À la suite de ce cursus, il intègre l'administration comme administrateur civil au ministère de l'Intérieur.
Puis il rentre dans le corps préfectoral comme sous-préfet : en , il est directeur du cabinet du préfet de Lot-et-Garonne, en directeur du cabinet du préfet de La Réunion, en décembre 1971 sous-préfet de Briançon, en secrétaire général de la Haute-Marne, en secrétaire général du Tarn et en sous-préfet de Provins.
Il est ensuite conseiller technique au cabinet du garde des Sceaux, Alain Peyrefitte, de 1980 à 1981, à la fin du septennat du président Valéry Giscard d'Estaing. Lorsque la gauche s'empare du pouvoir, à la suite de l'élection de François Mitterrand en 1981, il passe à la Ville de Paris, dont le maire est alors Jacques Chirac. Il y est sous-directeur de la vie scolaire, de 1982 à 1984. Puis il passe aux affaires générales et contentieux, de 1985 à 1986. En 1986, Jacques Chirac devient le premier ministre de François Mitterrand. C'est la première cohabitation. Pierre Breuil est nommé conseiller technique au cabinet du ministre des DOM-TOM, Bernard Pons[1], négociant notamment la première convention de plan de développement entre l’État français et les îles de Mayotte peu après la visite de Jacques Chirac sur ce territoire en 1986[2].
Il alterne ensuite des postes de préfets et des postes en cabinet ministériel.
En aout 1987, il est nommé préfet de la Haute-Loire. En , il devient Délégué à l'espace aérien, au sein des services du Premier ministre. En , il est secrétaire général de la préfecture de Paris. En , il rejoint les cabinets ministériels en tant que directeur du cabinet du ministre de l'aménagement du territoire, de l'équipement et des transports (Bernard Pons à nouveau)[3],[4]. Son poste est légèrement revu à la suite d'un remaniement en novembre de la même année : il est directeur du cabinet de Bernard Pons, toujours, devenu ministre de l'équipement, du logement, des transports et du tourisme.
Après avoir été préfet hors cadre en , il repart en province en comme préfet de la Haute-Savoie[5]. Puis il est nommé en préfet des Alpes-Maritimes[6].
En , il devient inspecteur général de l'administration[7].
Face à la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc
Le , il est confronté comme préfet de Haute-Savoie (depuis quelques mois à peine), à l'incendie du tunnel du Mont-Blanc qui provoque 39 morts. À la suite de cette catastrophe, il doit se défendre, en tant que responsable de la sécurité publique sur le département alpin, et défendre les pouvoirs publics[8]. Lors de la visite, trois jours après la catastrophe, de Jean-Pierre Chevènement sur les lieux du drame, le ministre est interpellé sur un rapport des pompiers datant de mi-janvier qui mettait en avant des dispositifs de sécurité insuffisants dans ce tunnel ancien. Lors d'un point avec la presse et les télévisions, le ministre confirme l'existence de ce rapport, au sein du ministère. Le préfet, à ses côtés, intervient dès lors pour préciser qu'il s'agissait d'une analyse critique et de recommandations d'améliorations, sur une situation qui existait depuis des années[9]. Les jours suivants, il précise n'avoir jamais reçu de rapports alarmants sur une dégradation de la sécurité du tunnel. Le rapport des pompiers était une demande de subvention du service départemental d'incendie et de secours de Haute-Savoie et ne comportait que «quatre lignes en introduction » sur la sécurité du tunnel[10]. Et d'éventuels rapports reçus par ses prédécesseurs, il n'a trouvé après recherche qu'une simple fiche, émise par des hommes de la préfecture et un pompier, mettant en avant le manque de coordination entre les secours français et italiens[11]. Les experts mandatés pour analyser la catastrophe mettent en cause une des sociétés chargées de l'entretien du tunnel, mais relèvent aussi que les services publics n'avaient pas fait procéder depuis une dizaine d'années à des exercices d'entraînement aux incendies, en notifiant toutefois que Pierre Breuil venait d'en faire la demande au ministère, neuf jours avant l'incendie[12],[13].
Le tunnel reste bloqué durant trois ans. Des aménagements significatifs sont effectués sur sa sécurité, ainsi que sur d'autres tunnels ayant une conception également ancienne. La réouverture du tunnel, et l'autorisation du passage de camion, engendrent des débats passionnés. Pierre Breuil s'efforce de maintenir des échanges sereins. Il rappelle notamment aux médias que seuls trois maires du département, ceux de la vallée de Chamonix, sont hostiles à ré-autoriser le passage de poids-lourds :« C'est leur droit, et j'ai des relations constructives avec eux », déclare-t-il[14]. Ce sujet provoque de longues tergiversations avant réouverture. Les dispositifs sont renforcés, et le transport de matières dangereuses ou polluantes interdit.
Refus d’une dénomination d’une place de Nice au nom d’un ancien maire
En , Pierre Breuil demande au tribunal administratif de Nice d’annuler une décision municipale sur le choix d'une dénomination proposée pour une place de la ville, au nom d'un ancien maire, Jacques Médecin. Le préfet des Alpes-Maritimes estime que cette proposition du nom de Jacques Médecin est entaché d'« erreur manifeste d'appréciation » en raison des condamnations pénales prononcées contre l'ancien édile (qui garde pour autant une réelle popularité dans la cité). Le maire en fonction, Jacques Peyrat, conteste cette décision, la notion d'erreur manifeste d'appréciation n'ayant pour lui aucune existence juridique. Le tribunal administratif donne raison dans un premier temps au préfet en 2006. Mais un jugement en appel, en 2007, de la cour administrative d'appel de Marseille annule la décision de Pierre Breuil[20].
De façon plus générale, dans cette fonction de préfet des Alpes-Maritimes, Pierre Breuil s’est employé à réaffirmer le rôle de l’État, faisant par exemple détruire un bâtiment illégal de la Batterie de la Maure à Vallauris[21].
Bernard Brassens (inspecteur général des finances), Dominique Ducos-Fonfrede (chargée de mission au Conseil général des pont-et-chaussées), Pierre Breuil (inspecteur général de l’administration), Johannes Leibetseder (inspecteur de l’administration), Rapport sur le classement des hébergements touristiques, Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie, , [présentation en ligne], 100 pages ;
↑Marie Lemonier, «Le hors-piste mis hors la loi dans toute la Haute-Savoie. Le maire de Chamonix a obtenu des dérogations du préfet», 15 février 1999,Libération.
↑«Les préfets valsent au jeu des chaises musicales», 19 juillet 2006, Le Nouvel Observateur.
Notice « Breuil, Pierre » (préfet honoraire, né en 1941), page 396 in Who’s Who in France : Dictionnaire biographique de personnalités françaises vivant en France et à l’étranger, et de personnalités étrangères résidant en France, 44e édition pour 2013 éditée en 2012, 2371 p., 31 cm (ISBN978-2-85784-053-4).