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Pierre de Rohan est le cadet de la famille de Rohan-Guéméné, elle-même branche cadette des Rohan en Bretagne. Fils de Louis Ier de Rohan-Guéméné et de Marie de Montauban, il descend ainsi de deux des plus anciennes et des plus puissantes maisons du royaume. Par sa mère, Marie de Montauban, petite-fille de Bonne Visconti, proche parente d'Isabeau de Bavière, il est petit-fils de l’Amiral de Montauban, collaborateur et ami de Louis XI. Par son père, il est apparenté à Du Guesclin. Sa famille est en disgrâce à l'avènement de Pierre II de Bretagne pour avoir trempé dans l'assassinat de Gilles de Bretagne, frère du duc. C'est la raison de sa naissance hors de Bretagne.
En 1457, sa mère empoisonne son père qui meurt laissant un testament dans lequel il refuse à sa femme la tutelle de leurs enfants. Pierre de Rohan a alors pour tuteur Tanneguy du Chastel. Marie de Montauban échappe à la justice, se remarie avec Georges de La Trémoille, seigneur de Craon, mais elle meurt emprisonnée en 1476.
Au service de Louis XI (1461-1483)
Il est élevé en France, à partir de 1461, par Jean de Montauban son aïeul maternel, amiral de France[3] qui l'introduit à la cour de Louis XI. Après la mort de son tuteur en mai ou , Louis XI conserve à sa cour ce jeune homme, qui, grâce à cette protection, se trouve en 1472 conseiller et chambellan du roi et capitaine de Blois, à l'âge de seulement 21 ans[4]. Le roi, dont il se révèlera être un fidèle indéfectible, lui restitue la seigneurie familiale de Gié en Champagne, spoliée par le chancelier Rolin, et il ajoute ce nom à celui des Rohan.
Il continue de donner des preuves de sa fidélité et de dévouement qui confortent Louis XI dans la confiance qu'il lui accorde[8]. Il se voit confier la direction d'une campagne militaire en Flandre en 1479, et avec 800 hommes il reprend toutes les places dont Maximilien d'Autriche s'était emparé précédemment[9].
Il assiste au sacre de Charles VIII le en portant l'épée royale. Membre du conseil de régence[12], il y joue un rôle important[13] et combat avec succès en 1487 le duc de Gueldre et le comte de Nassau ; le roi lui confie ensuite la garde des frontières de Picardie. Il accompagne le roi à la conquête du royaume de Naples.
En 1489, il est nommé lieutenant général de Guyenne, puis en 1491 lieutenant général de Bretagne sous le gouverneur prince d'Orange.
C’est lui qui conduit du secours à Louis XII, alors duc d'Orléans, assiégé dans Novare, d'où il parvient à le délivrer ; il devient par la suite chef du conseil du roi.
Le château de Mortiercrolles
Il rebâtit en 1500 le château de Mortiercrolles et établit dans son domaine le couvent franciscain de Notre-Dame des Anges. Il est très aimé du monarque qui le fait lieutenant-général en Bretagne et chef du Conseil. Veuf en 1497, Pierre épouse en 1503 la fille du duc Jacques de Nemours-Armagnac, Marguerite, héritière de l'Armagnac et fait épouser Charlotte, sœur de Marguerite, à son fils aîné. Les deux sœurs meurent en 1503 et 1504. En 1502 il se fait commander un David de bronze à Michel-Ange[15],[16], œuvre qu'il n'obtiendra jamais étant tombé en disgrâce avant.
Sous le règne de Louis XII (1498-1514)
Début du règne
À l'avènement de Louis XII, en 1498, son crédit augmente. Il l’accompagne en Italie en 1499, et est à ses côtés lors de l’entrée solennelle que ce prince fait à Gênes le . Il partage le pouvoir avec le cardinal d'Amboise.
Après le mariage du roi avec Anne de Bretagne (1499) : la disgrâce
À la suite du mariage de Louis XII avec Anne de Bretagne, deux factions s'opposent sur la stratégie d'alliance matrimoniales concernant Claude, la fille du couple royal : d'une part, Anne de Bretagne, soutenue par le cardinal d'Amboise, préconise une union avec le jeune Charles de Gand, héritier présomptif des Habsbourg, de Philippe le Beau, d'Isabelle la Catholique et de Ferdinand d'Aragon[17] ; d'autre part le maréchal de Gié préconise une union avec le jeune François de Valois-Angoulême, redoutant l'encerclement du Royaume de France en cas d'alliance avec Charles[18]. Cette opposition avec le cardinal d'Amboise et des difficultés avec le Parlement de Paris conduisent en 1504 à une machination consistant à s'attaquer à un proche du maréchal, Olivier de Coëtmen, grand maître de Bretagne, que Pierre de Pontbriand accuse auprès du roi, avant de se rétracter[19].
