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La loge fut fondée en 1776 par Jérôme de Lalande, avec le soutien de Madame Helvétius. Son nom est repris de celui d'une « Société des neuf sœurs » qui fut active au sein de l'Académie royale des sciences de Paris dès 1769, en tant que société charitable « inspirée par les Muses ». Les neuf sœurs sont les filles de Mnémosyne, muse de la mémoire.
Pendant la Révolution française, l'Académie royale des sciences fut réorganisée et « épurée » de l'influence de la noblesse. Deux membres de la loge, Antoine-Laurent de Jussieu et Gilbert Romme, en collaboration avec l'abbé Grégoire, participèrent à l'organisation d'une Société libre des Sciences, Belles lettres et Arts pour financer ce qui était devenu l'Institut de France et préserver l'influence de la loge des Neuf Sœurs[1].
Au début de la Révolution, les Neuf Sœurs devint Société nationale[2] et subsista jusqu'en 1792. Elle se reconstitua en 1805 et poursuivit ses travaux jusqu'en 1848, avec une interruption entre 1829 et 1836, mais ne parvint jamais à retrouver l'éclat de sa première décennie.
En 1778, l'année où Voltaire devint membre honoraire des Neuf Sœurs, Benjamin Franklin et John Paul Jones y furent également admis. Benjamin Franklin fut élu vénérable maître de la loge en 1779, puis réélu en 1780[4]. Quand, après un long travail d'influence en Europe, il revint en Amérique pour participer à la rédaction de la Constitution, sa place d'émissaire des États-Unis fut prise par Thomas Jefferson, l'auteur de la déclaration d'indépendance des États-Unis, en compagnie de son ami John Adams, par la suite Franklin revint avec Thomas Paine.
Jean-Antoine Houdon, membre des Neuf Sœurs, ajouta le buste de Jefferson à la longue liste de ses sculptures, qui comprenait déjà celle de Franklin et du marquis de La Fayette. Jefferson persuada Houdon de réaliser la statue de George Washington, pour laquelle il fit le voyage en Amérique en 1785.
Pendant que Jefferson résidait à Paris, à la Maison des Feuillants, son voisin était Jean-François Marmontel, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, lui aussi membre de la loge. À cette même époque, John Adams, l'ami de Jefferson était le voisin, à Auteuil, de la veuve d'Helvétius, qui tenait le salon appelé le « cercle d'Auteuil ». La correspondance de Thomas Jefferson avec Jean-Nicolas Démeunier, autre membre de la loge, est particulièrement intéressante dans l'étude de la propagation en Europe des idées favorables à la Révolution américaine.
Bien qu'étant souvent des franc-maçons, les membres du cercle n'étaient cependant pas tous membres des Neuf Sœurs. En particulier, il n'a jamais été démontré que Condorcet ait été membre de la loge.
Les idéologues
Les Neuf Sœurs et le cercle d'Auteuil perdirent beaucoup de leurs membres sous la Terreur. Parmi ceux qui survécurent, Destutt de Tracy fut libéré presque sur les marches de la guillotine.
Dominique Joseph Garat, Volney, Georges Cabanis, Pierre-Louis Ginguené et Destutt de Tracy animèrent le cours de sciences politiques et morales à l'Institut.
Napoléon Bonaparte, qui n'appréciait pas l'indépendance intellectuelle des idéologues, fit fermer en 1803 le cours de sciences morales et politiques. « C'est une guerre ouverte déclarée à notre science bien-aimée », écrivit Cabanis à Maine de Biran. Napoléon reconnut plus tard la main du cercle d'Auteuil dans l'opposition de Maine de Biran à sa politique en 1813[5].
Membres
Personnalités membres de la loge par ordre alphabétique :
↑« La soutane et le tablier : des clercs catholiques francs-maçons au XVIIIe siècle », in: Franc-maçonnerie magazine, hors-série no 5, 2018, p. 30-35 — en ligne.
Annexes
Bibliographie
1779 : Nicolas Bricaire de La Dixmerie, Mémoire pour la loge des Neuf Sœurs à l'occasion de la démolition du temple des Neuf-Sœurs : XVIIIe siècle lieu=Paris, Editions, . Notice Bnf n° FRBNF31871922
1780: Lettre à Benjamin Franklin de la Loge des neuf sœurs, , Bibliothèque de l'Université de Pennsylvanie.
1829 : Jean Claude Besuchet de Saunois, Précis historique de l'ordre de la franc-maçonnerie : depuis son introduction en france jusqu'en 1829, suivi d'une biographie des membres de l'ordre et d'un choix de discours et de poésies, Paris, Publié par Rapilly, (lire en ligne).
1914 : De La Valette-Mombrun, Maine de Biran (1766-1824), Paris, 1914
1906 : J.A.C. Sykes France in 1802 William Heinemann, London, 1906
1955 : Roger C. Hahn, « Quelques nouveaux documents sur Jean Silvain Bailly » in Revue d'histoire des sciences, VIII, p. 338-353, Paris, 1955
1971 : Roger C. Hahn, The anatomy of a scientific institution: 1666-1803, the Paris Academy of Sciences, Berkeley : University of California Press, 1971
1976 : Howard C. Rice, Jr., Thomas Jefferson's Paris, Princeton : Princeton University Press, 1976
1989 : Louis Amiable et Charles Porset, Une loge maçonnique d'avant 1789, la loge des Neuf Sœurs : étude critique, Paris, Les Éditions Maçonnique de France, .