Il a été professeur de trompette au conservatoire national supérieur de musique de Paris, où il a introduit l'enseignement de la trompette piccolo notamment pour le répertoire baroque. Inspirateur de nombreuses innovations de l'instrument, sa grande maîtrise technique et son profond sens artistique ont contribué pendant cinquante ans à populariser la trompette dans le monde entier.
Maurice André a joué et enregistré les grands concertos du répertoire avec les plus illustres chefs d'orchestre de son époque.
Biographie
L'apprentissage et les débuts
Maurice André est issu d'une famille de mineurs. En 1944, il commence par apprendre le solfège durant deux années avant même de pouvoir toucher à son premier cornet, cadeau de prix, pour un père d'origine modeste. Il descend à la mine de quatorze à dix-huit ans, tout en commençant à étudier la trompette, avec comme premier professeur son père, Marcel-Jean André, grand amoureux de musique classique. Son frère Raymond est également trompettiste et ils feront quelques concerts et enregistrements ensemble notamment le concerto pour deux trompettes de Vivaldi.
Ensuite, c'est Léon Barthélémy, secrétaire-comptable aux abattoirs d'Alès et ancien élève de trompette de Merri Franquin, qui dirigera le jeune Maurice André dans ses premières études musicales.
En 1955, il obtient le premier prix du concours international d'exécution musicale de Genève. Il joue en soliste et sa carrière prend un essor international après le premier prix qu’il remporte au concours international de musique de l'ARD à Munich en 1963. On l'avait d'abord sollicité pour faire partie du jury mais il a préféré participer en tant que candidat, n'ayant jamais tenté ce concours auparavant (il raconte lui-même que le lauréat étant mieux rémunéré qu'un membre du jury, le choix était vite fait[3]). Après le succès à ces deux concours, il sera invité par les plus grands chefs d'orchestre en tant que soliste.
Il enchaîne concerts après concerts et illumine l'auditoire dans l'interprétation redoutable du 2econcerto brandebourgeois de Bach qu'il passe avec aisance et légèreté. Ce morceau deviendra son « signe de reconnaissance » avec la badinerie de la Suite en si mineur. De 1967 à 1978, il est professeur au conservatoire de Paris succédant à son maître Raymond Sabarich, Il y introduit la petite trompette (piccolo) pour le répertoirebaroque. Il y forme plus de cent trompettistes, parmi lesquels Bernard Soustrot, Guy Touvron, Éric Aubier, Thierry Caens.
En 1980, l'émission de Jacques Chancel — Le Grand Échiquier — lui ouvre ses portes[2] et un très large et jeune public découvre son expression musicale. Le succès de cette émission poussera à renouveler l'expérience, huit années plus tard. Dans les mêmes années, il est largement popularisé par sa participation à l'émission Dimanche Martin animée par Jacques Martin ce qui permet de promouvoir l'album Le Meilleur de moi-même[4] en 1988.
Son activité discographique est impressionnante : il grave plus de 255 enregistrements dont près de 50 réalisés avec l'orchestre de chambre Jean-François Paillard.
Malgré une carrière remplie de succès, Maurice André n'a jamais oublié ses origines modestes auxquelles il fait référence à chaque concert ou émission de télévision. Il a notamment enregistré de nombreux airs populaires avec la même exigence que pour les grands concertos classiques.
Fidèle en amitié il rend souvent visite en région Nord Pas de Calais à son grand ami Germain Santer, PDG des établissements Sainthimat , mécène et sponsor du Tour de France. Dans les années 2000 Il lui arrive même de prendre place modestement aux côtés des musiciens de l'harmonie de Caudry (Nord) dirigée par le clarinettiste jazzman André Dufour.
Dernières années
Maurice André vécut de nombreuses années à Presles-en-Brie où l'école publique porte son nom en son hommage. Il s'est ensuite retiré à Urrugne, au Pays basque, où il s'adonnait à la sculpture sur bois entre deux morceaux de trompette. Il a continué à donner des cours de maître à de jeunes trompettistes prometteurs, tel Rubén Simeó.
En 2003, le magazine Brass Bulletin, spécialisé dans les cuivres, réalise un sondage international auprès de musiciens pour définir un Top 12 des meilleurs joueurs de cuivres du XXe siècle. Maurice André sort en tête de ce classement (avec 848 votes), devant Louis Armstrong (649 votes)[5].
