Dans le nom hongroisKretzoiMiklós, le nom de famille précède le prénom, mais cet article utilise l’ordre habituel en français MiklósKretzoi, où le prénom précède le nom.
Son nom est associé à la découverte et à la publication des restes humanoïdes primitifs de Rudabánya, aux fouilles de nombreux sites d'habitat paléontologique de renommée mondiale, et aux travaux sur les ossements de divers sites archéologiques[1].
Il s'est joint au travail de la nouvelle Société hongroise de spéléologie et karstologie (Magyar Karszt- és Barlangkutató Társulat) peu après sa refondation en 1958, à près de 60 ans. De 1962 à 1965, il en a été vice-président, et a longtemps été membre du comité consultatif. En reconnaissance de son travail, la Société l'a élu en 1986 membre d'honneur[2].
Travaux scientifiques
Il a notamment mené des fouilles à la grotte Ördöglyuk (« trou du diable ») près de Solymár et à Betfia près d'Oradea ; et dans les années 1950 pour le MÁFI à Csákvár, Polgárdi et dans les monts de Villány[2]. Mais ses travaux les plus remarquables sont ceux de Rudabánya, l'un des plus riches dépôts fossiles européens du Miocène, datant d'il y a 10 à 12 millions d'années. Il y a assuré la direction scientifique des fouilles de 1970 à 1978. Pendant cette période, les restes de 75 mammifères ont été découverts, et on y a encore trouvé en 2000 de nouveaux ossements d'hominidés de la même période[1]. Kretzoi a nommé Rudapithecus hungaricus, d'après le nom du site, une nouvelle espèce d'hominidés[3], puis en 1975 il a publié la première description d'une autre espèce d'hominidés, Bodvapithecus altipalatus[4] ; il est aujourd'hui probable que les deux appartiennent aux Dryopithecinae, et peut-être en tant que formes femelle et mâle de la même espèce Dryopithecus brancoi[5]. Les spécimens de Rudabánya indiqueraient alors un dimorphisme sexuel important, notamment quant à la taille des canines, pour une espèce un peu plus petite que les chimpanzés actuels, avec à l'âge adulte une masse corporelle d'environ 18 à 24 kg, un volume crânien de 300 cm3, et une ossature indiquant qu'ils passaient la plupart de leur temps accrochés aux arbres.
Kretzoi a de plus élaboré avec László Vértes à partir de 1965 une corrélation stratigraphique et chronologique de la faune vertébrée de Hongrie ; son article de 1969 publie une partie des résultats et propose une division stratigraphique fine du Pliocène et du Pléistocène[3]. Il a également travaillé sur des sites du Pléistocène et du Paléolithique comme Tata (1964), Érd (1968) et Vértesszőlős (1964, 1990), et ses reconstructions de la chasse et de l'usage des ressources par les premiers groupes humains chasseurs-cueilleurs, basées sur l'inventaire des mammifères fossiles d'Érd, ont particulièrement stimulé la recherche archéozoologique[2],[6].
Le Musée national hongrois a fait paraître en 2003 une synthèse des recherches de Miklós Kretzoi[1].
Prix Széchenyi (1992) – Pour ses travaux sur les vertébrés primitifs en Hongrie, particulièrement les restes d'hominidés, et pour son action pour les faire connaitre de l'opinion scientifique mondiale.
Bibliographie
(hu) Sándor Hadobás, « Dr. Kretzoi Miklós (1907–2005) », Az Érc- és Ásványbányászati Múzeum közleményei, Rudabánya, no 3, , p. 151-153 (ISSN1785-4946, lire en ligne)
(en) Miklós Kretzoi, « The Significance of the Rudabánya Prehominid Finds in Hominization Research », Acta Biologica Academiae Scientiarum Hungaricae, Budapest, Akadémiai kiadó, vol. 31, no 4, , p. 503-506 (ISSN0001-5288)
(en) Miklós Kretzoi (dir.) et Viola T. Dobosi (dir.), Vértesszőlős : Site, Man and Culture, Budapest, Akadémiai kiadó, , 554 p. (ISBN963-05-4713-9)
↑ a et b(de) Miklós Kretzoi, « Geschichte der primaten und der hominisation » [« Histoire des primates et de l'hominisation »], Symposia Biologica Hungarica, Budapest, Akadémiai kiadó, vol. 9, , p. 23-31 (ISSN0082-0695).
↑(en) Miklós Kretzoi, « New ramapithecines and Pliopithecus from the Lower Pliocene of Rudabánya in north-eastern Hungary », Nature, Londres, vol. 257, , p. 578-581 (DOI10.1038/257578a0).
↑(en) David R. Begun, « Dryopithecins, Darwin, de Bonis, and the European origin of the African apes and human clade », Geodiversitas, Paris, MNHN, vol. 31, no 4, , p. 789-816 (ISSN1638-9395, lire en ligne) : ici p.798.
↑(en) David R. Begun, « Miklós Kretzoi, 1907–2005 », Evolutionary Anthropology, New York, Wiley, vol. 14, no 4, , p. 125-126 (ISSN1060-1538, lire en ligne).