Le toponyme Vis provient de la racine d'origine Indo-européennewar et de sa variante Vir qui signifie « eau ». D'autres cours d'eau ont la même étymologie : la Vire rivière de Belgique affluent du Ton, la Vire fleuve de Normandie, la Vie affluent de la Dives, le Vistre rivière du Gard et la Virenque affluent de la Vis.
Un bout de rivière qui a changé de nom
Le cartulaire de ND de Nîmes de 1084 décrit au ch. 169 l'église de Vissec (Gard) comme « ecclesia que vocant Viro-Sicco,... in valle que vocant Virenca.. », soit : une église qu'on appelle de Vis-Sec (les hydronymes sont masculins en occitan) ... dans la vallée qu'on appelle Virenque. Jusqu'à la fin de l'ancien régime, le nom de Vis désigne en amont du confluent de Vissec la rivière connue aujourd'hui sous le nom de Virenque tandis que celle appelée Vis actuellement se nommait alors Alzon (prononcer alzou). Virenque est la vallée et non le cours d'eau.
Géographie
La Vis, rivière d'une longueur de 57,8 km[1], prend sa source dans le Parc national des Cévennes, près du col de l'Homme Mort dans le département du Gard. Elle traverse notamment Alzon où les eaux s'infiltrent au moulin de Larcy. Ensuite son lit reste sec dans de profondes gorges entourant le causse de Blandas, le séparant du causse de Campestre puis du causse du Larzac. Le village de Vissec est traversé par une rivière sèche. La rivière réapparaît à la foux de la Vis où les eaux infiltrées sous le Larzac méridional, le causse de Campestre et le causse de Blandas viennent compléter celles qui se sont perdues à Alzon. La Vis traverse ensuite le cirque de Navacelles puis Saint-Laurent-le-Minier après avoir formé de nombreux méandres et se jette dans l'Hérault en amont de Ganges.
La Vis est une rivière typiquement cévenole et donc très irrégulière mais abondante, à l'instar de ses voisines de la région des Cévennes, et avant tout de l'Hérault. Son débit a été observé durant une période de 53 ans (1961-2013), à Saint-Laurent-le-Minier, localité du département du Gard située au niveau de son confluent avec le fleuve [2]. La surface ainsi étudiée est de 332 km2, soit la quasi-totalité du bassin versant de la rivière.
Le module de la rivière à Saint-Laurent-le-Minier est de 10 m3/s.
Débit moyen mensuel (en m3/s) Station hydrologique : Y2035010 La Vis à Saint-Laurent-le-Minier pour un bassin versant de 499 km2 à l'altitude de 149 m[2] (le 08-04-2013 données calculées sur 53 ans de 1961 à 2013)
Aux étiages, le VCN3 peut chuter jusque 0,970 m3/s (970 litres), en cas de période quinquennale sèche, ce qui ne peut être considéré comme sévère pour un cours d'eau de cette taille.
Crues
Les crues peuvent être extrêmement importantes compte tenu de la taille assez modeste du bassin versant, et, comme toutes les rivières cévenoles, tout à fait « hors-norme » en France. Les QIX 2 et QIX 5 valent respectivement 320 et 460 m3/s. Le QIX 10 est de 550 m3/s, le QIX 20 de 630 m3/s, tandis que le QIX 50 se monte à pas moins de 740 m3/s. Ce dernier chiffre est égal à deux fois et demi le débit moyen de la Seine à Paris, mesuré au pont d'Austerlitz, ou encore à la moitié du débit moyen du Rhône à Valence, presque en fin de parcours.
Le débit instantané maximal enregistré à Saint-Laurent-le-Minier a été de 542 m3/s le , tandis que la valeur journalière maximale était de 513 m3/s le . Si l'on compare la première de ces valeurs à l'échelle des QIX de la rivière, l'on constate que cette crue était à peine d'ordre décennal et donc tout à fait banale et nullement exceptionnelle.
Lame d'eau et débit spécifique
La Vis est une rivière très abondante. La lame d'eau écoulée dans son bassin versant est de 953 millimètres annuellement, ce qui est près de trois fois supérieur à la moyenne d'ensemble de la France (320 millimètres), et dépasse largement la moyenne du bassin de l'Hérault (543 millimètres). Le débit spécifique (ou Qsp) atteint 30,1 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.
