En 1830, un sondage est creusé au sommet de la colline de Bourlémont, non loin de l'emplacement du futur puits Sainte-Marie. Il rencontre le terrain houiller, mais pas de trace de charbon[1].
C'est en 1863 que le conseil d'administration décide de creuser un nouveau puits à l'ouest du puits Saint-Charles afin de remplacer ce dernier. À cette époque, les limites du bassin de Ronchamp ne sont pas connues[3]. L'emplacement du puits est établi à 1,4 km à l'ouest du puits Saint-Charles[4], au pied de la colline de Bourlémont au sommet de laquelle se trouve la chapelle Notre-Dame-du-Haut[5].
Le fonçage du puits débute le avec une section circulaire de 3,5 mètres de diamètre. Contrairement à la plupart des puits de Ronchamp, il y a peu d'infiltrations d'eau. Les 25 premiers mètres sont muraillés avec soin et du ciment Portland est coulé derrière[4],[6]. Le creusement s'achève au bout de deux ans grâce à un treuil à vapeur de six chevaux[2],[5], le puits a été creusé à une vitesse moyenne de 17,95 mètres par mois et a coûté 172 157,93 francs au total. Le terrain houiller est rencontré à 239 mètres[4]. Mais à 305 mètres de profondeur, les ouvriers rencontrent une couche de 60 centimètres de charbon ; le puits est ensuite approfondi jusqu’au terrain de transition[Note 1], à 359 mètres, sans rencontrer d'autres couches exploitables[7].
Le creusement du puits s'est effectué dans un terrain accidenté et fortement faillé : les bancs sont formés à 260 mètres de conglomérats grossiers de schistes noirs, de grès schisteux, de porphyre mêlés à une pâte feldspathique. Une faible couche de houille impure de 10 à 12cm d'épaisseur se trouve à 282,25 mètres de profondeur[4],[6].
Recherches
Malgré ces mauvais résultats, la décision est prise d'aménager le puits comme un site d'extraction avec des cages munies de systèmes de sécurité et d'y mener plusieurs chantiers de recherche[7]. Deux galeries sont creusées. L'une d'entre elles est creusée en direction de l'ouest et rencontre de nombreux accidents de terrain. C'est à ce moment-là que l'on découvre la limite occidentale du bassin minier de Ronchamp[7].
Dans l'autre galerie, seules sont découvertes de fines veines de houille de 70 centimètres entrecoupées de filets de schistes et de pyrite[7].
Malgré tout, un petit chantier d'abattage est établi à 400 mètres de la recette inférieure du puits et un peu plus de 1 000 tonnes de ce charbon y sont extraites[8]. Une galerie de jonction est ensuite creusée avec le puits Saint-Charles et l'extraction au puits Sainte-Marie s’arrête là[3].
Incidents
Les recherches effectuées au fond du puits Sainte-Marie sont perturbées par plusieurs types d'incidents[9].
C'est d'abord la machine d'extraction qui pose un problème. Il s'agit d'une petite machine à vapeur de 8 ch[10] actionnant un treuil. Ce dispositif ne doit durer que le temps du fonçage, mais n'est jamais remplacé. Il permet de remonter cinq tonnes de déblais par jour[9]. Cette machine casse le en remontant un chariot de charbon. Au moment de l'incident, cinq mineurs se trouvent au fond. Ils sont remontés le lendemain à l'aide d'un treuil manuel à engrenage[9]. La machine est remplacée deux ans plus tard par l'ancienne machine du puits Notre-Dame qui possède un cylindre de 70 cm de diamètre et un frein à vapeur, complétés par des engrenages et un arbre à bobine[11].
En , une cage d'extraction se décroche et endommage des guides avant de tomber dans le puisard. Cet incident provoque quinze jours de chômage pour remettre les installations en état[9].
Le puits Sainte-Marie connaît également un coup de grisou le . Cet accident fait huit morts et trois blessés qui sont retrouvés le 1er février suivant après la réparation de 250 mètres de boisages[12].
Le , le percement en direction du puits Saint-Charles est terminé et le puits Sainte-Marie devient le puits d'aérage pour tous les chantiers de celui-ci[13].
Le puits Sainte-Marie devient ensuite le puits d'aérage général pour tous ses voisins qui eux, exploitent le charbon[13]. Pour cela il reçoit de nouvelles infrastructures : son orifice est bouché par une fermeture mobile à joint hydraulique tandis que le ventilateur Guibal de neuf mètres de diamètre du puits Sainte-Pauline est installé sur le carreau de la fosse[14]. Il est remplacé à la fin juillet 1872 par un ventilateur Lemielle plus puissant, capable de fournir un débit de 20 m3 d'air par seconde. Il est installé dans une cuve en maçonnerie de 7,10 mètres de haut et 4,50 mètres de diamètre, rendue étanche par une rigole d'eau de trente centimètres. Mais cet appareil ne donne pas satisfaction car peu fiable et moins performant que dans les prévisions, le ventilateur Guibal est donc laissé en place comme ventilateur suppléant et de secours[15].
