Dissous en 1918, son nom est repris depuis avril 2013 par le 1er régiment séparé de fusiliers Semionovsky (1-й отдельный стрелковый Семёновский полк).
Historique du Régiment Semionovsky
Ce régiment fut fondé par l'empereur Pierre le Grand en 1687. Il doit son nom au village de Semionovskoïe, situé à l’est de Moscou[1]. Ce régiment est l’héritier du régiment Petrov, formé en 1683, par le tsar Alexis Ier pour les divertissements guerriers de son fils Pierre Alexeïevitch de Russie, alors âgé de onze ans. Cette petite troupe armée se composait alors d’une cinquantaine de jeunes boyards et de courtisans et était stationnée dans le village de Preobrajenskoïe. Mais très vite de nouveaux jeunes gens vinrent grossir les rangs de cette joyeuse troupe, une partie fut donc transférée au village de Semionosvskoïe[2]. De jeunes enfants issus de la grande noblesse russe de l’époque composaient l’entourage du jeune Pierre Alexeïevitch de Russie : les Dolgoroukov, Galitzine, Cheremetiev, Pozorovski, Repnine, Boutourline, Narychkine, Tolstoï et bien d’autres[3].
En 1687, cette troupe armée stationnée au village de Semionovskoïe prit le nom de Régiment Semionovsky.
Ce fut au cours de la campagne d’Azov (1695) que le régiment Semionovsky reçut son baptême du feu.
En 1698, le Régiment Semionovsky se composait de trois bataillons, auxquels il faut ajouter deux compagnies militaires distinctes composées de bombardiers (en service sur les mortiers, les obusiers) et des grenadiers[2].
En 1800, sur ordre de Paul Ier de Russie, le Régiment Semionovsky fut débaptisé et reçut le nom de Régiment de la Garde de Sa Majesté Impériale Alexandre Pavlovitch. Mais en 1801, Alexandre Ier le restaura dans son ancien nom[2].
Grande Guerre du Nord
Le , à l’occasion de la prise de la forteresse de Narva, ce régiment prit le nom de Régiment de la Garde Semionovsky. Après cette bataille, alors que certains officiers russes se constituèrent prisonniers, les Régiments Semionovsky et le 8e Régiment de Grenadiers Moskovski placés sous le commandement du général Bader continuèrent le combat.
En 1702, le Régiment Semionovsky se distingua à la prise de la forteresse de Noteborg, en récompense, chaque soldat ayant participé à cette victoire sur les troupes suédoises reçut une médaille d’argent.
Le , le régiment et le Corps volant russe s’illustrèrent à la bataille de Lesnaya.
Le , ce régiment d’infanterie de la Garde fut engagé à la bataille de Poltava.
Prise d’Otchakov
En 1788, au cours de l’assaut mené contre la forteresse d’Otchakov, Sergueï Vassilievitch Nepeïtsyne fut grièvement blessé à la jambe et fut amputé sous le genou. Cette blessure devait en toute logique mettre un terme à sa carrière militaire, mais il rencontra le remarquable ingénieur et inventeur russe Ivan Petrovitch Koulibine (1735-1818). Celui-ci conçut et fabriqua une jambe artificielle pour Sergueï Nepeïtsyne. Sa force de caractère, sa persévérance lui permirent de rester en service dans l’Armée impériale de Russie jusqu’à sa retraite. Au cours de la Guerre patriotique, il reprit du service. Il s’illustra à la bataille de Kliastitsy. Puis à la tête d’un détachement de cavalerie formé de Cosaques et de dragons, il harcela les troupes françaises, tuant les traînards, ôtant à l’ennemi son fourrage, ses vivres, coupant toute communication. Pour ces faits de guerre, il reçut l’ordre de Saint-Georges (4e classe). Alexandre Ier fut informé de la vaillance de ce soldat infirme et pour le récompenser de sa bravoure, l’empereur ordonna son transfert au prestigieux Régiment Semionovsky. Le valeureux Nepeïtsyne continua la guerre au sein de ce régiment[4]
Pendant la Guerre patriotique de 1812, les trois bataillons du Régiment Semionovsky firent partie de la 1reBrigade de la division d’infanterie de la Garde (5e Corps d’infanterie). Au cours de la bataille de la Moskova (bataille de Borodino pour les Russes), ce régiment de la Garde fut mis en réserve. Après la prise de la redoute Rajewski par les troupes de la Grande Armée, les soldats du Régiment Semionovsky repoussèrent les attaques de la cavalerie lourde française menées sur le centre de la position russe par le maréchalJoachim Murat. Dans ces contre-attaques, on déplora la mort de 120 soldats du Régiment Semionovsky[1].
