Johann Paul Friedrich Richter, né le 21 mars 1763 à Wunsiedel et mort le 14 novembre 1825 à Bayreuth, mieux connu sous le pseudonyme de Jean Paul (en allemand : /ʒɑ̃paʊl/[1]Écouter), est un écrivainallemand.
Biographie
Né en 1763 d'un père instituteur et organiste, il entre en 1781 à l'université de Leipzig pour y suivre des études de théologie. Il publie ses premières pièces satiriques. Période difficile (décès de son père et suicide de son frère, difficultés financières). En 1787, il trouve un poste de précepteur qui lui permet d'améliorer sa situation matérielle.
À la suite d'une crise spirituelle au cours de laquelle il lui semble frôler la mort, il écrit le roman La loge invisible qui rompt avec le style satirique de ses premières pièces. Il adopte pour l'occasion le pseudonyme de Jean Paul en hommage à Jean-Jacques Rousseau[2]. Ce roman ainsi que les suivants établissent sa réputation en tant qu'auteur.
En 1796, il s'établit à Weimar, capitale littéraire de l'époque, où il côtoie Goethe et Schiller, et se lie à Charlotte von Kalb. En 1797, il retrouve l'écrivaine Emilie von Berlepsch à Franzensbad qu'il connaît déjà depuis plusieurs mois. Ils entretiennent une relation amoureuse et se fiancent en janvier 1798, mais les fiançailles sont rompues le mois suivant[3].
En 1800, il se rend à Berlin où il rencontre Karoline Meyer qu'il épouse l'année suivante. Il se lie d'amitié avec les frères Schlegel, Tieck et Fichte. Sa renommée est alors très grande.
Ses romans suivants, Titan et Flegeljahre, reçoivent cependant un accueil plus mitigé. En 1804 Jean Paul et son épouse quittent Berlin pour s'établir finalement à Bayreuth où ils mènent une vie plus retirée. À la mort de son fils en 1821, il abandonne la rédaction de son dernier roman, La Comète. Il meurt des suites d'un œdème en 1825.
Œuvre
L'œuvre de Jean Paul comporte de nombreux aspects parfois contradictoires. Admirateur de Laurence Sterne, il partage son goût pour la fantaisie, les digressions, la satire, mais aussi pour le sentimentalisme. À ces caractéristiques s'ajoutent des thèmes typiques du romantisme allemand : fantastique, mysticisme, goût du tragique. Enfin, ses éloges de la vie bourgeoise et de la résignation l'apparentent au style Biedermeier.
Son style se caractérise par l'accumulation de périphrases et de circonlocutions ironiques et de fréquents clins d'œil au lecteur. Ses romans reprennent la structure typique du Bildungsroman mais multiplient les digressions et les bifurcations labyrinthiques. Il se rapproche en cela de son contemporain E. T. A. Hoffmann. Son écriture ironique permet de donner l'impression d'un auteur maître de son récit.
Il est un des premiers auteurs, avec Lichtenberg, à se servir de ses rêves comme matériaux littéraires[4]. Les rêves de Jean Paul, abondants et restant la partie la plus célèbres de son œuvre, se caractérisent par des visions célestes et métaphysiques, des envolées vers l'éternité, la contemplation lyrique d'étendues paradisiaques et de la pluralité des mondes, des élans enthousiastes vers l'Infini, des figures angéliques et des retrouvailles cosmiques[5]. Cette sensibilité aigüe, nostalgique d'un au-delà lumineux mais aussi du paradis perdu de l'enfance, imprègne toute l'esthétique de Jean Paul et se conjugue avec une forte sentimentalité attentive à l'amour et à la souffrance humaine, qui lui fera par ailleurs produire des textes d'une symbolique forte et d'un lyrisme intense qui annoncent le romantisme.
Jean Paul connaît un très grand succès populaire de son vivant, bien que certains critiques lui reprochent son pédantisme d'autodidacte et son humour railleur. Il a une influence considérable sur le compositeur Robert Schumann (Papillons), ainsi que sur la première symphonie de Gustav Mahler, l'amour qu'a voué à l'homme de lettres le compositeur a valu le surnom de « Titan » à cette première symphonie. L'œuvre de Jean Paul est aujourd'hui tombée dans un relatif oubli, hormis en Allemagne, où elle est prisée par des auteurs avant-gardistes tels qu'Arno Schmidt.
En France, il est notamment popularisé par Le songe, traduction approximative faite par Mme de Staël du Discours du Christ mort extrait du Siebenkäs. Cette traduction trouve un écho chez nombre d'auteurs, de Victor Hugo à Ernest Renan et Leconte de Lisle. La traductrice ayant omis la fin du texte où le narrateur se réveille et se met à prier, Le Songe a été souvent interprété comme une profession d’athéisme, alors qu'il s'agit plutôt d'un « cauchemar athée » où le Christ apparaît aux morts en annonçant n'avoir trouvé Dieu nulle part dans les infinités du Ciel, et dans lequel l'auteur nous fait part de son angoisse métaphysique. Gérard de Nerval s'est inspiré de ce même texte pour son poème Le Christ aux Oliviers, paru dans L'Artiste le .
