Élève de l'École des Beaux-Arts de Rouen[1], ce Rouennais « né bourguignon par accident » exerce un premier métier de géomètre des Eaux et Forêts avant de subir pendant la Seconde Guerre mondiale un emprisonnement où il frôle la mort[2]. Passionné de jazz et saxophoniste de haut niveau, il est ensuite notamment accompagnateur de Claude Luter et d'Alix Combelle, effectuant dans l'orchestre du second une saison de concerts[2].
Daniel Gautiez, fils de l'artiste, restitue : « au début des années cinquante, il entre en peinture. Les arbres morts de la baie de Somme sont ses premiers modèles. Il abandonne la critique picturale par déontologie et se soumet aux jurys des grands salons parisiens où il cherche et obtient la caution de ses pairs… Connu et reconnu, certes il le fut. La longue liste fastidieuse et rassurante des titres, distinctions et récompenses dont son travail et sa personne furent l'objet en témoigne… Sûrement il y fut sensible, mais peut-être moins qu'à quelques mots d'estime et d'encouragement dispensés par quelques aînés admirés, Roger Chapelain-Midy, André Hambourg, par exemple. Car ceux-là, comme d'autres plus illustres encore, Gustave Courbet, William Turner, furent ses maîtres : inscrite lisiblement dans son œuvre, leur influence le conduit à la synthèse heureuse d'une technique aboutie au service d'une vision romantique »[2].
George-Edward (pseudonyme de Tony Fritz-Vilars), Black-out, poèmes sur les désastres de la guerre illustrés par l'auteur, René Joutet (frontispice), Pierre Gautiez et Marcel Cramoysan, sans nom d'éditeur, 1946.
« Chez Pierre Gautiez, l'émotion ou le drame perce dans de nombreuses toiles, qu'elles traitent d'épaves, d'incendies sur le port ou de menaces de tempêtes dans des mers nordiques. Et la rigueur de la forme, qui rejette tous les excès, rend cette sourde inquiétude encore plus poignante. Mais le talent d'un peintre ne se laisse pas enfermer en quelques phrases. On trouve aussi dans son œuvre des toiles paisibles : natures mortes, vues de villes, vues de la mer qui rappellent la peinture hollandaise du XVIIe siècle. Des représentations de chantiers navals d'où émerge la forme d'une coque de navire, au rouge profond, s'approchent de l'abstraction. Mais toutes ces toiles sont marquées par la fluidité et la transparence d'éclairages subtils, qui ne dédaignent pas l'éclat de couleurs plus vives. » - Dominique Cyrot[2]
« Maniant l'humour et quelquefois l'ironie, Pierre Gautiez aimait le talent qu'il préférait appeler le métier. Sans doute parce qu'il se méfiait de l'enthousiasme, il se satisfaisait moins de la pirouette de génie que du savoir-faire né de l'étude et du travail. En son art, il revendiquait la technique, faisant faire à sa pudeur l'économie des débordements émotifs. Il comptait moins sur l'inspiration que sur la recherche de l'effort… Tard dans sa carrière, pour n'avoir pas postulé plus tôt, il fut heureux de devenir peintre officiel de l'Armée. Il agrémenta certaines de ses œuvres d'allusions militaires, sans rien changer à sa manière. L'âge le surprit sans le prendre, et les dernières toiles témoignent de la même puissance créatrice que celles de sa belle maturité. » - Daniel Gautiez[2]
Prix et distinctions
Médaille d'or de la Société internationale des Beaux-Arts[2].
Premier prix du Salon national des peintres de l'Armée[2].
Jean-Gabriel Montador, auteur d'une toile intitulée Hommage à Pierre Gautiez où un saxophone côtoie la palette, les tubes et les pinceaux du peintre[14].
↑ abcdefghijklmnopqrstuvwxyzaaab et ac Dominique Cyrot, Daniel Gautiez, Guy Dornand, Didier Bréant, Noël Lemoine, André Ruellan, Gautiez (1923-2006) - La mer, surtout, éditions de l'Association touristique de l'abbaye romane Saint-Georges de Boscherville, 2009.
↑ Catalogue de l'exposition Jean-Gabriel Montador, peintre officiel de la Marine, espace Jacques-Prévert, Mers-les-Bains, juillet 2021.
Annexes
Bibliographie
Guy Dornand, Pierre Gautiez, éditions de la Galerie Saint-Placide, Paris, 1965.
Guy Lezachmeur (préface du général Amédée Monchal), La Libération vue par les peintres de l'Armée de terre, Éditions du service Information Recrutement Promotion de l'Armée de terre, 1994.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
Dominique Cyrot, Daniel Gautiez, Guy Dornand, Didier Bréant, Noël Lemoine, André Ruellan, Gautiez (1923-2006) - La mer, surtout, Éditions de l'Association touristique de l'abbaye romane Saint-Georges de Boscherville, 2009.