Nadja est un récit autobiographique d'André Breton publié en 1928, revu et corrigé par l'auteur en 1963. Avec le ton neutre du « procès-verbal », du document « pris sur le vif[1] », Breton rend compte « sans aucune affabulation romanesque ni déguisement du réel[2] » des événements quotidiens survenus durant 9 jours entre lui et une jeune femme rencontrée le à Paris, Léona Delcourt[3], qui se surnommait elle-même « Nadja ». Faussement romanesque, largement autobiographique et formant prétexte à multiples divagations théoriques ou poétiques, ce récit vise à instaurer un genre neuf[4].
Résumé
Nadja se compose de trois parties.
La première partie s'ouvre par la question « Qui suis-je[5] ? » La méthode d'investigation de Breton ne consiste pas en une introspection ni une analyse psychologique, mais la relation d'anecdotes, d'impressions, en apparence insignifiantes, de « menus faits » dont le caractère commun est d'appartenir à la vie et non à la littérature. Il estime que ces faits en apprennent davantage sur les individus que de longs témoignages ou commentaires. Breton s'insurge contre l'illusion des romanciers qui croient pouvoir créer des personnages distincts d'eux-mêmes ou d'autres êtres du réel.
Le second temps de cette première partie consiste en une suite de séquences disparates situées entre 1916 et 1927 et rapportées sans ordre chronologique : la double rencontre avec Paul Éluard[6], la visite de Lise Meyer au Bureau de recherches surréalistes[7], la rencontre avec Fanny Beznos aux puces de saint-Ouen[8], le compte rendu « admiratif » du drame Les Détraquées[9] que Breton est allé voir « sur la foi que la pièce […] ne pouvait être mauvaise, tant la critique se montrait acharnée contre elle, allant jusqu'à réclamer l'interdiction[10]. », etc.
La deuxième partie est la relation de la rencontre de Breton et Nadja qui commence le et s'achève le 13. Par une fin d'après-midi « tout à fait désœuvré et très morne[11] », André Breton aperçoit une jeune femme très pauvrement vêtue, allant en sens inverse, la tête haute contrairement à tous les passants, curieusement fardée, avec un sourire imperceptible et des yeux tels qu'il n'en avait jamais vu. Il l'aborde, elle ne le repousse pas. Elle vit à Paris depuis qu'elle a quitté Lille il y a deux ou trois ans. Elle dit se prénommer Nadja « parce qu'en russe c'est le commencement du mot espérance, et parce que ce n'en est que le commencement. »[12]. » Au moment de se séparer, Breton lui demande qui elle est. « Je suis l'âme errante[13] », répond-elle. Ils conviennent de se revoir le lendemain, Breton lui apportera quelques-uns de ses livres.
Dès la troisième rencontre, Nadja parle du pouvoir que Breton aurait sur elle, « de la faculté qu'il a de lui faire penser et faire ce qu'il veut, peut-être plus qu'il ne croit vouloir. » Elle le supplie de ne rien entreprendre contre elle[14]. Elle lui apprend, « avec tant de précautions[13] », l'existence de sa fille[15]. Elle lui raconte également son arrestation à Paris après avoir transporté de la drogue depuis La Haye. Elle a été relâchée le jour même grâce à l'intervention d'un juge ou d'un avocat, nommé G…. dont elle reçoit, depuis, des lettres « éplorées, déclamatoires, ridicules, pleines de supplications et de poèmes stupides démarqués de Musset[16]. » Breton est mécontent de lui : il n'aime pas Nadja, pourtant il s'ennuie quand il ne la voit pas[17].
Tout au long de leur pérégrination rôdent autour d'eux une succession de personnages des plus étranges dans leur tenue ou leur comportement : un ivrogne qui ne cesse de répéter les mêmes mots obscènes mêlés à des paroles incohérentes, un autre qui insiste pour qu'on l'amène dans une rue précise, « un vieux quémandeur comme je n'en ai jamais vu » qui vend des images relatives à l'histoire de France, un serveur de restaurant d'une extrême maladresse, comme fasciné et pris de vertige à cause de Nadja, et des hommes qui lui adressent des signes de connivence[18].