En 1820 survint ce que l’on nomma en Russie l’Histoire de Semionovsky - Семеновская история 1820[5]. Mécontents de la nouvelle nomination du général Grigori Iefimovitch Schwarz (1791-1822), à la tête du régiment Semionovsky, militaire connu pour sa rigueur excessive[6], certains soldats se réunirent dans la soirée du . Après délibération, ceux-ci refusèrent de monter la garde. L’arrivée du commandant de la Compagnie ne leur fit pas changer d’avis. Entourés par deux compagnies du Régiment de la Garde Pavlovski, ils furent emmenés manu militari et emprisonnés dans la forteresse Pierre-et-Paul. Les soldats du régiment manifestèrent leur solidarité envers leurs camarades mis en état d’arrestation. Ceux-ci exigèrent leur libération ou la mise en détention de tout le régiment. L’administration militaire opta pour la seconde solution. Désarmé, escorté par des Cosaques, le Régiment Semionovsky fut conduit à la forteresse Pierre-et-Paul.
Ces événements durèrent quatre jours et se déroulèrent pendant l’absence de l’empereur puisque, à cette époque, Alexandre Ier séjournait à Troppau[7]. Le , le tsar ordonna la dissolution du Régiment Semionovsky, les officiers, les soldats de rang subalterne furent transférés dans différents régiments de l’Armée impériale de Russie. En 1823, avec d’autres unités de la Garde, Alexandre Ier de Russie recréa ce Régiment. Le général Grigori Iefimovitch Schwarz comparut devant une cour martiale. Pour ses manières brutales et injustes, il fut accusé d’avoir provoqué les soldats du rang et renvoyé de l’armée. Quant aux soldats instigateurs de la rébellion, ils furent condamnés à recevoir le châtiment du fouet et condamnés aux travaux forcés[8]. Cet événement secondaire annonçait l'insurrection décabriste du 14 décembre 1825 ( dans le calendrier grégorien)[9].
1805 : Les 1er et 2e bataillons du Régiment Semionovsky quittent Saint-Pétersbourg pour l’Autriche, le détachement Tsarévitch de la Garde Impériale de Russie fut impliqué dans la bataille dite des Trois Empereurs, le , le régiment regagna sa caserne à Saint-Pétersbourg ;
1812 : En mars1812, le Régiment Semionvskiki se rendit dans la ville lituanienne de Vilna, il fut incorporé dans la 1re Armée de l’Ouest placée sous le commandement du très controversé Michel Barclay de Tolly ;
1813 : Sous le commandement du général Tormassov, nommé de façon temporaire, commandant suprême de l’Armée impériale de Russie après le décès du feld-maréchalKoutouzov, ce Régiment d’infanterie de la Garde traversa le fleuve Niémen. Le 2 avril, en présence d’Alexandre Ier et du roi de PrusseFrédéric-Guillaume II, il fait une entrée triomphale dans Dresde. Le détachement Tsarévitch combat les troupes françaises à Lützen, les 20 mai et , il fut engagé dans la bataille de Bautzen. À Kulm, la grande bravoure démontré par le régiment au cours de la bataille amena la reconnaissance de l’empereur d’AutricheFrançois Ier, afin d’honorer le détachement de la Garde, le monarque autrichien ordonna la construction d’un monument dédié au régiment Semionovsky. Son inauguration eut lieu le en présence de Nicolas Ier de Russie, Ferdinand Ier d’Autriche et du roi de Prusse Frédéric-Guillaume III. Sur ce monument honorant les héroïques soldats du détachement du Régiment Semionovsky furent inscrits les noms des officiers de la Garde impériale morts au combat[2]. À Leipzig, le régiment fut placé en réserve.
1814 : le 13 janvier, en présence de l’empereur Alexandre Ier, à Bâle, le régiment traverse le Rhin puis sous le commandement du feld-maréchal Barclay de Tolly fut stationné à Langres. Comme régiment de réserve, il fut engagé dans toutes les batailles de la Campagne de France (1814). Le , il entra dans Paris. Le Régiment Semionvski part pour la Normandie et, le 15 juin embarque à Cherbourg. Le 12 août, il fait son entrée à Saint-Pétersbourg. À cette occasion, Alexandre Ier ordonne la construction d’un arc de triomphe en son honneur, en récompense des excellents services rendus par le Régiment Semionovsky entre 1812 et 1814.
