Étienne Maurice Falconet

Étienne Maurice Falconet
Jean-Baptiste Lemoyne, Portrait d'Étienne Maurice Falconet (1741),
New York, Metropolitan Museum of Art.
Naissance
Décès
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Œuvres principales

Étienne Maurice Falconet, né le à Paris, où il est mort le , est un sculpteur français.

Considéré comme un des maîtres de l’école baroque, Falconet est aussi, sous certains aspects, un sculpteur néoclassique. Ses œuvres les plus célèbres sont L'Amour menaçant (Paris, musée du Louvre) et le Monument à Pierre le Grand, dit Le Cavalier de bronze à Saint-Pétersbourg, en Russie.

Biographie

Marie-Anne Collot, Buste d'Étienne Maurice Falconet (1767-1773), musée des beaux-arts de Nancy[1].
Milon de Crotone (1754), marbre, Paris, musée du Louvre.
L’Amour menaçant (1757), marbre, Paris, musée du Louvre.

Né dans une famille parisienne modeste issue du Bugey, Étienne Maurice Falconet apprend tout d’abord la charpente, mais les sculptures sur bois et en argile qu’il crée attirent l’attention du sculpteur Jean-Baptiste Lemoyne qui le prend sous son aile. Falconet peut ainsi développer ses dons en restant presque dix ans dans l'atelier de son maître, temps inhabituellement long pour un apprenti ; il rencontre alors Pigalle ou encore Pajou. Ses liens avec François Boucher lui permirent d'approcher la marquise de Pompadour, grande mécène des arts et favorite de Louis XV, qui lui commande plusieurs œuvres, dont La Jardinière pour orner la laiterie de son château de Crécy[2].

Grâce à son Milon de Crotone, il est nommé membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1754.

Les diverses sculptures qu’il présente aux Salons de 1755 et 1757 lui valent d'être un des sculpteurs les plus en vue de l’époque. L'Amour Menaçant présenté au Salon de 1757, commandé par Madame de Pompadour, fut d'ailleurs une de ses plus grandes réussites. Cette nouvelle position l'entraîna à occuper la fonction de chef des ateliers de sculpture à la manufacture royale de porcelaine de Sèvres entre et . Il participe activement au succès du « biscuit de Sèvres », appellation qui désigne les sculptures de Sèvres (rondes-bosses, bas-reliefs), volontairement et généralement laissées en biscuit, c’est-à-dire sans émail et sans décor. Il y produit plus de 70 types de figures différentes, où il popularise son canon féminin et enfantin[3].

En 1766, sur la recommandation de Frédéric Melchior Grimm et de Diderot, il est appelé à Saint-Pétersbourg par Catherine II de Russie, dont il accepte seulement la proposition à la mort de Madame de Pompadour. Lorsqu'il quitte son atelier de la rue d'Anjou que Diderot appelle la chaumière[4], il confie les lieux aux bons soins de son ami et l'invite à vider sa cave[5]

Là-bas, il travaille sur le Monument à Pierre le Grand de Russie, une statue équestre qui occupa douze années de travail à l'artiste. À cause des mauvaises relations qu'il entretient avec la cour de l'Empire russe, il décide de partir dans les Provinces-Unies chez un couple d'amis pour ensuite regagner la France[6]. À son retour, il fut nommé recteur de l’Académie royale de peinture et de sculpture et exécuta de nouveaux chefs-d’œuvre : Moïse et David, pour l’église Saint-Roch à Paris, Les Mangeurs de raisins, La Leçon de flûte, Pygmalion, Alexandre, L’Hiver ou encore La Mélancolie. Il est remplacé en 1780 par Charles-Antoine Bridan comme professeur de sculpture à l'Académie royale de peinture et de sculpture[7].

Sculpteur-philosophe

Falconet est aussi un théoricien qui réfléchit et écrit sur son art. Il a notamment traduit de l'Histoire Naturelle de Pline l'Ancien les passages concernant la peinture et la sculpture, qu'il annote de ses observations, et il est l'auteur de quelques ouvrages sur les arts dans l'Antiquité et chez les peuples modernes. Diderot lui confie la rédaction de l'article « Sculpture » de l'Encyclopédie. Il publie par ailleurs ses Réflexions sur la sculpture en 1761, et quelques autres écrits qui tous ont été réunis en six volumes dès 1781.

