Son arrivée à la cour d'Angleterre ne se fait pas sans avoir créé quelques tensions entre les barons anglais et les Savoyards — oncles, cousins, nobles — qui l'accompagnent[7]. Ainsi, l'évêque Guillaume de Savoie devient un proche conseiller du roi, tandis que son frère Boniface obtient le titre d'archevêque de Cantorbéry[8],[9],[10]. La médiéviste Louise J. Wilkinson rappelle, par ailleurs, que la reine profite de sa position pour marier les jeunes filles de la faction savoyarde, appartenant à son entourage, à des membres de l'aristocratie anglaise[11]. Alasia, fille du marquisManfred III de Saluces, épouse ainsi en 1247 le comte Edmund de Lacy[11].
Alors que son mari part combattre en Gascogne, en 1253, elle régit pendant 10 mois l'Angleterre[12]. Elle est aidée par Richard de Cornouailles[12]. Elle s'occupe notamment du mariage de son fils, Édouard, avec Éléonore de Castille[12]. L'historienne anglaise Margaret Howell considère que cette régence est une preuve de la très grande confiance que lui fait son époux[12].
Pierre de Savoie, devenu comte, rédige un testament en 1264 dans lequel il fait de sa nièce, Éléonore, l'héritière du comté en cas de décès, avant son frère Philippe, ses neveux et excluant par ailleurs sa propre fille[13],[14]. Philippe Ier de Savoie lui succédera finalement.
La reine Éléonore signe, à Bordeaux le , une charte de coutume — garantissant aux habitants des droits et avantages — à la bastide de Monségur[15].
Elle devient ainsi célèbre par sa piété, et elle est connue sous le nom de Sainte Éléonore, bien qu'elle ait seulement été béatifiée et non canonisée. On la fête le 25 juin[20].
↑ a et bEmmanuel Davin, « Béatrice de Savoie, Comtesse de Provence, mère de quatre reines (1198-1267) », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, vol. 1, no 2, , p. 176-189 (lire en ligne).
↑(en) Huw Ridgeway, « King Henry III and the 'Aliens', 1236-1272 », dans Thirteenth Century England : Proceedings of the Newcastle upon Tyne Conference, 1987, vol. 2, Woodbridge, Boydell Press, (ISBN978-0-85115-513-5), p. 81, 84.
↑ a et b(en) Louise J. Wilkinson, Women in Thirteenth-Century Lincolnshire, vol. 54, Boydell & Brewer Ltd, coll. « Royal Historical Society Studies in History New Series », , 262 p. (ISBN978-0-86193-334-1, lire en ligne), p. 50.
↑Testament de septembre 1264 (REG 0/0/1/979), publié dans le Régeste genevois (1866), que l'on peut consulter en ligne dans le Répertoire chronologique des sources sur le site digi-archives.org de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice.
↑Laurent Ripart, « Non est consuetum in comitatu Sabaudie quod filia succedit patri in comitatu et possessione comitatus Genèse de la coutume savoyarde de l’exclusion des filles », Cahiers lausannois d'histoire médiévale, , p. 295-331 (lire en ligne, consulté le ).
↑L'Esclapot ou cartulaire de Monségur, publié par la Société des archives historiques du département de la Gironde, 1863, p. 3 et suivantes (lire en ligne).
↑(en) Michael Evans, The Death of Kings : Royal Deaths in Medieval England, A&C Black, , 288 p. (ISBN978-1-85285-585-7, lire en ligne), p. 211.
↑ ab et c(en) Loveday Lewes Gee, Women, Art, and Patronage from Henry III to Edward III : 1216-1377, Boydell & Brewer, , 219 p. (ISBN978-0-85115-861-7, lire en ligne), p. 148-149, Notice.
(en) Nancy Goldstone, Four Queens : The Provençal Sisters Who Ruled Europe, London, Weindenfeld & Nicholson, , 410 p. (ISBN978-0-7538-2683-6).
(en) Margaret Howell, Eleanor of Provence : Queenship in Thirteenth-Century England, Oxford, Blackwell Publishers, , 384 p. (ISBN978-0-631-22739-7). Margaret Howell est professeure d'histoire à St Hilda's College (Oxford).