Le soir du , Nadja prédit à Breton qu'il écrira un roman sur elle : « Je t'assure. Ne dis pas non. Prends garde : tout s'affaiblit, tout disparaît. De nous il faut que quelque chose reste... »[19]
Deux jours plus tard, Nadja donne à Breton un dessin, le premier qu'il voit : une étoile noire à cinq branches, un masque carré, ces deux éléments reliés par un trait en pointillés où se rencontrent un crochet et un cœur également en pointillé ; à droite, Nadja a dessiné une bourse et écrit, au-dessus, quatre mots : L'Attente, L'Envie, L'Amour, L'Argent. Breton décide d'emmener Nadja hors de Paris. À la gare de Paris-Saint-Lazare, ils prennent un train pour Saint-Germain-en-Laye. Arrivés à une heure du matin, ils prennent une chambre à l'hôtel. Dans la réédition de 1962, la mention de l'hôtel est effacée, comme si Breton voulait « gommer l'accomplissement charnel[20]. » Cependant, plus loin, il confie avoir « vu ses yeux de fougère s'ouvrir le matin sur un monde où les battements d'ailes de l'espoir immense se distinguent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terreur […][21] »
Quelques mois plus tard, Nadja sombre dans la folie. On l'interne à l'asile de Perray-Vaucluse, à Sainte-Geneviève-des-Bois.
Rejetant par avance les conclusions des uns qui pourraient voir cette « issue fatale » comme une conséquence trop prévisible, et les accusations des autres qui lui reprocheraient « une valeur terriblement déterminante » qu'il a apportée « aux idées déjà délirantes de Nadja », Breton remet en cause l'institution psychiatrique où l'on « fait les fous tout comme dans les maisons de correction on fait les bandits[22]. »
La troisième partie commence, « alors que Nadja, la personne de Nadja est si loin[23]… », par une réflexion de Breton sur l'intérêt que l'on peut porter à un livre une fois achevé. L'histoire de Nadja est terminée mais le récit se poursuit par la célébration de sa nouvelle passion amoureuse, Suzanne Muzard[24]. De la litanie des « Toi[25] » au dramatique fait divers recopié d'un journal et élevé à la valeur symbolique[26], elle est la femme qui « s'est substituée aux formes qui [lui] étaient les plus familières[25]… » et devant qui doit « prendre fin [une] succession d'énigmes[27]. » « Cette conclusion ne prend même son vrai sens et toute sa force qu'à travers toi[28]. » Sa définition de la beauté qui ferme le livre propose une réponse au « Qui suis-je[29] ? » et au « Qui vive[30] ? » : « La beauté sera CONVULSIVE ou ne sera pas[26]. »
Les circonstances de l'écriture
Les deux premières parties ont été écrites au mois d' au manoir d'Ango près de Varengeville-sur-Mer, (Seine-Maritime), mais également près de Pourville-sur-Mer (à 6 km de Varengeville) où réside l'inaccessible « dame au gant » Lise Meyer à qui Breton fait « une cour […] tour à tour pleine d'espoir et désespérée[31] » et qui est la source d'un « tourment incessant et usant[32]. » De retour à Paris, début septembre, Breton s'enquiert des illustrations auxquelles il attribue des fonctions unificatrices[33].
Début novembre, au Café Cyrano, le rendez-vous des surréalistes, Breton lit les deux premières parties de Nadja[34]. L'écrivain Emmanuel Berl est venu avec sa maîtresse Suzanne Muzard. C'est le coup de foudre réciproque. Ils décident de quitter Paris et passent une quinzaine de jours dans le sud de la France. Mais elle ne veut pas se séparer de Berl. De retour à Paris à la mi-décembre, Breton ajoute une troisième partie à Nadja.
Pour la réédition de 1963, André Breton a ajouté un Avant-dire et quelques photos qui n'avaient pu être réalisées au moment de la première édition. Sur le texte, près de 300 corrections ont été faites. Toutes les modifications ont été recensées par Claude Martin dans la Revue d'histoire littéraire de la France[35].