Le dimanche , en présence de son épouse et de ses enfants, au cours de la messe d'action de grâce célébrée dans la cathédrale Saint-Jean-Baptiste d'Alès, il reçoit un message du pape Benoît XVI ainsi que la bénédiction apostolique du Saint Père.
Après une carrière intense menée jusqu'au début des années 1990, avec parfois près de 250 dates programmées dans une même année, Maurice André donne son dernier concert le , à la cathédrale Saint-Nazaire de Béziers, à l'âge de soixante-quinze ans.
Il meurt le à 78 ans, à l'hôpital de Bayonne[6]. Il est inhumé en Lozère dans le cimetière de Saint-André-Capcèze. Le jour de ses obsèques à Alès de nombreux trompettistes du monde entier, anciens élèves ou non, étaient présents ainsi que le chef d'orchestre Michel Plasson.
Membre honoraire de la Royal Academy of Music de LondresIl figure dans le grand livre parmi les trois cents plus grands musiciens de tous les temps, au même titre que Prokofiev, Mendelssohn ou Stravinsky.
Outre les dizaines de disques d’or et de platine, Maurice André a reçu de nombreux prix et récompenses. Par exemple, en 1987, puis encore à trois reprises, les Victoires de la musique classique lui sont décernées.
Apport à la musique
Maurice André a considérablement fait évoluer le jeu de la trompette, qui est devenue, grâce à lui, un instrument virtuose, mais surtout, un instrument mélodique. Bon nombre d'œuvres baroques et classiques, tombées dans l’oubli en raison de leur difficulté technique (usage presque exclusif des tessitures aiguës) ont été ressuscitées grâce à lui. Il a réalisé de nombreux enregistrements notamment avec la célèbre organiste Marie-Claire Alain. Ensemble, ils réalisèrent de nombreuses tournées à travers toute l'Europe.
Il a travaillé, en se basant sur un prototype des années 1950, en étroite liaison avec la célèbre maison Selmer qui fabrique, sur ses directives, une trompette piccolo en si bémol aigu à quatre pistons spécialement adaptée à ce répertoire. Cette collaboration a duré jusqu'en 1985.
La trompette connaît, grâce à lui, une popularité nouvelle qui entraîne de nombreux émules dans son sillage. Il a suscité aussi des partitions nouvelles : concertos de Henri Tomasi, Boris Blacher et Marcel Landowski, Heptade et Arioso barocco d’André Jolivet, œuvres d’Antoine Tisné, Germaine Tailleferre et Jean-Claude Éloy. Il commandera aussi une œuvre à son ami Claude Bolling alliant trio jazz et le soliste classique : Toot suite. Sous son impulsion, la trompette a retrouvé les lettres de noblesse qu’elle avait acquises au XVIIIe siècle et l’École française s’est imposée comme la plus importante de la fin du XXe siècle.
Maurice André participe également de manière importante à la musique de kiosque de style champêtre, reprenant un vaste répertoire composé notamment au début du XXe siècle, formé de polkas, marches, scottish et mazurkas populaires, comme les célèbres Variations sur le carnaval de Venise, ou des airs populaires, comme Viens Poupoule, C'est l'piston (de Bourvil) ou Le Corso Blanc.
Ouvert à tous les styles, il interpréta également des musiques viennoises et des musiques de film.
Hommages et postérité
En 1979, la ville de Paris crée le concours de trompette Maurice-André, premier des concours internationaux de la Ville de Paris. En 2006 a eu lieu la sixième édition[8] du concours (qui s'est tenu tous les trois ans à partir de 1997). Le concours était présidé par Maurice André, et le jury choisi parmi les meilleurs trompettistes du monde entier.
Le Conservatoire Maurice André d'Alès Agglomération rend hommage à cet illustre alésien. Dans le monde entier, des écoles de musique portent son nom[9].
En 2012, le troisième concours jeunes artistes d'Alès décerne le prix Maurice-André pour la section trompette.
2003 : Une trompette pour la renommée, biographie écrite par le soliste de renommée internationale Guy Touvron, publiée aux éditions du Rocher (ISBN2268047857)
2007 : Le Soleil doit pouvoir briller pour tout le monde : souvenirs et mémoires de la trompette du siècle par Thierry Martin, aux éditions Publibook (ISBN9782748335095)