Mais une coalition de divers ennemis de Gié, au nombre desquels le cardinal d'Amboise, Louise de Savoie et surtout Anne de Bretagne - qui ne lui pardonnait pas d'avoir fait arrêter les bateaux chargés d'effets précieux qu'elle envoyait à Nantes et dont Gié contrecarrait les velléités d'union de Claude avec les Habsbourg - obtient que les accusations de lèse-majesté soit examinées par une commission[19].
Un procès se tient au Parlement de Toulouse, qui est éloigné de Paris et de la Bretagne et passe pour plus sourcilleux sur les accusations de lèse-majesté[19]. Après plusieurs semaines de procès, le Parlement de Toulouse ne retient pas l'accusation de lèse-majesté et Gié n'est condamné le - pour des motifs forts vagues - qu'à la privation de l'exercice de certaines de ses fonctions et commandements ainsi qu'à une amende relativement modeste, à la suspension de son titre de maréchal pour cinq ans et, pour la même durée, à un bannissement de la Cour « de dix lieues, sur peine de confiscation de corps et biens »[19]. On lui retire en outre « le gouvernement et la garde du duc de Valois », le futur François Ier, qu'il assure depuis plusieurs années[19].
Espérant vraisemblablement un verdict plus sévère, Anne de Bretagne insiste pour que le verdict soit publié et lu un peu partout dans le Royaume mais ce sont paradoxalement les options d'alliances matrimoniales du maréchal qui triomphent lorsque Louis XII marie Claude avec François de Valois-Angoulême[20].
Dernières années (1506-1513)
Gié se retire dans son château de Sainte-Croix du Verger à Seiches-sur-le-Loir en Anjou où il meurt le , « au moment où la politique qu'il avait longtemps préconisée recevait en quelque sorte une consécration définitive »[19]. Il est inhumé dans l'église qu'il a fait construire à Sainte-Croix.
Charles (° 1478 † 1528), seigneur de Gié et de La Marché, comte de Guise par son mariage en 1504 avec Charlotte d'Armagnac (cf. ci-dessous ; elle mourut peu après) ; fait comte d'Orbec par François Ier en en échange du comté de Guise.
Veuf, il s'était remarié en 1503 avec Marguerite d'Armagnac († 1503), comtesse de Guise, fille de Jacques d'Armagnac, duc de Nemours et comte de la Marche, et de Louise d'Anjou. Ils n'eurent pas d'enfants. À la mort de son beau-frère Louis d'Armagnac, il revendiqua le comté de Guise en compétition avec René II de Lorraine, et Marguerite d'Armagnac prêta hommage à Louis XII. Mais Marguerite mourut peu après et Pierre maria son fils Charles à Charlotte d'Armagnac, la sœur de Marguerite, pour conserver Guise.
Pierre de Rohan de Gié réorganise l'écu de son père et pose en abîme les armes des Visconti, qui font partie de celles de sa mère (voir Rohan-Montauban).
Écartelé en 1 et 4 contre-écartelé en 1 et 4 de gueules aux chaînes d'or posées en orle, en croix et en sautoir, chargées en cœur d'une émeraude au nature (Navarre), en 2 et 3 d'azur semé de fleurs de lys d'or à la bande componée d'argent et de gueules (Évreux), en 2 et 3 de gueules aux neuf macles d'or posées 3, 3 et 3 (Rohan), sur le tout d'argent, à une couleuvre ondoyante en pal d'azur, couronnée d'or, engloutissant un enfant de carnation, posé en fasce, les bras étendus (Visconti).
