Tierno Monénembo de son nom de naissance Thierno Saïdou Diallo, né le à Porédaka en Guinée, est un écrivain guinéen, lauréat du prix Renaudot en 2008.
Biographie
Formation
Tierno Monénembo est le fils d'un fonctionnaire en Guinée. En 1969, il fuit le pays et le régime d'Ahmed Sékou Touré et rejoint à pied le Sénégal voisin. Il poursuit ses études en Côte d'Ivoire, puis en France à partir de 1973, où il obtient un doctorat en biochimie de l'université de Lyon.
Tierno Monénembo publie son premier roman en 1979. Ses romans traitent souvent de l'impuissance des intellectuels en Afrique, et des difficultés de vie des Africains en exil en France. Il s'intéresse particulièrement à l'histoire et aux relations des Noirs avec la diaspora émigrée de force au Brésil (Pelourihno). Il consacre un roman aux Peuls et une biographie romancée à Aimé Olivier de Sanderval, un aventurier et explorateur français, originaire de Lyon et Marseille (campagne Pastré), admirateur de leur civilisation et devenu un « roi » Peul (Le Roi de Kahel). À cette occasion, il revisite l'histoire coloniale pour faire entrer cette période controversée dans l'imaginaire romanesque.
Après cela, il travaille sur la vie d'un Peul guinéen, Addi Bâ, héros de la Résistance en France, fusillé par les Allemands (Le Terroriste noir), ainsi que sur les liens unissant la diaspora noire d'Amérique avec l'Afrique.
Tierno Monénembo est en résidence d'écrivain à Cuba lorsqu'il apprend qu'il est le lauréat 2008 du prix Renaudot. Sa récompense met en lumière toutefois la place grandissante qu'occupent les écrivains français d'origine africaine dans la littérature francophone[réf. nécessaire]. Elle souligne également, même si Tierno Monénembo vit en Normandie comme sur les traces du poète-président sénégalais Léopold Sédar Senghor, qu'une partie de la littérature contemporaine en français se trouve au Sud.
Il critique vivement le coup d'État militaire du 23 décembre 2008 en Guinée qui porte au pouvoir la junte menée par le capitaine Moussa Dadis Camara[réf. nécessaire], juste après la mort du président Lansana Conté, qui dirigeait le pays depuis 1984.
Resté relativement discret en 2009, tant sur le plan politique que littéraire, jusqu'au massacre de plus de 150 civils par l'armée le à Conakry, il écrit alors une tribune publiée dans Le Monde et intitulée « La Guinée, cinquante ans d'indépendance et d'enfer[2] » pour condamner cette tuerie et appeler la communauté internationale à agir. En , il alerte de nouveau la communauté internationale en publiant une nouvelle tribune[3] dans Le Point au sujet de la volonté du président guinéen Alpha Condé de s'octroyer un nouveau mandat après son dernier mandat constitutionnel « quitte à marcher sur des monceaux de cadavres »[3].
↑Les Francophonies-Des écritures à la scène, « Prix du polar Moussa Konaté », sur Les Francophonies - Des écritures à la scène, (consulté le )
Annexes
Bibliographie
Amina Azza-Bekkati, « Tierno Monénembo », dans Christiane Chaulet Achour, avec la collaboration de Corinne Blanchaud, (dir.), Dictionnaire des écrivains francophones classiques : Afrique subsaharienne, Caraïbe, Maghreb, Machrek, Océan Indien, Éd. H. Champion, Paris, 2010, p. 315-319 (ISBN978-2-7453-2126-8)
Noémie Auzas, Tierno Monénembo. Une écriture de l’instable, préface de Jacques Chevrier, Paris, L’Harmattan, « Les arts d’ailleurs », 2004, 178 p.
Adama Coulibaly, Des techniques aux stratégies d'écriture dans l'œuvre romanesque de Tierno Monénembo, l'Harmattan, Paris, 2010, 283 p. (ISBN978-2-296-13251-1)
Collectif, « Tierno Monénembo. “De vent, de salive et d’encre” », Études françaises, numéro préparé par Josias Semujanga, vol. 60, no 1, 2024, 188 p. [lire en ligne]
Ce numéro comporte une importante bibliographie critique : « Tierno Monénembo. Vingt-neuf ans de bibliographie critique : 1995-2023 », vol. 60, n° 1, 2024, p. 131-153 [lire en ligne]
Bernard De Meyer et Papa Samba Diop, Tierno Monénembo et le roman : histoire, exil, écriture, Lit, Berlin, 2014, 204 p. (ISBN978-3-643-12591-0)
Elisa Diallo, Tierno Monénembo : une écriture migrante, Karthala, Paris, 2012, 297 p. (ISBN978-2-8111-0669-0)
Faya Pascal Iffono, L’exil dans les romans de Tierno Monénembo, Paris, L’Harmattan, « Harmattan Guinée », 2018, 204 p.
Christine Le Quellec Cottier, « Le terroriste noir » de Tierno Monénembo, Gollion, Infolio, «Le cippe», 2019, 129p.
Mohamed Keïta, Tierno Monénembo : une approche psychocritique de l'œuvre romanesque, l'Harmattan, Paris, 2014, 314 p. (ISBN978-2-343-01131-8) (texte remanié d'une thèse)