Siebenkäs (litt. Fleurs, fruits et épines ou vie conjugale, mort et mariage de l'avocat des pauvres F. St. Siebenkäs), roman, 1796–97.
Der Jubelsenior, idylle, 1797
Le Jubilé, trad. fr. Albert Béguin, Paris, Stock, 1930
Das Kampaner Tal, idylle, 1797.
Rede des toten Christus vom Weltgebäude herab, dass kein Gott sei, inclus dans Siebenkäs.
traduit partiellement par Germaine de Staël en Un songe, Discours du Christ qui n'aurait pas de Père et Le chercherait ; puis entièrement par Loève-Veimars, sous le titre La dernière heure. Vision paru dans La Revue de Paris du ; puis par Albert Béguin
Mon enterrement vivant et autres textes, trad. fr. Nicolas Briand, Paris, José Corti, coll. Romantique, 342 p., 1992 (ISBN978-2-7143-0528-2)
Éloge de la bêtise, trad. fr. Nicolas Briand, préf. Hermann Hesse, Paris, José Corti, coll. Romantique, 256 p., 1993 (ISBN978-2-7143-0488-9)
La Lanterne magique (florilège de pensées), trad. fr. Charles Le Blanc, Paris, José Corti, coll. Domaine romantique, 182 p., 2022 (ISBN978-2-7143-1270-9)
Karl-Heinz Best(de): Jean Paul (1763–1825). Dans: Glottometrics 12, 2006, p. 75–77. (Wiederabdruck in: Karl-Heinz Best (dir.): Studien zur Geschichte der Quantitativen Linguistik. Volume 1. RAM-Verlag, Lüdenscheid 2015, p. 74–77. (ISBN978-3-942303-30-9).)
Ludwig Börne: Denkrede auf Jean Paul. In: Ders.: Sämtliche Schriften, Band 1. Verlag Melzer, Dreieich 1977 (5 Bde.)
Dieter Richter: Erinnertes Kind. Jean Pauls Fragment einer „Selberlebensbeschreibung“ und das Freuden-Gedächtnis der Kindheit. In: Dieter Richter: Das fremde Kind. Zur Entstehung der Kindheitsbilder des bürgerlichen Zeitalters, Frankfurt (S. Fischer) 1987, p. 311–330. (ISBN3-10-065502-8).
Norbert W. Schlinkert(de): Jean Pauls Selbstsuche und die Verwandlung des Ich.Jean Paul und die Poetisierung der Philosophie.Noch immer Jean Paul oder: Der Geist der Zeit in der Realität des Romans.Georg Wilhelm Friedrich Hegel und Jean Paul Friedrich Richter: Der Charakter des Ich. Dans: ders.: Das sich selbst erhellende Bewußtsein als poetisches Ich. Von Adam Bernd(de) zu Karl Philipp Moritz, von Jean Paul zu Sören Kierkegaard. Eine hermeneutisch-phänomenologische Untersuchung. Wehrhahn Verlag, Hannover 2011, (ISBN978-3-86525-152-7), p. 174–247.
↑Albert Béguin, L'âme romantique et le rêve : essai sur le romantisme allemand et la poésie française, Paris, José Corti, , 416 p. (ISBN2-7143-0183-5), p. 167
↑Alexandra Besson, « Rêveries astronomiques : la pluralité des mondes dans le rêve chez Edward Young, Jean Paul Richter, Novalis et Gérard de Nerval », Romantisme, vol. 178, no 4, , p. 9–19 (ISSN0048-8593, DOI10.3917/rom.178.0009, lire en ligne, consulté le )
↑Von Levana erschienen 1963 gleichzeitig zwei verschiedene Ausgaben, die sich wie folgt unterscheiden: die genannte bei Schöningh enthält neben dem Fischer-Aufsatz: Text-Erklärungen S. 293 ff.; Anmerkungen zum Fischer-Essay 327 ff.; Bemerkungen zur Textwiedergabe S. 331; Bibliographie (15 Titel) bis 1947, S. 332 ff.; Zeittafel (mit Syopsis) S. 338ff; Namensregister S. 342 ff. Sachregister S. 346 ff. - Die gleichzeitige Ausgabe bei Klinkhardt, Hg. Theo Dietrich, mit 263 Seiten enthält: Anmerkungen des Hg. 248 ff.; Nachwort des Hg. 255 ff.; Bibliographie, diese ist ausführlicher, insbes. zu Pauls Pädagogik (56 Titel) und datiert bis 1963, S. 258–263.