Sur les 54 réalisés, six ont été perdus, tandis que deux autres œufs ont été créés mais non livrés, les œufs Constellation (connus en deux exemplaires) et œuf de bouleau (ou de Carélie) pour l'année 1917[Note 1].
Sept gros œufs ont aussi été fabriqués pour la famille Kelch de Moscou.
Les œufs sont faits de métaux précieux ou de pierres dures décorées avec des combinaisons d'émail et de pierres précieuses.
Le terme « œuf de Fabergé » est devenu synonyme de luxe et les œufs sont considérés comme des chefs-d'œuvre de la joaillerie. Les œufs de Pâques Pierre-Karl Fabergé impériaux sont considérés comme la dernière grande série de commissions pour objets d'art.
Histoire
Les Fabergé sont issus d'une famille huguenote française qui émigre à la suite de la révocation de l'édit de Nantes (par l'édit de Fontainebleau) sur décision de Louis XIV en 1685. La famille erre en Europe de l'Est pendant plus d'un siècle avant de s'installer dans la capitale russe, Saint-Pétersbourg, où le père de Pierre-Karl, orfèvre, fonde la Maison Fabergé en 1842. Après des études en Allemagne, en France, en Angleterre et chez les maîtres joailliers européens, Pierre-Karl reprend les rênes de l’entreprise familiale en 1872. En dix ans il hisse la Maison Fabergé au plus haut niveau et est remarqué par le tsar Alexandre III.
Le souverain décide d'offrir à sa femme l'impératrice Maria Fedorovna un œuf de Pâques en 1885, peut-être pour célébrer le vingtième anniversaire de leurs fiançailles et fait appel au joaillier. L'œuf renvoie à une tradition païenne de célébration du renouveau de la nature au printemps, tradition associée par la suite à la résurrection du Christ à travers les œufs de Pâques[2].
On pense que l'inspiration du Tsar pour ce premier œuf fut une pièce possédée par la tante de l'Impératrice, la princesse Wilhelmine-Marie de Danemark, qui avait captivé l'imagination de Maria dans son enfance. Connu sous le nom d'œuf à la poule, le cadeau du tsar est en or, sa coquille blanche opaque émaillée s'ouvre pour révéler sa première surprise, un jaune d'or mat qui contient lui-même une poule, de couleur or, qui s'ouvre également. Il contient une réplique de diamants minute de la Couronne impériale à partir duquel un petit pendentif rubis a été suspendu. Malheureusement, ces deux dernières surprises ont été perdues[3].
L'impératrice Marie est tellement enchantée par cet œuf qu'Alexandre III nomme Fabergé « orfèvre par nomination spéciale à la couronne impériale ». Un autre œuf est commandé l'année suivante. Peter Carl Fabergé, qui a dirigé la Chambre, a apparemment une totale liberté pour l'avenir des œufs impériaux de Pâques. Leurs dessins et modèles deviennent plus complexes. Selon la tradition, pas même le tsar ne savait quelle forme ils allaient prendre : la seule obligation était que chacun devait contenir une « surprise » rappelant l'histoire de la famille impériale. À la mort d'Alexandre III le , son fils offre un œuf de Fabergé à la fois à son épouse, l'impératrice Alexandra Fedorovna et à sa mère, l'impératrice douairière Maria Fedorovna. Une fois un dessin ou modèle initial approuvé par Peter Carl Fabergé, le travail est réalisé par toute une équipe d'artisans, parmi lesquels Mikhaïl Perkhine, Henrik Wigström et Erik August Kollin.
Lors de la révolution bolchevik de 1917, les ateliers Fabergé sont nationalisés et convertis en fabriques d'armes de guerre, et la famille Fabergé se réfugie en Suisse. Une partie de la collection des œufs impériaux est vendue à l'étranger afin d'obtenir des devises étrangères mais 24 œufs sont placés dans le palais des Armures. En 1927, Staline en vend quatorze, n'en laissant ainsi que dix au Kremlin[4].