Notes et références
↑"Par lettres patentes données au Plessis-du-Parc en , Louis XI avait donné à Pierre de Rohan et à sa femme la seigneurie de Fontenay-le-Comte en échange de celle de Fronsac, en Guyenne. La propriété de cette dernière seigneurie avait été reconnu à Pierre de Rohan par un arrêt du Parlement du , malgré les prétentions contraires du maréchal Joachim Rouault, appuyé par le procureur du roi. Mais Louis XI tenait à la conserver à cause de son importance militaire" (Archives nationales, X1A 8607, fo 119 vo ainsi que De Maulde, Procédures politiques du règne de Louis XII dans la Collection des documents inédits de l'histoire de France p. 635 ; publiés par Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome VI, p. 317, note no 1, Librairie Renouard, Paris 1898)
↑"... noz chiers et amez cousin et cousine Pierre de Rohan, conte de Marle et de Porcien, mareschal de France, et Francoise de Penhoet, sa femme, ..." (Lettre de Louis XI datée du Plessis-du-Parc-lèz-Tours le , conservée dans les Archives nationales, X1A 9317, fo 69 ; publiée par Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome VI, p. 317, Librairie Renouard, Paris 1898)
↑Marquis de Pastoret, Ordonnances des roys de France de la troisième race : recueillies par ordre chonologique, avec des renvoys des unes aux autres, des sommaires, des observations sur le texte, Paris, Imprimerie Royale, (lire en ligne), p. 142-143
↑Louis XI écrivait au comte de Dammartin que, M. de Rohan était un des grands seigneurs du royaume qu'il se félicitait le plus d'avoir attaché à son service : "... et entre autres m'ont nomme Monseigneur de Gye, qui est de bonne et grant maison, comme savez, et de present est conte de Porcien et de Marle, et sont d'oppinion qu'il est homme qui vault bien d'y estre, je vous en advertiz, affin que m'escrivez vostre advis sur ce. ... Escript a Selonmes, le XVIe jour de septembre [1476]. LOYS. J. MESME. A Monseigneur le grant maistre (comte de Dammartin)". (Publiée par Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome VI, p. 88, Librairie Renouard, Paris 1898.) ; "... Touchant la diligence que monseigneur de Gye a faicte, vous l'en mercirez de par moy, et lui dictes que s'est bien raison qu'il ait sa part du prouffit, puisqu'il a fait si bonne diligence. ...Escript a Compiengne, le XIIe jour de may [1474]. LOYS. TILHART. A nostre ame et feal conseiller et chambellan le sire du Bouchaige." (Publiée par Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome V, p. 256, Librairie Renouard, Paris 1895) ; etc.
↑Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, t. XVII : Ge-Go, Michaud, (lire en ligne), p. 332-333
↑Philippe de Commynes, Mémoires, Livre VI, Chapitre VI « Quant il eut faict cest espouventement a ceulx dont j'ay parle, il s'enquist de l'expedition du conseil et de despeschez que on avoit faict en dix ou douze jours, dont avoient la charge l'evesque d'Alby, son frere le gouverneur de Bourgongne, le mareschal de Gye, le seigneur de Lude, ... », (Philippe de Commynes, Mémoires, GF Flammarion, Paris 2007, p. 368) ; si c'était Philippe de Commynes qui écrivit le mois de mars et l'année MCCCCIIIIxx (1480) selon sa mémoire (p. 364), en fait il s'agissait du mois de mars 1479 lorsque Louis XI avait été attaqué aux Forges près de Chinon.
↑Ordonnances des roys de France de la troisième race : Ordonnances rendues depuis le mois de mars 1482 jusqu'au mois d'avril 1486. 1835, , 936 p. (lire en ligne), p. 60.
↑ a et bSelon les études de Joseph Vaesen et d'Étienne Charavay, dans les Lettres de Louis XI, tome p. 22-23, Librairie Renouard, Paris, notamment d'après De Maulde, Procédures politiques du règne de Louis XII, dans la Collection des documents inédits, Paris 1885
↑Brantôme dit qu'« il fit fort bien selon aucuns, et selon d'autres non. » On lui reprocha d'avoir tenu son corps d'armée en réserve, sans en débander pour le moins quelques légères troupes afin de renforcer les pauvres combattants. Enfin, continue Brantôme, tout alla bien ; et le maréchal ne laissa pas d'emporter le renom d'avoir été un bon capitaine et pour la guerre et pour la paix.
↑"Michelangelo pittore" a cura di´ Pier Luigi De Vecchi. Milano: Jaca book 1984, p. 13
↑Yves Bottineau-Fuchs et Yves Bottineau, Georges 1er d'Amboise 1460-1510 : Un prélat normand de la Renaissance, Editions PTC, , 158 p. (ISBN978-2-906258-90-7, lire en ligne), p. 67
↑Yves Bottineau-Fuchs et Yves Bottineau, Georges 1er d'Amboise 1460-1510 : Un prélat normand de la Renaissance, Editions PTC, , 158 p. (ISBN978-2-906258-90-7, lire en ligne), p. 72