1820 : Après l’acte de mutinerie perpétré par le Régiment Semionovsky, Alexandre Ier ordonna sa dissolution : les officiers et les soldats de rangs subalternes furent transférés dans différents régiments de l’Armée impériale. En 1823, le nouveau Régiment Semionovsky fut reformé avec d’autres unités de la Garde impériale[2] ;
1828 : Lors de la déclaration de guerre de la Russie à la Turquie, les 1er et 2e bataillons du Régiment Semionovsky quittent leur casernement de Saint-Pétersbourg. En août, en présence du grand-duc Michel, il traverse le Danube pour se rendre sur le théâtre des opérations militaires. Il s’illustre au siège et à la prise de Varna ;
1831 : Les 1er et 3e bataillons du Régiment Semionovsky furent impliqués dans la répression menée contre les insurgés polonais, le 8 septembre, il s’illustra lors de la prise de Varsovie ;
1849 : Le Régiment Semionovsky part en campagne militaire en Hongrie ;
1863-1864 : fait à nouveau partie des troupes chargées de mater la deuxième insurrection polonaise ;
1876 : Le Régiment Semionovsky fut réorganisé, quatre bataillons composèrent désormais ce régiment, des fusiliers composèrent le 4e Bataillon ;
1877 : Formation de quatre bataillons de réserve ;
1918 : De retour du front le régiment fut dissous ;
1919 : Le régiment rejoint l’armée de volontaires du général Nikolaï Nikolaïevitch Ioudenitch.
Uniformes
En 1721, les Régiments Préobrajensky et Semionovsky furent dotés d’uniformes de couleur verte avec des revers rouge, seuls les tours de cou furent différents, rouge pour le Régiment Préobrajensky, bleu pour le Régiment Semionovsky[10].
Un hausse-col ou gorgerin d’argent avec l’inscription fut décerné aux officiers du Régiment Semionovsky afin de commémorer la bataille de Narva[2].
Un insigne porté en broche sur les chapeaux puis sur les casquettes avec l’inscription Pour Tashkinen le fut décerné au Régiment Semionovsky en récompense de son héroïsme au cours de la Guerre russo-turque de 1877-1878[11].
Pour leur héroïque comportement au cours de la bataille de Varna (1700), les Régiments Préobrajensky et Semionovsky reçurent des bas rouges, il symbolisait leur attitude au combat (du sang jusqu’au genoux).
Alexeï Alexandrovitch von Lampe : (1885-1967), major-général, membre du Mouvement blanc, Président de l’Union générale des Combattants russes (ROVS) créée en 1924 par les émigrés issus de l’Armée blanche ;
Pertes lors de la Première Guerre mondiale, la guerre civile russe et la Terreur rouge
Les membres de la famille impériale en service dans les régiments de la Garde impériale ne sont pas comptabilisés dans le nombre d’officiers tués au cours ces périodes de guerre.
En 1920, des officiers exilés ayant appartenu au Régiment Semionovsky créèrent à Belgrade l’Association du Régiment Semionovsky. À cette époque, 121 membres la composait. Le lieutenant-général Ivan Sebastianovitch Etter présida cette association, son vice-président fut le colonel Alexandre Vladimirovitch Popov. D’autres officiers siégèrent à la tête de l’association comme le major-général A.A. von Lampe exilé en Yougoslavie, le capitaine N.A Klimenko (exilé aux États-Unis), le capitaine G.G. Siunnerberg, le capitaine D.N. Schmemann en fut le secrétaire, le capitaine N.N. Gonetski, le Trésorier.
En 1939, son nombre s’élevait à 89 adhérents (25 exilés en France dont 16 à Paris). Entre 1949 et 1951, 55 personnes continuèrent à faire vivre cette association (10 à Paris - 2 aux États-Unis). En 1958, le nombre d’adhérents était tombé à 36 (dont 7 à Paris)[13].
↑« Une véritable brute » n'hésitant pas à frapper lui-même les soldats, selon André Maury, La Conspiration des décabristes, p. 27, Les Éditions mondiales, Paris, 1972
↑André Maury, La Conspiration des décabristes, p. 27