Une autre collection de douze œufs de Fabergé est rassemblée par l'éditeur américain Malcolm Forbes[5]. En , les héritiers Forbes souhaitent vendre la collection chez Sotheby’s mais Elena Gagarine, fille du cosmonaute Youri Gagarine et directrice des Musées du Kremlin de Moscou, souhaite leur retour en Russie. L'homme d'affaires russe Viktor Vekselberg acquiert l'ensemble de la collection avant les enchères, de gré à gré, pour 100 millions de dollars afin de « rendre à son pays l'un de ses trésors les plus vénérés »[6]. Transportée en Russie, cette collection est exposée depuis à Saint-Pétersbourg au palais Chouvalov dans lequel est ouvert le musée Fabergé. Ce musée possède actuellement la plus grande collection d’œufs de Fabergé dans le monde, quatorze dont neuf sont des œufs impériaux[7].
Les œufs de Fabergé ont été produits sous licence par l'entreprise de joaillerie Victor Mayer à Pforzheim de 1989 à 2009. En 2007, le nom Fabergé est racheté avec l’accord de l'arrière-petite-fille de Pierre-Karl, Tatiana Fabergé. L'artiste joaillier français Frédéric Zaavy préside aux nouvelles créations, en veillant à préserver l’esprit du fondateur[8]. En 2010, s’est ouverte la première boutique Fabergé depuis 1915, à Genève, pour une présentation de cent créations de haute joaillerie.
Premier œuf créé par Fabergé pour le tsar Alexandre III. L'impératrice l'apprécia tellement qu'Alexandre commanda un œuf à Fabergé à chaque fête de Pâques.
Œuf dont la trace avait été perdue en 1964. Acheté pour son or par un ferrailleur aux États-Unis avant que ce dernier ne l'identifie en 2014 et ne le revende au joaillier Wartski pour un collectionneur anonyme[9]
Collection privée
1888
Ange avec un œuf dans un chariot
Également connu sous le nom d'Ange avec œuf dans le char. Livré en 1888 à Alexandre III, c'est l'un des œufs impériaux perdus, donc peu de détails sont connus à son sujet (illustration ci-contre par photomontage) [10]
disparu
1889
Œuf aux perles (dit aussi Œuf Nécessaire).
Fabriqué et livré à Alexandre III, qui l'a présenté à sa femme, Maria Feodorovna, à Pâques 1889.
disparu
1890
Œuf aux palais danois
Un émail transparent rose mauve recouvre sur un guilloché a répétitions, divisées dans 12 segments par les filets verticaux et horizontaux de feuilles de laurier et des cristaux autrichiens, chaque intersection marquée par un vert émeraude. L'œuf s'ouvre pour révéler un panneau-accordéon de dix tableaux miniatures montrant dix résidences impériales dans lesquelles la tsarine aime séjourner.
L'œuf en héliotrope, un jaspe vert, se présente comme une coquille ornée d'entrelacs rococo évoquant les vagues et de couronnes d'écumes en diamants. Il est fermé par un rubis. Le croiseur cuirassé Mémoire d'Azov (le Pamyat Azova) qui constitue la surprise est posé sur une mer d'aigue-marine
La surprise, un éléphant automate que l'on croyait perdu depuis de nombreuses années, a été identifié en 2015 comme faisant partie de la collection du British Royal Collection Trust.
Premier œuf à être daté, il représente les paysages du Caucase et a comme surprise une miniature du Grand Duc Georges le représentant à 22 ans en uniforme. Le frère cadet de l'empereur Nicolas II mort de la tuberculose vit ses dernières années de maladie au Palais d'Abastoumani dans le Caucase
Dit aussi l'Œuf Renaissance. Dernier œuf offert par Alexandre III à sa femme, il est en onyx blanc orné de motifs émaillé et de cabochons en diamants et rubis. Deux têtes de lions en or forment les poignées. Il renfermait comme surprise l’œuf de la Résurrection ou, selon une autre hypothèse, une petite statue du Christ ressuscité
Fabriqué sous la direction de Fabergé en 1898 par les ateliers Fabergé. L'orfèvre responsable était Michael Perchin. L'œuf est l'un des deux de style Art Nouveau. Il a été présenté le au tsar Nicolas II, et a été utilisé comme cadeau à la tsarine Alexandra Fiodorovna.
