The New School (« La Nouvelle École ») — abréviation du nom de sa division originelle : The New School for Social Research — est une université privée de la ville de New York, située au cœur de l'arrondissement de Manhattan, dans le quartier de Greenwich Village.
Elle est considérée comme l'une des meilleures universités au monde dans le domaine des sciences humaines et sociales, particulièrement en anthropologie, ethnologie, sociologie, géographie, aménagement et études urbaines (classée 14e par le U.S. News & World Report), mais également études photographiques, musicologiques, cinématographiques et en beaux-arts (classée 27e)[1].
Située sur la côte est américaine, elle se distingue des universités de l'Ivy League qui forment davantage au droit, à la finance et à la science politique.
École urbaine au fonctionnement comparable à celui de l'École des hautes études en sciences sociales de Paris, à la fondation de laquelle elle a d'ailleurs participé, et avec laquelle elle maintient des liens académiques durables, elle propose ainsi une formation unique en sciences humaines et sociales aux États-Unis. Elle a notamment joué un rôle central dans la sauvegarde de l'héritage intellectuel des élites européennes, notamment juives, pendant la Seconde Guerre mondiale.
La New School propose également des cours du soir suivis par des adultes déjà insérés dans le monde professionnel et des étudiants des autres universités new-yorkaises, telles Columbia ou la NYU.
Historique
L'établissement fut fondé en 1919 à l'issue d'une réaction politique initiée par l'historien Charles Austin Beard, les économistes Thorstein Veblen, Alvin Johnson et James Harvey Robinson ainsi que les philosophes Horace Kallen et John Dewey. En 1917, à la demande de l'État de New York, l'Université Columbia avait imposé à l'ensemble de son corps étudiant et enseignant un serment de loyauté ("federal loyalty oath") leur interdisant toute forme de protestation à l'encontre des institutions fédérales. En signe de protestation contre cette mesure jugée autoritaire et anti-intellectuelle, plusieurs des enseignants-chercheurs précédemment cités démissionnèrent publiquement de leur poste à l'université Columbia et décidèrent de fonder une école urbaine libre ayant pour objet un enseignement libéral des sciences humaines et sociales sur le modèle des écoles urbaines européennes, notamment l'École libre des sciences politiques parisienne et de la London School of Economics londonienne.
L'établissement est d'abord connu sous le nom de School for Social Research, puis, en 1922, prend l'intitulé de New School for Social Research, actuellement une division de la Graduate Faculty de l'école. L'école a fusionné avec d'autres institutions académiques et artistiques réputées de Manhattan, notamment la Parsons School of Design ou le Mannes College of Music. En 2005, elle adopte son nom actuel de The New School.
L'université acquiert sa renommée avec l'ouverture de sa division University in Exile, en 1933, originellement pensée comme un refuge académique pour les enseignants et les chercheurs fuyant les régimes totalitaires européens, ainsi que les ravages économiques et politiques de la guerre en Europe. Plusieurs centaines d'enseignants et chercheurs réfugiés européens, sont ainsi accueillis de 1933 à la fin des années 1950, lorsque les relations intellectuelles internationales sont interrompues par le maccarthysme. Le statut officiel d'université est accordé à l'University in Exile par décret de l'État de New York dès 1934. Cependant, elle resta une division de la New School for Social Research. Plusieurs fondateurs de la New School for Social Research, tels Alvin Johnson, s'engagèrent publiquement dans le sauvetage des intellectuels et académiciens européens juifs. Ce dernier obtint notamment le soutien politique, médiatique et financier d'Hiram Hiller et de la Fondation Rockefeller. L'University in Exile a ainsi constitué pendant deux décennies le cœur intellectuel de la New School School for Social Research. Parmi ses enseignants à plein temps les plus notables, on compte de nombreux universitaires originaires d'Allemagne (Erich Fromm, Max Wertheimer, Aron Gurwitsch, Hannah Arendt, Leo Strauss et Hans Jonas), mais aussi de France (Claude Lévi-Strauss, Alexandre Koyré), de Suisse (Denis de Rougemont) et du Royaume-Uni (John Maynard Keynes, qui quitta temporairement l'Université de Cambridge pour New York entre 1942 et 1944). L'entreprise politique de l'University in Exile fut soutenue par le président américainFranklin D. Roosevelt qui déclara le sauvetage des élites intellectuelles européennes intérêt national entre 1943 et 1945.
Après-guerre, les chercheurs qui avaient fréquenté l'École libre des hautes études ont contribué à maintenir des liens académiques étroits entre l'École des hautes études en sciences sociales et la New School for Social Research.
Arnold Schönberg y a donné des conférences. John Cage y a également mené un cours de composition de musique expérimentale. Ses cours du soir ont été fréquentés par des musiciens, des poètes, des cinéastes, dont quelques-uns sont devenus des figures du monde artistique du second XXe siècle (Jackson Pollock). Ils y discutaient des notions de hasard ou d'actions non intentionnelles dans l'art, à la suite des dadaïstes, et de l'expérience de l'événement sans titre que John Cage avait mené quelques années auparavant au Black Mountain College. Ce cours eut des répercussions considérables sur le développement de l'art de la performance artistique aux États-Unis[2].
Le géographe belge Aristide Zolberg, par ailleurs enseignant à l'École des hautes études en sciences sociales et à l'Institut d'études politiques de Paris, y fonde le Zolberg Institute on Migrations and Mobility, le principal centre mondial de recherche académique consacré à l'étude des migrations et de la mobilité internationale.
À propos de la New School for Social Research, Marlon Brando déclare : « J'ai suivi les cours de l'établissement pendant une année, et quelle année cela fut pour moi. L’école et New York étaient devenues un sanctuaire intellectuel pour des centaines de juifs européens d'exception qui avaient dû fuir l'Allemagne nazie et de nombreux pays européens au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Ils enrichirent la vie intellectuelle new-yorkaise avec une intensité qui n'eut sans doute pas d'équivalent dans l'histoire moderne sur une si courte période ».
Claude Joseph, ministre des Affaires étrangères d'Haïti du 5 mars 2020 au 24 novembre 2021 et Premier ministre par intérim du 14 avril au 20 juillet 2021.
↑Roselee Goldberg (trad. de l'anglais), La Performance, du futurisme à nos jours, Londres/Paris, Thomas & Hudson / l'univers de l'art, 256 p. (ISBN978-2-87811-380-8), Chap 6 L'art vivant de 1933 aux années 1970 / La New School for Social Research