Vittorio Alfieri né en 1749 à Asti, est un descendant d'une ancienne famille de la noblesse piémontaise[1]. Ayant perdu son père de très bonne heure, son éducation fut négligée, et il eut une jeunesse fort dérangée. Sa mère ne tarda pas à se remarier. L’éducation qu’il reçut fut celle de beaucoup de jeunes gens de son milieu. Les premiers rudiments lui furent enseignés par un prêtre-précepteur; puis il fut envoyé à l’Académie militaire de Turin et, à sa sortie de cet établissement, nommé porte-enseigne au régiment d’Asti; mais la vocation militaire n’était pas son fait, et il ne tarda pas à démissionner. Comme beaucoup d’autres jeunes nobles, il compléta cette formation par de grands voyages. Il passa plusieurs années à courir le monde, à Gênes d’abord, en 1765 ; puis, en 1766-1768, à travers l’Italie, la France, où il fut présenté à Louis XV), l’Angleterre et la Hollande ; mais à l'âge de 25 ans, il se fit en lui une subite métamorphose : le désir de plaire à une femme, la comtesse d'Albany, épouse du dernier des Stuarts, pour laquelle il avait conçu la plus vive passion, lui inspira du goût pour les lettres et pour la poésie, qu'il avait dédaignées jusque-là. Il s'exerça dans la tragédie, et créa un système de composition tout nouveau pour l'Italie, substituant un dialogue serré, un style concis, et retranchant impitoyablement de ses pièces les personnages inutiles d'amoureux ou de confidents [2],[3].
De retour au Piémont, il se plongea dans la lecture des philosophes français et de Plutarque qui, les uns et l’autre, l’influencèrent définitivement: à quoi il faut ajouter au moins les Mémoires de l’abbé Prévost, qu'il connaît depuis ses années à l’Académie militaire, et Montaigne, dont les Essais étaient devenus pour lui le plus fidèle des compagnons de voyage[3].
Franc-maçon, on ne sait pas où et quand il a été initié (on suppose les Pays-Bas ou l'Angleterre au cours d'un de ses voyages de jeunesse) on sait en revanche avec certitude qu'il a été membre de la Loge de la Victoire de Naples, fondée en 1774 ou 1775 par des maçons appartenant à l'aristocratie et proches de la reine Marie-Caroline d'Autriche (1752-1814)[4],[3].
Travaillant avec ardeur, il composa en moins de sept ans (1775 - 1782) quatorze tragédies. En même temps il écrivait en prose des ouvrages qui devaient le placer à côté de Machiavel, un Traité de la tyrannie, et celui qui a pour titre le Prince et les Lettres, dans lesquels il se montre ardent républicain. Il composait aussi à la même époque son poème de l'Étrurie vengée[3].
La comtesse d'Albany étant devenue veuve en 1788, il s'unit à elle par un mariage secret[5], puis il vint en France dans le désir d'y faire imprimer plusieurs de ses ouvrages, et même de s'y fixer. Mais effrayé par les excès du , il s'empressa de fuir le Paris révolutionnaire, cria à la foule qui voulait l’empêcher de sortir : « Voyez, écoutez ; mon nom est Alfieri ; je suis italien et non français ; grand, maigre, pâle, cheveux roux [...] » et se retira à Florence. Par son autobiographie Vita di Vittorio Alfieri da Asti scritta da esso. Le gouvernement révolutionnaire le traita en émigré et le dépouilla de la plus grande partie de sa fortune, qu'il avait placée sur les fonds français. Toutes ces causes réunies finirent par lui inspirer pour la France et pour la révolution une haine implacable qui transparaît dans ses écrits - en particulier son pamphlet francophobe Le Misogaulois[6],[3].
Dans ses dernières années, Alfieri apprit le grec, afin d'étudier dans l'original les grands tragiques qu'il avait pris pour modèles. Il traduisit et imita plusieurs tragédies d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide[3].
Épuisé, il mourut à l'âge de 54 ans, en 1803, laissant un grand nombre d'œuvres posthumes, parmi lesquelles une autobiographie que l'on considère souvent comme sa plus grande œuvre : Vita[3].
Auteur de tragédies, de poèmes et de satires. Par ses évocations du monde ancien, par son amour de la liberté et par sa haine du despotisme, il inspira dans les générations successives des sentiments qui préparèrent le Risorgimento[3].
Pamphlet dirigé contre toutes les autorités établies, les dogmes, les tyrannies politiques et idéologiques, mais aussi contre les penchants et les bassesses individuelles qui encouragent ces tyrannies : l'ambition et la lâcheté.
1778-1786 : Del principe e delle lettere (Du prince et des lettres)
Cette étude traite de la soumission des écrivains et des artistes aux pouvoirs politiques, de ses causes et de ses effets.
Traduction française : anonyme, 1818.
1806 : Vita di Vittorio Alfieri da Asti scritta da esso (Mémoires de Victor Alfieri, d'Asti)
Aussi connu en français comme Ma vie. Ébauché à Paris en 1790 et remanié jusqu'à sa mort, l'ouvrage resta inachevé et fut publié à titre posthume en 1806. La matière est romanesque, mais la manière est « froide et langoureuse »[7].
Myrrha, dont le livret sera repris par Domenico Alaleona pour sa création de l'opéra Mirra
Octavie
Oreste
Philippe
Polynice
Rosemonde
Saül
Sophonisbe
Timoléon
Virginie
Bibliographie
Gaetano Marré, Sul merito tragico di Vittorio Alfieri, Milano 1821.
Michel Orcel, La Langue de Saturne, in Langue mortelle, éd. L'Alphée, Paris, 1987.
Vittorio Alfieri et la culture française, sous la direction de Pérette-Cécile Buffaria, Revue des études italiennes, 2004.
Vittorio Alfieri : drammaturgia e autobiografia : atti della giornata di studi, 4 febbraio 2005, organizzata dall'Istituto italiano di cultura, sous la direction de Pérette-Cécile Buffaria,Paris, 2005.