Sur une superficie de 5 590 ha, le site Natura 2000 des gorges de la Vis et de la Virenque a été proposé comme Site d’intérêt communautaire (directive Habitats) en [4].
Elle abrite de nombreux reptiles et amphibiens (rainette, couleuvre à collier...).
Histoire de la vallée de la Vis
Les premiers habitants de la vallée de la Vis ont été les chasseurs du Paléolithique qui, abrités dans des grottes bien exposées au soleil, purent s'adonner à la chasse, à la cueillette et à la pêche.
Les agriculteurs du Néolithique ont eux aussi utilisé les grottes de la vallée de la Vis proches des zones cultivables du Causse comme habitat.
A l'âge du bronze la totalité des grottes ainsi que des abris sous roches biens exposés sont occupés.
Les moulins
La force hydraulique de la Vis a très tôt été utilisée par les caussenards pour moudre les céréales dans des moulins à eau. Les plus connus sont les moulins maintenant restaurés situés à la foux de la Vis. Ces moulins existaient au XIe siècle. Leur exploitation a été abandonnée en 1907 à la suite d'une crue dévastatrice de la rivière. Les moulins de Navacelles sont eux aussi antérieurs au XIe siècle. Trois moulins existaient à Madières où déjà au IXe siècle un excellent moulin y était mentionné. Le moulin de Gorniès transformé en usine fonctionna jusqu'en 1939.
Activités
Production hydroélectrique
Deux installations hydroélectriques fonctionnent sur la Vis : la microcentrale du Martinet commune de Saint-Laurent-le-Minier et l'usine hydroélectrique EDF de Madières commune de Saint-Maurice-Navacelles. La première est une installation de basse chute (5 mètres de hauteur de chute après une dérivation de quelques centaines de mètres) alors que la seconde est une installation de haute chute (105 mètres de hauteur de chute après une dérivation de 10 km qui longe la Vis sur 12 km sur la rive droite). L’installation est soumise à un débit réservé de 700 litres par seconde du 1er juin au et de 500 litres par seconde du 1er octobre au [6].
Piscicultures
L'eau de la Vis est employée depuis les années 1925-1930 pour élever des truites en viviers. La pisciculture du Grenouillet sur la commune de Gorniès a été créée en 1963. L'exploitation de la pisciculture de la papeterie sur la commune de Saint-Laurent-le-Minier a débuté en 1979. Sa production annuelle est actuellement d'environ 150 tonnes de truites arc en ciel.
Patrimoine - Curiosités - Tourisme
Baignades
Bien que l'eau de la Vis soit relativement fraîche, sa remarquable limpidité et ses paysages spectaculaires dans des gorges provoquent à la belle saison un afflux vers les nombreuses baignades qui agrémentent son cours.
La qualité des eaux de baignade est analysée en 4 points[7]:
Cascade de Navacelles, 5 prélèvements en 2008. Baignade de bonne qualité,
Aire aménagée de Gorniès, 5 prélèvements en 2008. Baignade de bonne qualité,
Cascades de Cazilhac, 5 prélèvements en 2008. Baignade de bonne qualité.
Les baignades de bonne qualité et les baignades de qualité moyenne sont conformes aux normes européennes.
À rappeler que la Vis étant une rivière non domaniale, elle et est en majeure partie privée sur ses deux rives, et donc interdite d'accès (et par conséquent également interdite à la baignade) sur certaines parcelles.
Cette courte rivière (et notamment le site de la Cascade de la Vis) fait malheureusement l'objet d'une communication excessive de la part des médias, des offices de tourisme et des réseaux sociaux) et les touristes affluent trop nombreux pour ces sites, inadaptés pour un si grand nombre de personnes, qui de surcroît ne respectent pas les lieux (feux, barbecues sauvages, ordures laissées sur place, bruit, musique, pêche, baignades, incivilités, graffitis, etc.). Cela détériore les sites et les espèces animales et végétales qu'ils abritent, raisons pour lesquelles l'accès est contraint et limité.
Le cirque de Navacelles
Pour de nombreux visiteurs la Vis est cette rivière, aperçue d'un point de vue, qui au fond des gorges a coupé un de ses méandres. Un Cirque naturel spectaculaire s'est ainsi formé il y a environ 6000 ans. L'attrait touristique du cirque de Navacelles, le paysage exceptionnel et la fragilité du milieu ont permis l'inscription du cirque de Navacelles au réseau des Grand Site de France.