Il est abandonné à la suite de la fermeture définitive des puits Saint-Charles, Notre-Dame-d'Éboulet et Saint-Joseph, en 1896[5]. Mais, tout comme le puits no 10, il n'est pas remblayé pour permettre aux éventuels gaz de s’échapper, il est alors entouré d’un mur de 2,50 m de haut sur toute sa longueur[16]. Les installations, laissées à l'abandon, tombent en ruine dans les années 1910[2],[17],[i 1].
En 1924, les houillères de Ronchamp désormais en difficulté ne veulent plus négliger la moindre couche exploitable. C'est ainsi que le puits Sainte-Marie renaît de ses cendres, et est équipé d'un chevalement en béton armé conçu par l'ingénieur liégeois Charles Tournay, d'un treuil électrique et de deux ventilateurs[13],[18]. Mais le puits du Chanois est préféré pour exploiter la houille, car celui-ci est installé près des installations de triage et de lavage. Le puits Sainte-Marie, relié par un montage[Note 2] à ce puits, est néanmoins utilisé comme puits d'aérage général jusqu'à l'abandon des houillères de Ronchamp en 1958[13].
Le double ventilateur Guibal des années 1860, dont les ruines subsistent.
Le système d'extraction des années 1920.
Le système d'aérage électrique.
Reconversion et conservation
Après la fermeture, le puits est remblayé avec du schiste. Une dalle en béton est coulée le par l’entreprise Cotta[i 2],[20],[21]. Dès la fermeture du puits, il est envisagé de démolir le chevalement, mais la population, très attachée à son patrimoine, s'y oppose, en particulier le docteur Marcel Maulini, créateur du musée éponyme qui forme un comité pour le rachat et l'aménagement du puits Sainte-Marie parvenant ainsi à sauver le chevalement en 1972[22]. EDF le cède au conseil général de la Haute-Saône pour un franc symbolique[23]. Le docteur Maulini, membre du conseil municipal de Ronchamp depuis 1953[24], prévoyait alors de le transformer en musée de la mine, mais le projet ne voit pas le jour ce qui l'oblige à le construire par ses propres moyens au centre de la ville et non à l'emplacement du puits comme envisagé initialement[25],[26],[27].
Vue du puits et du centre-ville.
Le chevalement.
La dalle du puits.
La borne du puits.
En 1976, un sondage par carottage est réalisé sur l'ancien carreau de la mine pour rechercher de l'uranium repéré dans la région de Ronchamp (aucune exploitation n'a lieu par la suite)[i 3],[20]. En 1979, le chevalement est rénové par l'entreprise Meuziau[i 4],[20]. En 1994, le carreau du puits est réaménagé avec une locomotive et des berlines (des wagonnets de mine)[22].
Le chevalement est inscrit aux monuments historiques[Note 3] le 29 mars 2001 avec le label « Patrimoine du XXe siècle »[28]. Enfin, en , les ruines des bâtiments entourant le chevalement sont défrichées et restaurées dans le cadre d'un chantier international de jeunesse[29],[30].
L'ancien bâtiment de la machine d'extraction.
Vestiges d'un ventilateur.
Restes du poste de contrôle.
Soubassement de l'ancien bâtiment du ventilateur Guibal (XIXe siècle).
Notes et références
Notes
↑Le terrain de transition est composé de toutes les couches se trouvant sous le terrain houiller, à partir du socle où repose celui-ci.
↑Il s'agit d'une galerie inclinée, creusée en 1928, par laquelle on accède, en montant, à la zone minéralisée.
↑Citation de la notice (base Mérimée) : « Il s'agit de la dernière construction à caractère industriel témoignant de l'activité de la société des Houillères de Ronchamp, et plus largement du seul témoignage, bien que tardif, de l'activité houillère de la région. ».
Le BRGM est l'organisme public français référent dans le domaine des sciences de la Terre pour la gestion des ressources et des risques du sol et du sous-sol.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Jean-Jacques Parietti, Les Houillères de Ronchamp vol. I : La mine, Éditions Comtoises, (ISBN2-914425-08-2).
Jean-Jacques Parietti, Les Houillères de Ronchamp vol. II : Les mineurs, Noidans-lès-Vesoul, fc culture & patrimoine, , 115 p. (ISBN978-2-36230-001-1).
Jean-Jacques Parietti, Les dossiers de la Houillère 1 : Le puits Sainte Marie, Association des amis du musée de la mine, (lire en ligne).
Jean-Jacques Parietti, Les dossiers de la Houillère 3 : Le puits Saint Charles, Association des amis du musée de la mine, 1999 (2) (lire en ligne).
Jean-Jacques Parietti et Christiane Petitot, Géomètre aux houillères de Ronchamp, Association des amis du musée de la mine, .
François Mathet, Mémoire sur les mines de Ronchamp, Société de l'industrie minérale, (lire en ligne).
La version du 29 décembre 2014 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.