Au décès de son neveu le duc d'Anjou et de Madrid, Jacques de Bourbon (1870-1931), à Paris le , Alphonse de Bourbon devient l’aîné des descendants d’Hugues Capet et de Louis XIV, et donc de la maison royale de France. Il prend le titre de courtoisie de duc de San Jaime (parfois francisé en duc de Saint-Jacques par certains auteurs[Note 1]), et ses partisans français le proclament duc d’Anjou. Il ne semble pas avoir fait lui-même usage de ce titre, mais les carlistes espagnols le lui ont eux aussi donné[5].
Il décide à Vienne le (jour de la Saint-Charles) de se prénommer désormais Alphonse-Charles, pour ne pas gêner son cousin et héritier, Alphonse XIII (le roi détrôné de la branche cadette et rivale, désormais déchue depuis le mois d'avril de cette même année), avec lequel il s’était réconcilié. Alphonse-Charles de Bourbon prend à cette même date le titre de courtoisie de duc de San Jaime (duc de Saint-Jacques), en l’honneur de saint Jacques le Majeur, patron de l’Espagne.
Les deux Alphonse se rencontrent une première fois à Vienne le . Ce fut une entrevue chaleureuse, au cours de laquelle les deux prétendants convinrent « de travailler de concert pour sauver l'Espagne et la religion » (él y yo fijamos de trabajar juntos para salvar España y la Religión).
Le au château de Puchheim(de) (à Attnang-Puchheim, à une soixantaine de kilomètres de Salzbourg), propriété du chef de la maison de Bourbon (qui l'avait hérité de la comtesse de Chambord), les deux cousins se rencontrent une nouvelle fois ; mais pour le duc de San Jaime (qui est dans une posture beaucoup plus idéologique que dynastique, contrairement à son neveu et prédécesseur en ), cette visite ne revêt qu'un caractère familial et non politique, comme il le souligne dans la lettre qu'il écrit à Alphonse XIII deux jours après (me permito decirte, con toda franqueza, que esta visita deberá ser tan sólo de carácter familiar, y por lo tanto no tener nada que ver con la política ni con la cuestión sucesoria), en faisant allusion à une prochaine rencontre prévue un mois plus tard (mais qui n'eut pas lieu).
Victime d'un accident de la circulation[Note 3] survenu à Vienne le , Alphonse-Charles de Bourbon meurt quelques heures plus tard (à minuit et demi, à l'orée de la fête de saint Michel, patron de la France) dans la capitale autrichienne. Il est inhumé dans la chapelle Saint-Georges de son château de Puchheim. Sa tombe porte l’inscription en espagnol Alfonso Carlos de Borbón y Austria Este, nació el 12 de septiembre 1849, murió el 29 de septiembre 1936.
Il était le dernier prétendant carliste en ligne directe à la Couronne d’Espagne. Sa mort ouvrit une discussion chez les carlistes, et dans une bien moindre mesure[Note 4] chez les légitimistes.
La plupart des carlistes suivirent les dernières volontés du défunt, qui désigna le un neveu de sa femme, Xavier de Parme (1889-1977), comme régent (mais non comme successeur) pour la revendication carliste. Les autres carlistes, ainsi que la plupart des légitimistes, considérèrent le roi Alphonse XIII (appelé jusque-là prince Alphonse ou simplement Alphonse de Bourbon, par les carlistes), désormais devenu l’aîné selon l’ordre traditionnel de primogéniture, comme successeur pour les droits d’aînés des Bourbons de France et d'Espagne.
Lutte contre le duel
Alphonse-Charles de Bourbon s'est consacré à l'abolition du duel. Pour gagner le soutien du public, il a écrit un livre sur le sujet en français (traduit en allemand)[12] et plusieurs articles de revues en anglais[13],[14]. Il a utilisé ses contacts sociaux pour encourager l'établissement de ligues anti-duel dans l'Empire allemand (avec l'oncle de son épouse Charles, 6e prince de Löwenstein-Wertheim-Rosenberg, en tant que président), France, Autriche, Italie (sous le patronage du roi Victor Emmanuel II), la Hongrie, la Belgique et l'Espagne (avec le roi Alphonse XIII comme président d'honneur).
↑Nommé Alphonse Ier par le légitimiste Paul Watrin dans sa revue La Science historique, qui était l'organe officieux[6] du légitimisme pendant l'entre-deux-guerres (1921-1940). D'autres légitimistes, plus proches du service d'honneur de l'aîné des Bourbons (comme Jean de Mayol de Lupé et Sixte de Bourbon-Parme) optèrent[7] pour le nom de Charles XII, et c'est celui qui fut retenu par le légitimisme d'après-guerre (notamment quand il s'agit de nommer le duc d'Anjou et de Cadix en 1975 : ce prétendant choisit de prendre le nom d'Alphonse II au lieu d'Alphonse III, Alphonse Ier étant pour lui son grand-père Alphonse XIII).
