Otfrid Nies relève que « malgré certaines difficultés non négligeables, [elles] s'adressent également aux jeunes pianistes[4] ». Concernant la partition, Koechlin notait : « J'ai éprouvé comme il est difficile d'écrire des œuvres pour les enfants, quand on voudrait à chaque instant ajouter à la pensée des commentaires « d'homme mûr ». Je l'ai surtout remarqué lorsque, pour certaines de mes sonatines, j'ai employé des thèmes que j'avais notés, les ayant entendus chantés par mon fils Jean-Michel. C'est que ces thèmes sont l'expression exacte de son sentiment, instinctivement sortis de lui, — et je sens très bien que ce ne sont pas les miens. Les Sonatines no 1 et no 3 sont sur des thèmes de Jean-Michel ainsi que l'Andante de la Sonatine no 5[4] ».
Intermezzo. Très modéré en la mineur, non mesuré ;
Final (en forme de rondo). Allegro non troppo en la majeur, non mesuré.
Sonatine no 5 :
Allegro moderato (pas trop vite) en sol majeur, non mesuré ;
Andante en la mineur, non mesuré ;
Petite fugue. Moderato sans traîner en si mineur, non mesuré ;
Final. Allegro con moto en la majeur, non mesuré.
Analyse
Guy Sacre considère l'« écriture transparente, la métrique souple, comme toujours chez Koechlin ; la barre de mesure, employée de façon fantaisiste et parcimonieuse, n'indique jamais que des phrases, des sections, voire des changements d'humeur[10] ».
La sicilienne de la Sonatine no 2 « doit beaucoup, et même un peu trop, à la fameuse Sicilienne de Fauré (Pelléas et Mélisande) ; elle en retrouve la suavité harmonique, les arpèges liquides, les tours archaïsants[11] ». Koechlin avait réalisé l'orchestration de la musique de scène[12]. Fauré remanie cette œuvre « pour un orchestre plus touffu, en 1901, mais conserve l'orchestration de la célèbre Sicilienne que nous entendons toujours aujourd'hui dans la version de Charles Koechlin[13] ».
La Petite fugue de la Sonatine no 5, « pour être conçue dans les règles, à quatre voix indépendantes, et s'achever dans l'apothéose du majeur, n'en est pas moins touchée d'on ne sait quelle innocence[14] ».
Le philosophe et musicologueVladimir Jankélévitch mentionne « les Sonatines toutes claires, toutes dominicales, toutes candides de Charles Koechlin[15] » parmi les musiques du matin : « Au sortir des ivresses nocturnes du romantisme, c'est la conscience ironique, sobre, dessoûlée, qui se guérit de l'illusion et entreprend sa grande diète de dépuration et de désabusement[16] ».
Guy Sacre, La musique de piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. II (J-Z), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN978-2-221-08566-0), « Charles Koechlin », p. 1573-1595.