Pour épouser le roi d'Espagne, la princesse Victoire-Eugénie se convertit au catholicisme[3]. Élevée par son oncle le roi Édouard VII au rang d'altesse royale avant son mariage[5], la future reine arrive à Madrid le par un train en provenance d'Irun[2].
À l'issue de la cérémonie, alors que le cortège nuptial fait route vers le palais royal, un anarchiste catalan, Mateo Morral, lance en direction du carrosse royal une bombe dissimulée dans un bouquet de fleurs, depuis le balcon du troisième étage du no 88 de la Calle Mayor[7], où il louait deux chambres[8]. La bombe rate sa cible et les jeunes époux sont épargnés, mais l'explosion fait 25 morts — dont trois officiers et neuf soldats[9] — et plus d'une centaine de blessés dans le public et la suite royale[3]. L'uniforme de capitaine général du roi est déchiré et son collier de la Toison d'or est rompu, tandis que la robe de la mariée est tachée de sang[9].
Les autorités madrilènes décident néanmoins de poursuivre les célébrations[10]. Après le retard causé par la confusion[11], le roi et la reine changent de véhicule et prennent place dans un carrosse dit « de respect » qui roulait derrière, pour reprendre leur trajet jusqu'au palais royal[9], où ils font plusieurs apparitions au balcon sous les acclamations de la foule[3]. Le bal prévu le soir même est remplacé, en signe de deuil, par une cérémonie à la mémoire des victimes[9].
Profil de Mateo Morral
Né à Sabadell, fils d'un commerçant de textile catalan, Mateo Morral est âgé de 26 ans et célibataire. Il est professeur à l'Escuela moderna et ami du pédagogue libertaireFrancisco Ferrer[3]. Il était arrivé de Barcelone le et avait séjourné à la pension Iberia, rue de l'Arenal, une autre rue où devait passer le cortège, en s'inscrivant sous son propre nom[3]. Il quitte cette pension lorsqu'il réalise que l'endroit ne lui permettrait pas de perpétrer son crime, la chambre ne disposant pas de balcon sur la rue ; dans cette chambre sont retrouvées de la poudre blanche semblable à de la dynamite et une seringue en verre qui aurait servi à remplir la bombe[8]. Mateo Morral s'installe alors dans une maison de la Calle Mayor, au no 88[3]. La bâtisse, appartenant à la reine mère, fait face à l'église du Saint-Sacrement, à la Capitainerie générale et à l'ambassade d'Italie, et est distante du palais royal d'environ 500 mètres[8].
Le jour des noces, il est 13 h 55 lorsqu'il lance le bouquet de fleurs cachant la bombe depuis le balcon de sa chambre[3]. Il s'enfuit dans les escaliers et, dans la panique générale, parvient à se fondre dans la foule. Il se rend à la rédaction du journal El Motín, où il rencontre son directeur, José Naskens, connu pour ses sympathies anarchistes, qui lui organise un logement pour la nuit[3]. Il réussit à fuir la capitale, mais le , il est reconnu par plusieurs personnes dans une auberge, près de Torrejón de Ardoz, où il s'était arrêté pour manger[3]. Arrêté par la Garde civile, il abat l'un des policiers avant de se donner la mort[3],[6].
(es) Ricardo Mateos Sáinz de Medrano, La Familia de la Reina Sofía : La Dinastía griega, la Casa de Hannover y los reales primos de Europa, Madrid, La Esfera de los Libros, , 573 p. (ISBN84-9734-195-3).