Vie privée

En 1734, Falconet épouse Anne Suzanne Moulin, fille d'un ébéniste. Ensemble ils ont quatre enfants, dont seul Pierre-Étienne (1741–1791), survit et devient peintre et dessinateur[3]. Il reproduit par ailleurs de nombreuses œuvres de son père avant que celui-ci ne l'envoie parfaire son éducation en Angleterre.

Après le décès d'Anne Suzanne Moulin, on lui connaît plusieurs liaisons, notamment avec la sculptrice Marie-Anne Collot dont il fut le maître et le beau-père. On connaît d'elle un portrait de Falconet, aujourd'hui conservé au musée des beaux-arts de Nancy. Cette dernière le suivit en Russie ainsi qu'en Hollande et s'occupa de lui jusqu'à sa mort. Après avoir été victime d'une paralysie l'empêchant de voyager en Italie en 1783, Étienne Maurice Falconet meurt à Paris le .

Œuvres dans les collections publiques

Le Cavalier de bronze (1782), Saint-Pétersbourg, place du Sénat.
Aux États-Unis
En Allemagne
En France
Aux Pays-Bas
En Russie

Publications

  • Réflexion sur la sculpture, lues à l'Académie royale de peinture et de sculpture, Paris, Prault, 1761.
    Publication critique par Lichtenstein Jacqueline et Michel Christian (dir.), Les conférences de l'Académie royale de peinture et de sculpture, Paris, Beaux-Arts de Paris, t.VI.

Élèves

Galerie

Notes et références

  1. no inv : 362 (cf. L'influence française en Russie au XVIIIe siècle, Presses Paris Sorbonne, 2004, p. 152, note 122.
  2. Jean Vittet, « Le décor du château de Crécy au temps de la marquise de Pompadour et du duc de Penthièvre, essai d'identifications nouvelles », Bulletin de la Société de l'histoire de l'art Français, 2000, p. 133-154.
  3. a et b Pinot de Villechenon, Falconet à Sèvres ou L'art de plaire : 1757-1766, Paris, Réunion des musées nationaux, .
  4. Lettre XI de 1767 de Diderot à Falconet, dans : Mémoires correspondances et ouvrages inédits de Diderot, par Denis Diderot et Marie-Angélique Diderot de Vaudeul, Paulin, 1831, p. 429-431.
  5. Jacques Attali, Diderot ou le bonheur de penser, Fayard, 2012, 540 p., note no 143.
  6. RÉAU, Étienne-Maurice Falconet (1716-1791), Paris, Demotte, .
  7. Frédéric Chappey, « Professeurs à l'École des beaux-arts (1794-1873) », Romantisme, no 93, 1996, p. 95-101.
  8. (en) « Venus of the Doves », notice sur le site de la National Gallery of Art.
  9. Éric Biétry-Rivierre, « Goering prédateur en chef sur Arte », Le Figaro, encart « Le Figaro et vous »,‎ 20-21 mars 2021, p. 39 (lire en ligne).
  10. Connue aussi sous le nom Pygmalion au pied d'une statue qui s'anime. Il est possible que cette sculpture ait été présentée au Salon de 1763, mais une interrogation subsiste (Marie-Catherine Sahut, « Une visite au Louvre avec Diderot comme guide », Grande Galerie - Le Journal du Louvre, no 23, mars-avril-mai 2013).

Annexes

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Bibliographie

  • Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Étienne Maurice Falconet » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource).
  • Martial Guédron, « Le « beau réel » selon Étienne-Maurice Falconet, les idées esthétiques d'un sculpteur-philosophe », Dix-huitième siècle, no 38, 2006, p. 629-641.
  • (en) Levitine George, The sculpture of Falconet, Norwalk, New York Graphic Society Ltd, 1972.
  • Marie-Noëlle Pinot de Villechenon (dir.), Falconet à Sèvres ou L'art de plaire : 1757-1766, [exposition] musée national de la céramique, Sèvres, - , Paris, Réunion des musées nationaux, 2001.
  • Paul Ratouis de Limay, « Falconet » dans Les Artistes écrivains, Paris, Librairie Félix Alcan, 1921, p. 64-69.
  • Louis Réau, Étienne-Maurice Falconet (1716-1791), Paris, Demotte, 1922.
  • Hugo Tardy, « L’atelier d’Étienne-Maurice Falconet à Saint-Pétersbourg : lieu de rencontres dans la Russie de Catherine II », Nordiques, no 45, 2023. En ligne https://doi.org/10.4000/11nq8

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