Il est le fondateur du Cours Robert Cordier, de The Action Studio et de l'Association Théâtre Action qui devint Acting International.
Biographie
Débuts en Belgique
Robert Cordier est né en 1933 à Binche, du champion cycliste Adrien Cordier et de Émilie Gressier. En 1949 il débute sur scène dans La Veuve joyeuse, avec une troupe d'amateurs de Binche. La même année il intègre l'école de cinéma de Ciné Revue. Reçu par Françoise Rosay, marraine de l'école, il tourne bientôt dans Ah qu'il fait bon chez nous d'Émile-Georges De Meyst. Il entre ensuite au Rideau de Bruxelles où il rencontre le mime Marceau qui l'invite à venir travailler avec lui à Paris[3].
Jeunesse à Paris
À Paris Cordier rencontre Jean Genet qui l'oriente vers le Centre national du spectacle, où il sera accepté sur audition privée avec Jean Meyer[3]. Il apprend le métier également à l’école de Charles Dullin. Après son succès au concours de fin d'année dans Valère du Tartuffe (avec Stéphane Audran), Jean Vilar lui propose le rôle de Tébaldéo dans Lorenzaccio. D’autres propositions affluent mais, à la suite d'un différend avec Gérard Philipe, Robert Cordier part poursuivre sa carrière aux États-Unis[3].
En 1954, il commence son service dans l’armée américaine. Pendant le conflit coréen, Cordier dirige la Special Services Division du Théâtre de l'Armée, à Fort Monmouth(en), près de New York. Il met en scène Jules César et Les Fourberies de Scapin[6].
En 1956, après l'armée, il revoit Jean Vilar à Paris et rencontre James Baldwin. Tous les trois travailleront plus tard aux États-Unis pour la cause des droits civiques des noirs.
À l'été 1956, il fonde sa compagnie Playmakers et monte des spectacles dans son premier théâtre dont il devient le fondateur et le directeur artistique, The Old Mill Theatre. Il monte plusieurs spectacles dont Escurial de Ghelderode et co - produit avec l’Actors StudioLes Joueurs de Gogol et Village Wooing de George Bernard Shaw[3].
En 1959, il monte Ping-Pong d'Adamov. Sartre et Jean Vilar envoient des textes pour la création. La critique sera mauvaise, mais Albert Bermel réhabilite le spectacle : « Ping-Pong est l'œuvre dramatique la plus originale montée durant la saison 1958-1959... la mise en scène était probante et irréfutable, la comédie grotesque, stimulante et efficace. Monsieur Cordier a fait montre d'une folle inventivité, et les acteurs preuve d'une force exceptionnelle, de fluidité et d'une clarté de diction peu commune pour une troupe off-Broadway... » [7]
Années 1960
Beat generation
En 1959 Cordier part au Mexique avec les beatniks de Lawrence LeClair (surnommé 'Turk LeClair'). Larry Fink se joint à eux. Alain Jouffroy écrit dans Kerouac City Blues : « J'ai fait paraître en 1960 les photos de Larry Fink, et un long texte de Robert Cordier, dans l'hebdomadaire Arts - Spectacles, et c'est à partir de ces grandes pages que l'on a commencé, en France, où l'on n'en connaissait rien, à parler de ce qu'on a appelé ensuite la Beat generation. » [8]. En 1960 Gregory Corso, Alain Jouffroy, Jean-Jacques Lebel et Cordier présentent la première séance en France de Poésie et Jazz, à la Galerie 55.
L’Actors Studio
Ayant construit des relations de confiance avec l’Actors Studio et son directeur Lee Strasberg en particulier par le travail de Playmakers à The Old Mill Theatre et The Strand Theatre[9], Cordier monte, avec Burgess Meredith et Rip TornBlues for Mister Charlie(en) de James Baldwin. Cette production de l'Actors Studio joue lors de sa saison 1964 à Broadway. À la parution du livre, Baldwin le dédicacera à Cordier : « À Bobby sans qui ce voyage n'aurait jamais pu se faire. »[10]
Le combat pour la cause des droits civiques des noirs
Après le succès de Blues for Mister Charlie(en) à Broadway Cordier prend une décision inattendue. En 1964 il accepte la direction artistique du Free Southern Theatre qui joue des pièces du répertoire dans les États ségrégationnistes du Sud, avec des acteurs noirs et blancs. Souvent malmenés ou incarcérés dans les prisons sudistes, Cordier et deux acteurs sont poursuivis une nuit, après une représentation de In White America, par des tueurs du Ku Klux Klan dans les bayous de la Louisiane. Ils seront sauvés in-extremis par les Deacons(en), les noirs vigilants de Jonesboro, puis acclamés comme des héros par les médias[11]. Cordier et Gil Moses en tireront un spectacle-réalité. Le Président Lyndon Johnson fera protéger la troupe par les polices locales et le FBI pour le reste de la tournée qui fut baptisée '’The Year of Revolt'’ (L’Année de la Révolte)[12].
En 1966 Cordier monte Brecht et Billy the Kid or The Blossom de Michael McClure. « Robert Cordier est un astronaute DNA voyageant à travers l'espace théâtre dans les images qu'il crée avec son art. Sa production de ma pièce Billy the Kid fut l'une des expériences révélatrices, extravagantes, joyeuses et terrifiantes que le drame m'a apportées, » écrira Michael McClure[14].
Télévision
En 1966, Cordier prépare un événementiel Cinéma et Théâtre pour l'un des sept pavillons du thème, EXPO 67 à Montréal : Man and His Health (L'Homme et Sa Santé).
Cordier écrit Injun Fender « une des plus belles chroniques de notre vécu rock&rollien »[18], « l'agonie d'une rock star » [19], avec Denis Campbell, Lillian Nanine Carney, Nancy Salmon, Valois Mickens et Eric Emerson. Le film Fender l'Indien (Injun Fender), d'abord interdit par la censure en France, puis libéré par Michel Guy, sera un succès dans les salles d'Art & d'Essai [20]. « Du côté de Burroughs... sans aucun doute le plus beau film que l'on ait tourné sur la poésie trouble du rock des villes. Un poème et un chant d'amour. » écrit Paul Alessandrini dans Rock & Folk[21]. « Peu ont vu NY ainsi. Un classique pour la génération future. C'est un grand film, » dira Richard Lindner[22]. En 1974 il est président du jury du Festival de Locarno qui l'avait primé l'année précédente. Il tourne Ricardo Bofill / Taller d'Arquitectura, long métrage documentaire pour France télévisions.
La suite de sa carrière
Sa troupe de théâtre débute au Centre Pompidou, joue au Grand Rex, puis au Théâtre Marie Stuart. Cordier prend également la direction du Centre dramatique Hennuyer à Mons. Son spectacle The Game of love and chance (Le jeu de l'amour et du hasard) de Marivaux part en tournée à Paris, Londres, Amsterdam, Southampton. Son autre spectacle La nuit des rois fait également une tournée internationale. En 1987, il monte Mort de chien de Hugo Claus, Haute Surveillance de Genet et Savage/Love de Sam Shepard. Savage/Love avec Lesley Chatterley jouera 950 fois en Europe[6]. En 1980 Cordier fonde l’école de théâtre et de cinéma Acting International. Depuis il se consacre essentiellement à l’enseignement, tout en continuant des projets de mise en scènes, réalisation, écriture et radio.