genealogía, Anales de la Real Academia Matritense de Heráldica y Genealogía, vol. I, Madrid, La Academia, , 298 p. (ISSN1133-1240, lire en ligne), p. 19