Dans une lettre à Jean Paulhan du , Breton lui fait part de son souhait de réunir Nadja, Les Vases communicants, et L'Amour fou sous une même couverture. « Ainsi pourrait être obtenue en partie l'unification que je souhaite rendre manifeste entre les trois livres[36]. »
Les illustrations
Dès son « Avant-dire », préface à la réédition de l’ouvrage en 1962, André Breton prévient que « l’abondante illustration photographique avait pour but d’éliminer toute description – celle-ci frappée d’inanité dans le Manifeste du surréalisme [...] »[37]. Déjà dans « Les Pas perdus » de 1924, Breton concevait l’appareil photographique comme le miroir du concept d’écriture automatique, « véritable photographie de la pensée ». Et dans le numéro 9-10 de La Révolution surréaliste (octobre 1927), il se demandait « quand donc tous les livres valables cesseront-ils d’être illustrés de dessins pour ne plus paraître qu’avec des photographies »[38].
L’édition de 1928 qui comprend un total de 44 images : photographies authentiques : portraits et lieux, reproduction de documents, de tableaux, d’œuvres, de dessins dont ceux de Nadja elle-même, montre que les composantes du corpus iconographique et sa cohérence narrative dépassent le simple exercice de description.
La ré-édition de 1962 comporte des retouches dans le texte ainsi que dans la sélection des images : le montage de négatifs « les yeux de fougères » de Najda, ainsi l’attribution de dix photographies à Jacques-André Boiffard, « oublié » dans l’édition de 1928[39].
Les photographies et leur auteur sont citées dans leur ordre d'apparition :
Breton en reprendra le principe pour Les Vases communicants (1932) et L'Amour fou (1937)[41].
Réception de l'œuvre
Lors de sa parution, le texte du bandeau annonçait un livre « pour les femmes de vingt-cinq à trente ans - pour une femme de vingt-cinq à trente an»s. »[42]
Le , dans une lettre à Paul Éluard, Breton évoque le « silence à peu près complet sur Nadja » publié deux mois auparavant. Cependant quelques critiques favorables ont déjà paru dans les Cahiers du sud (Marseille) du et dans Chantiers (Carcassonne) numéro de où Joë Bousquet voit en Breton « l'écrivain le plus puissant de sa génération[43]. »
Dans les Nouvelles littéraires du , Edmond Jaloux craint de « trahir un texte qu'il aime. »[44] Pour René Crevel dans Comœdia du , avec Nadja et le Traité du style de Louis Aragon, le surréalisme s'affirme comme « le plus grand mouvement de libération intellectuelle qu'il y ait eu depuis des siècles. »[44] De même Georges Altman, ancien du groupe Clarté, dans l'Humanité du , chroniquant ces deux mêmes ouvrages, il affirme qu'« Aragon et Breton font œuvre de révolte. » C'est « une œuvre classique dans le surréalisme » écrit Léon Pierre-Quint dans l' Europe nouvelle du . Pour Daniel-Rops dans La Voix du , Nadja est « le Chef-d'œuvre du surréalisme » et dans La Nouvelle revue française parue le même jour, Claude Estève écrit que « le surréalisme jusqu'ici incline vers l'immanence, vers l'au-delà intérieur […] Avec Nadja, certains épisodes ouvrent des aperçus sur une sorte de finalité humaine de l'univers. » Pour Georges Dupeyron dans Signaux no 1 du , Nadja se trouve dans la tradition vraiment française : celle de La Princesse de Clèves, « mais il la renouvelle par une présentation inattendue des vies intérieures et des décors. »
À l'étranger également, quelques articles favorables paraissent. Ainsi à Bruxelles, dans Variétés du , à Anvers, dans Le Journal du , à Buenos-Aires, dans La Nación du , à Varsovie, dans Wladomosci literackie d' et à Mayence, dans La Revue rhénane du .