Œuf recouvert d'émail rouge, de style néoclassique, il est orné de flèches de Cupidon qui évoquent l'amour que porte le tsar à son épouse. Il s'ouvre pour révéler un bouton de rose jaune articulé contenant deux surprises minuscules : une réplique miniature de la couronne impériale et un pendentif de rubis, aujourd'hui disparus.
En 1982, un œuf basé sur celui-ci a été utilisé pour le film de la série des James Bond, Octopussy; une réplique plus fidèle est utilisée en 2004 dans le film Ocean's Twelve, où il est convoité par les héros.
Réalisé par Michel Perkhine. L'œuf est en argent, le sommet est recouvert d'émail vert. La carte du Transsibérien et sa date d'ouverture (1900) sont gravés dessus. Trois griffons le portent. À l'intérieur est logé un modèle en or du premier Transsibérien. Il est doté d'un moteur miniaturisé et d'une lanterne en rubis. La locomotive est en platine, les vitres des wagons en cristal.
Œuf créé à l'occasion de la naissance de l'héritier, il est orné d'entrelacs de diamants sur un parterre d'émail vert. Au centre de chaque croisillon s'épanouit une rose.
Fabriqué en lapis-lazuli, décoré d'or et de diamant, avec des motifs d'aigles, de cariatides, de dais, de paniers fleuris et de plumes d'aigrette. L'intérieur contenait un portrait sur ivoire du prince Alexis à l'âge de 8 ans.
En hommage à l'engouement de la broderie dans la haute société, il est recouvert d'une mosaïque de brillants, de diamants et de pierres minuscules. Il contient comme surprise le portrait en médaillon sur pied des trois enfants du tsar.
Peaky Blinders, saison 3, épisode 5, en 2016. Un des œufs apparaît en guise de prix à payer de la part de riches russes pour les services des Peaky Blinders
Plus belle la vie, épisode 2017. Un œuf de Fabergé appartenant à Céline Frémont (Rebecca Hampton) est volé par son père Charles Frémont (Alexandre Fabre) qui le remplace par une copie faite en plâtre.
Switch(en), drama coréen, épisode 18 (Change the world) (2018). Il est question du vol du troisième œuf impérial, prêté par la Russie, lors d'une exposition en Corée.
Batwoman, saison 1, épisode 4 (Who Are You?) (2019). La voleuse Magpie tente de dérober un œuf dans un musée.
Dans un épisode de la troisième saison de Dynastie, Fallon Carrington (Elizabeth Gillies) fait référence aux œufs.
Flynn Carson et les Nouveaux Aventuriers, saison 4, épisode 3 (2017-2018), une première référence en est faite comme cadeau fait part Ezekiel à sa mère (qui ne comprend pas à quel point c'est un objet précieux). Puis plus tard dans l'épisode l'on peut en apercevoir un, au moment où sa mère en comprend la vraie valeur.
L'œuf "naturel" de Fabergé est une des récompenses de l'événement Pâques 2014 (Easter 2014 Event) du jeu Les Simpson : Springfield.
Notes et références
Notes
↑à la suite de l'abdication du tsar Nicolas II, le
↑Œuf basé sur un oranger mécanique français du XVIIIe siècle, il a été incorrectement étiqueté comme un oranger pendant un certain temps, mais il a été confirmé comme un laurier après que la facture originale de Fabergé ait été examinée. Fabergé a facturé 12 800 roubles pour l'œuf.