↑Patrick van Kerrebrouck, La maison de Bourbon (1256-1987), coll. Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France,éd. Patrick van Kerrebrouck, Villeneuve d'Ascq, 1987, p.309
↑Comte H. C. Zeininger, « Le décès de Don Alphonse-Charles de Bourbon et ses conséquences », Rivista araldica, vol. 34, , p. 435-436 (ISSN0035-5771, BNF34470522).
↑Hugues Trousset, La légitimité dynastique en France, Grenoble, Éditions Roissard, 1987, 132 p. (BNF34934971), p. 123, lire en ligne).
↑Francisco de las Heras y Borrero, Un pretendiente desconocido : Carlos de Habsburgo, el otro candidato de Franco, Madrid, 2004 (BNF39931827), p.25.
↑Hervé Pinoteau, Le chaos français et ses signes : Étude sur la symbolique de l’État français depuis la révolution de 1789, éditions PSR, 1998 (ISBN2-908571-17-X), p. 276.
↑Hervé Pinoteau, Le chaos français et ses signes, op. cit., p. 274.
↑Alphonse-Charles de Bourbon, Resumé de l'histoire de la création et du développement des ligues contre le duel et pour la protection de l'honneur dans les différents pays de l'Europe de fin novembre 1900 à fin octobre 1908 (Vienna: Jasper, 1908). German translation: Kurzgefasste Geschichte der Bildung und Entwicklung der Ligen wider den Zweikampf und zum Schutze der Ehre in den verschiedenen Ländern Europas von Ende November 1900 bis 7. Februar 1908, Vienne, éd. J. Roller, 1909
↑"The Effort to Abolish the Duel", The North American Review 175 (August 1902): 194–200
↑"The Fight Against Duelling in Europe", The Fortnightly Review 90 (1 August 1908): 169–184
↑ ab et cPatrick van Kerrebrouck, La maison de Bourbon (1256-1987), Villeneuve d'Ascq, Patrick van Kerrebrouck, coll. « Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France », , p.309.
↑Hervé Pinoteau, État de l’ordre du Saint-Esprit en 1830 et la survivance des ordres du roi, Paris, Nouvelles Éditions Latines, coll. « Autour des dynasties françaises », , 165 p. (ISBN2-7233-0213-X, lire en ligne), p. 138 et 140. Jacques de Bourbon créa des chevalier de l'Ordre du Lys, cette décoration n'était pas un ordre lors de sa création en 1814, mais le prétendant la considérait manifestement comme telle.
Paul Watrin, « Alphonse I, roi de France », La Science historique : bulletin de la Société archéologique de France, t. XXXII, , p. 111-118 (OCLC1765201, BNF31625350).
Jacques Bernot, Les princes cachés : Histoire des prétendants légitimistes 1883-1989, Paris, Lanore, , 288 p. (ISBN978-2-262-00725-6 et 2-262-00725-X).
Documentos de D. Alfonso Carlos de Borbon y de Austria-Este (Madrid: Editorial Tradicionalista, 1950).
Patrick van Kerrebrouck, La maison de Bourbon (1256-1987), coll. Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France,éd. Patrick van Kerrebrouck, Villeneuve d'Ascq, 1987
Comte H. C. Zeininger, « Le décès de Don Alphonse-Charles de Bourbon et ses conséquences », Rivista araldica, vol. 34, 1936, p. 435-436 (ISSN 0035-5771, BNF 3447052)
Hervé Pinoteau,État de l’ordre du Saint-Esprit en 1830 et la survivance des ordres du roi, Paris, Nouvelles Éditions Latines, coll. « Autour des dynasties françaises » (noII), 1983, 165 p.
Hervé Pinoteau, Le chaos français et ses signes : Étude sur la symbolique de l’État français depuis la révolution de 1789, éditions PSR, 1998
Miguel Romero Saiz, Doña Blanca (2010), Alderabán Ediciones, Madrid, 2010
Couëssin, P., Boutillier du Retail, Armand, Recueil. Dossiers biographiques Boutillier du Retail. Documentation sur Alphonse-Charles de Bourbon (1936),Paris, L'action française, 1936
Borbón, Alfonso Carlos de, Elío y Magallón, Elio, Una mirada íntima al día a día del pretendiente carlista : cartas de don Alfonso Carlos de Borbón al marqués de Vessolla, Pamplona : Gobierno de Navarra, 2016, 504p