Pour les réactions défavorables, Louis Le Sidaner, dans la Nouvelle revue critique de , mêle critique et éloge tout en qualifiant Nadja de « roman surréaliste ». Dans L'Intransigeant du , le critique y voit des anecdotes curieuses commentées par des photographies « presque toujours amusantes » tandis que celui de La Nouvelle Semaine littéraire et artistique n'y voit qu'un « procès-verbal spirite signant la mort du surréalisme ». L'écrivain Paul Morand, dans les Nouvelles littéraires du , chroniquant en parallèle le livre d'André Malraux, Les Conquérants et rangeant Nadja dans la catégorie des romans s'interroge : « Ces romanciers, où nous mènent-ils ? ». Dans un article de 20 pages intitulé Le surréalisme ou la fausse évasion. - Nadja qui paraît dans La Vie intellectuelle du , André Harlaire dénonce une « perpétuelle déception… livre gris, uniforme, qui avance dans un rythme froid… livre de pur désespoir. » Pour lui, « le surréel c'est le refus de Dieu. »
Plus inattendu, dans le magazine spécialisé Arts et décorations du , Louis Chéronnet considère que Breton « [a] réussi à composer en marge de son livre un commentaire troublant dont chaque image, par la vertu d'un certain décalage, [est] un piège où trébuch[e] notre subconscient. »[45] Toutefois, il attribue les photographies à « un trésor d’épreuves laissé par Atget » auquel André Breton a eu recours[46].
À l'occasion de la réédition revue et augmentée, le poète Alain Bosquet jugeait, dans le quotidien Le Monde du 18 juin 1962 que « L'Amour fou et Nadja n'ont pas besoin d'une étiquette, fût-elle prestigieuse, pour être parmi les proses les plus impérissables de ce siècle. »[47]
Léona Camille Ghislaine Delcourt est née le à Saint-André, commune de la banlieue lilloise. Elle est la seconde fille d'un père voyageur pour bois et d'une mère belge ouvrière mécanicienne ayant quitté la Belgique pour échapper à la misère.
En 1920, Léona donne naissance à une fille dont le père, inconnu, serait un officier anglais[48]. Comme elle refuse de se marier pour sauver les apparences, ses parents proposent qu'elle parte pour Paris sous la surveillance d'un vieil industriel qui fera office de protecteur. Ils se chargeront de l'éducation de sa fille[49]. Elle quitte Lille pour Paris en 1923. Son protecteur loue pour elle un petit appartement près de l'église Notre-Dame-de-Lorette.
Quand elle rencontre André Breton, elle habite à l'hôtel du Théâtre près du Théâtre des Arts, avenue des Batignolles[50]. « Peut-être vendeuse, employée, figurante ou danseuse, elle fréquente des milieux marginaux qui l'incitent au trafic de drogue ». Ce qui lui vaudra d'être arrêtée avec de la cocaïne dans son sac[51].
Après le , Breton reverra Nadja « bien des fois[52] ». De son côté, elle enverra à Breton de nombreuses lettres et quelques dessins[53] jusqu'à son internement en [54]. Ils ont probablement convenu d'écrire chacun de leur côté un récit des événements qu'ils viennent de vivre. Début novembre, Nadja fait part de sa désapprobation du texte de Breton : « Comment avez-vous pu écrire de si méchantes déductions de ce qui fut nous, sans que votre souffle ne s'éteigne ?... C'est la fièvre n'est-ce pas, ou le mauvais temps qui vous rendent ainsi anxieux et injuste ! […] Comment ai-je pu lire ce compte rendu… entrevoir ce portrait dénaturé de moi-même, sans me révolter ni même pleurer… ». De son côté, Breton est déçu par le cahier dans lequel Nadja s'est confiée. Il le trouve trop « pot-au-feu[55] ».
Le , à la suite d'une crise d'angoisse, Nadja est emmenée par la police. Le médecin-chef de l'infirmerie du dépôt diagnostique des « troubles psychiques polymorphe [et des] phases d'anxiété avec peur[56] » et l'envoie à l'hôpital Sainte-Anne. Le elle est transférée à l'asile du Perray-Vaucluse à Sainte-Geneviève-des-Bois, (Essonne)[57] puis, le , à l'asile de Bailleul, (Nord) près de Lille[58]. Elle y meurt le de « cachexienéoplasique », cause officielle du décès[59].
