Jacques Baron, né à Paris 2e le et mort à Paris 18e le [1], est un poète surréaliste « salué par ses pairs comme le Rimbaud du surréalisme, un des rares à ne pas finir ni dans l'épicerie ni dans le gâtisme[2]. »
Biographie
Après avoir passé son enfance à Nantes (Loire-Atlantique), Jacques Baron s'installe à Paris vers 1920.
C'est à l'église de St-Julien-le-Pauvre, à l'occasion de la visite à travers Paris de lieux volontairement dérisoires organisée par les Dadas, le , qu'accompagné de Roger Vitrac, il rencontre Louis Aragon et André Breton[3].
En 1924, paraît le recueil L'Allure poétique salué par Aragon : « Il faut bien que celui qui saisit la poésie dans son essence soit le maître du phénomène qui la dissimulait, il faut qu'il éprouve cette maîtrise et qu'il restitue le contenu à sa limite, la poésie à la parole[5]. »
« Nous regardons les cris vertigineux d'alcools Tout le monde nous jette des fleurs d'acier On voit des gares partout et toutes sont pareilles Des boxeurs et des jeunes filles en tricot se tiennent par la taille dans les terrains vagues Ils lancent des fumées qui font tomber les étoiles et s'en vont[6]. »
« La tombe de Rosa Luxembourg est fermée O tombe où le printemps bouleversant de nos âmes déverse ses amours et sa réalité
Une tombe est fermée et tant d'autres s'entrouvrent Des colombes enchantées iront porter les armes à des mains magnifiques et parfaitement libres Traces lumineuses de vos pas femme parfaite Nous vous suivrons toujours Merveilles de la foi[7]. »
Outre des recueils poétiques, Jacques Baron a publié un roman Charbon de mer dans lequel il « rêve l'aventure d'un Arthur [ Rimbaud ] qui ne se serait pas fixé au Harrar et aurait voué son existence à l'amour »[2]. Pour ce roman, il reçoit le Prix des Deux Magots en 1935.
En 1969, ses mémoires paraissent sous le titre L'An I du surréalisme où il évoque à la fois le témoignage de Victor Serge sur le communisme, les espoirs de Mai 68 et dépeint les fondateurs du mouvement surréaliste.
Marin dans la marine marchande, journaliste de radio, adversaire souriant des raseurs, Jacques Baron aimera à répéter que le surréalisme, « c'était la fête, vous savez... »[8]
« Si comme on me l'a dit je dois changer de peau Dans une autre vie Je serais à vingt ans matelot au long cours Et j'aimerais une femme qui ne m'aimerait Peut-être pas J'aurais du vague à l'âme pour la treizième fois[9] »
« Il suppose le désir insecte Avec les pétales de la fleur inconnue Autour du premier souffle de la jeune fille Qui répand vous savez bien sur le monde Le désastre étourdi que je nomme insecte
Il fait son ménage dans ta mémoire Couleur du temps cheval de course insecte[10] »
↑L'Américain Matthew Josephson a laissé un témoignage sur la fugue de Jacques Baron selon Marc Dachy dans Archives Dada / Chronique, éditions Hazan, Paris, 2005.