Emmy Hennings, née Emma Maria Cordsen le à Flensbourg et morte à Sorengo, canton du Tessin, Suisse, le , est une artiste allemande du mouvement dada, danseuse, poétesse et écrivaine.
Biographie
Elle naît au sein d'une famille modeste dans une petite ville du nord de l'Allemagne, se décrivant elle-même comme « fille de marin »[2],[3].
En 1913, à 28 ans, Emmy Hennings s’installe à Munich où elle rencontre des poètes expressionnistes ainsi que des dramaturges ou romanciers qui ont popularisé le quartier bohémien de la ville. Elle fréquente le café Simplizissimus en interprétant des chansons de cabaret populaire et ses propres poèmes. Elle y rencontre Hugo Ball et participera, à Zurich, en , à la création de Dada[4].
En , ils sont à Berlin. Emmy Hennings chante et pose comme modèle pour les artistes peintres. Hugo Ball publie dans le Die Freie Zeitung(de) une série d’articles offensifs sur la « critique de l’intelligence allemande ». Ils quittent Berlin pour Zurich en où ils trouvent un emploi avec une troupe de vaudeville appelée « Cabaret Pantagruel ».
Le , Emmy Hennings participe à la création du mouvement Dada au Cabaret Voltaire avec les poètes Hugo Ball, Tristan Tzara, les peintres Jean Arp, Marcel Janco, Sophie Taeuber et une page de dictionnaire prise au hasard[5]. Le Cabaret Voltaire, à Zurich, est une petite taverne de la Spiegelstrasse transformée en café littéraire et artistique dont les murs sont couverts de tableaux créant une ambiance à la fois intime et oppressante[6]. Hugo Ball : « Janco a fait un certain nombre de masques […] conçus pour être vus à distance, font un effet incroyable. […] Non seulement le masque réclamait aussitôt le costume, mais il imposait également des gestes précis, pathétiques, qui frôlaient la démence. Sans que nous eussions pu nous en douter […], nous fûmes en train de nous mouvoir comme dans un ballet bizarre, drapés et ornés d'objets invraisemblables, renchérissant l'un l'autre par nos idées. ».
Le visage poudré de blanc, Emmy Hennings y chante toujours des chansons populaires et ses propres poèmes d'une manière stridente[7]. Les thèmes de ses poèmes sont la solitude, la captivité, la maladie et la mort[8].
L'année suivante, avec Hugo Ball, elle quitte le mouvement Dada pour le village d’Agnuzzo, en Suisse. Ils se convertissent au catholicisme et mènent une vie ascétique. Là, Emmy Hennings entreprend la rédaction de ses romans, à caractère autobiographique.
En 1919, elle publie Prison, dont Herman Hesse écrit qu'il est « l'un des livres les plus vrais et les plus émouvants de notre temps, un miracle de livre »[9]. Puis elle fait paraître La flétrissure, livre dans lequel elle revient sur son expérience de la prostitution et raconte son retour au catholicisme.
Elle meurt en 1948, dans la misère, complètement oubliée.
Bibliographie
Gefängnis. Roman. Reiß, Berlin 1919.
Publié en français sous le titre Prison, traduction de Sacha Zilberfarb, Monts Métallifères éditions, Broye, 2021.
Das Brandmal. Ein Tagebuch. Reiß, Berlin 1920.
Publié en français sous le titre La flétrissure, traduction de Sacha Zilberfarb, Monts Métallifères éditions, Broye, 2023.
Bernhard M. Baron: Als Emmy Ball-Hennings 1927 die ‘Konnersreuther Resl’ besuchte, in: Heimat – Landkreis Tirschenreuth Bd. 28/2016 (ISBN978-3-939247-70-8), S. 167–175.
L'Ange Dada, heurs et malheurs ... créatrice du cabaret voltaire, Fernando González Viñas et José Lázaro Marcos, éditions Cambourakis, traduction de Christilla Vasserot.
↑« Emmy Hennings », sur monts-metalliferes.com (consulté le ).
↑(en) Thomas F. Rugh, « Emmy Hennings and the Emergence of Zurich Dada », Woman's Art Journal, vol. 2, no 1, printemps-été 1981 (présentation en ligne).
↑(en) « Emmy Hennings, Dadaist pioneer », sur House of Switzerland, (consulté le ) ; cet article indique en outre que le mouvement Dada a inspiré des mouvements tels que le punk.
↑Tristan Tzara : « Je ne veux cependant pas dire que la légende de Dada ne correspond pas à la réalité », annotation manuscrite du début des années 1960, rapportée par Anne Sanouillet dans sa préface à Dada à Paris de Michel Sanouillet, CNRS Éditions, Bayeux, 2005, p. XII.
↑Henri Béhar et Michel Carassou, Dada, histoire d'une subversion, Paris, éditions Fayard, 1990-2005, p. 8 et Laurent Le Bon (sous la direction de), Dada, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2005, p. 219.
↑Amanda L. Hockensmith, Emmy Hennings, dans Leah Dickerman, Dada. Zurich, Berlin, Hannover, Cologne, New York, Paris, National Gallery of Art, Washington, 2005, p. 473 et suivante.