Début et fin de l'œuvre
« Qui suis-je ? Si par exception je m'en rapportais à un adage : en effet pourquoi tout ne reviendrait-il pas à savoir qui je « hante » ? Je dois avouer que ce dernier mot m'égare, tendant à établir entre certains êtres et moi des rapports plus singuliers, moins évitables, plus troublants que je ne pensais. »
« Un journal du matin suffira toujours à me donner de mes nouvelles : X…, . - L'opérateur chargé de la station de télégraphie sans fil située à l'Île du Sable, a capté un fragment de message qui aurait été lancé dimanche soir à telle heure par le… Le message disait notamment : « Il y a quelque chose qui ne va pas » mais il n'indiquait pas la position de l'avion à ce moment, et, par suite de très mauvaises conditions atmosphériques et des interférences qui se produisaient, l'opérateur n'a pu comprendre aucune autre phrase, ni entrer de nouveau en communication. Le message était transmis sur une longueur d'onde de 625 mètres ; d'autre part, étant donné la force de réception, l'opérateur a cru pouvoir localiser l'avion dans un rayon de 80 kilomètres autour de l'Île du Sable.
La beauté sera CONVULSIVE ou ne sera pas. »
Bibliographie
Sylvain Amic & Alexandre Mare ( sous la direction de ), Nadja, un itinéraire surréaliste, Gallimard & Réunion des Musées Métropolitains, Paris & Rouen 2022
André Breton, Nadja, in Œuvres complètes, tome 1, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, Paris 1988, pages 643 à 753.
Hester Albach, Léona, héroïne du surréalisme, Actes Sud, Arles 2009. Traduit du néerlandais par Arlette Ounanian.
Marguerite Bonnet, André Breton, œuvres complètes, tome 1 : notice et notes, op. cit., pages 1495 à 1565.
Jean-Paul Clébert, Dictionnaire du Surréalisme, Éditions du Seuil & A.T.P., Chamalières, 1996, page 403 et suivantes.
Mark Polizzotti, André Breton, Gallimard, 1999, page 300 et suivantes.
Georges Sebbag, André Breton l'amour-folie, Éditions Jean-Michel Place, Paris, 2004.
↑Créé en 1921, ce drame a été écrit par Pierre Palau. Ce dernier a sollicité les conseils du neurologue Joseph Babinski dont Breton a été l'assistant en janvier 1917 à la Pitié-Salpêtrière. Le texte de la pièce a été reproduit dans le premier numéro de la revue Le Surréalisme, même de 1956. Bonnet, note p. 1535.
↑Nadja, p. 686 Ce surnom lui aurait été inspiré par la danseuse américaine Nadja qui se produisait avec un certain succès au Théâtre Ésotérique. Bonnet, note, p. 1542.
↑Nadja, p. 752. Des années plus tard, Suzanne Muzard réfutera la moindre part qu'elle a pu prendre dans l'écriture de cet épilogue : « Ce texte a été dicté dans l'élan d'une passion irréfléchie, aussi poétique que délirante, et il est plutôt à l'honneur de Breton qu'au mien… », propos recueillis par Marcel Jean, Autobiographie du surréalisme, Éditions du Seuil, 1978, cité par Bonnet, p. 1508.
↑Damarice Amao, « Quelle photographie pour Nadja ? », dans « Nadja, un itinéraire surréaliste », catalogue sous la direction de Sylvain Amic et Alexandre Mare , Paris et Rouen 2022, co-édition Gallimard / Réunion des Musées Métropolitains, p. 53.
↑Breton a réalisé un collage similaire à partir d'une photographie de Suzanne Muzard, reproduit dans le livre de Georges Sebbag, p. 57 et, dans ses archives, il a été retrouvé un portrait de Lise Deharme de septembre 1927 dont les yeux sont également découpés (photographie reproduite dans Sebbag, p. 62). La provenance de cette photo des yeux de Nadja est restée mystérieuse jusqu'à la publication du livre d'Hester Albach, Léona, héroïne du surréalisme. Le découpage proviendrait d'un portrait « datant de l'époque où elle fréquentait Breton, fait par un photographe professionnel peu de temps après l'arrivée de Nadja à Paris ». Ce portrait est en couverture du livre d'Albach. Reste une énigme : les circonstances dans lesquelles Breton a eu cette photo sachant qu'aucune n'a été trouvée dans ses archives.
↑Cet usage de la photographie a connu un précédent, qui fut peut-être une première dans l'histoire de l'édition romanesque, avec le roman de Georges Rodenbach, Bruges-la-Morte publié en 1892.
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