Dans le nom hongroisZalkaMáté, le nom de famille précède le prénom, mais cet article utilise l’ordre habituel en français MátéZalka, où le prénom précède le nom.
En 1918, pendant la Guerre civile russe, dans la région de Khabarovsk, Zalka commande une unité de Gardes rouges formée presque exclusivement d’ex-prisonniers hongrois ; il lutte contre l’Armée Blanche et se signale par sa cruauté[5].
De 1921 à 1923, il commande un régiment de cavalerie de la Tchéka puis du GPU. En Ukraine et en Crimée, Zalka combat les adversaires des bolchéviks, en particulier les anarchistes partisans de Nestor Makhno et exerce une sévère répression contre les populations locales[6].
Il est aussi, pendant quelques années, directeur du Théâtre de la Révolution à Moscou (aujourd'hui appelé Théâtre Maïakovski).
Guerre d'Espagne
En , Zalka, sous le pseudonyme de « général Lukács » commande la XIIe Brigade internationale et défend la capitale espagnole pendant la bataille de Madrid (8 au ). El general Lukacs a comme adjoint l'ex-« russe blanc » Alexey Eisner, et acquiert alors une grande popularité parmi ses hommes et la population espagnole.
Par la suite, la XIIe BI sous le général Lukács s’illustre encore lors de la bataille de Jarama (6 au ) et de la bataille de Guadalajara (8 au ), qui stoppe la progression de Franco sur Madrid.
Au début de 1937, Lukács est envoyé sur le front aragonais, et placé à la tête d’un assemblage d’unités diverses (assemblage qui deviendra un corps d’élite, la « 45ª División del Ejército Popular de la República »). Alors que les nationalistes entament la campagne de Biscaye, Lukács doit lancer une attaque de diversion sur la ville de Huesca, qui est aux mains de l’ennemi depuis le début de la guerre civile.
Le , au lieu-dit Monte Fragón[7], un obus atteint de plein fouet la voiture de Lukács alors que, de retour d’une inspection du front, elle passe le col d’Estrecho-Quinto. Il est tué, ainsi que son chauffeur ; le commissaire politique de la XIIe BI, Gustav Regler, qui accompagnait Lukács, est grièvement blessé[8]. La plupart des sources estiment que c'est un avion nationaliste qui a mitraillé la voiture de Lukács, mais parce que Regler et André Marty se haïssaient notoirement et parce que Staline est alors partisan de la stratégie du « socialisme dans un seul pays », le NKVD est soupçonné d'avoir fait sauter la voiture où se trouvaient un militaire trop populaire et trop efficace, ayant servi sous Trotsky dans les années 1920 (Lukács), et un « déviationniste » (Regler).
Rappelé en urgence de Valence pour remplacer Lukács à la tête de la XIIe BI, le général Kleber ne pourra pas emporter Huesca. Les nationalistes sont certes peu nombreux mais ils sont bien armés et bien retranchés, alors que les attaquants républicains sont démoralisés, les unités anarchistes sont méfiantes et traumatisées par les récentes journées de mai à Barcelone (3 au ). De plus l’incoordination dans le commandement (le général républicain Sebastián Pozas est théoriquement en charge) est totale.
Œuvres littéraires
Zalka a écrit plusieurs livres inspirés de son expérience de guerre (Première Guerre mondiale, Guerre civile russe), en mettant l’accent sur la fraternité entre les peuples, l’absurdité et l'injustice de la guerre impérialiste mondiale.
Rattrapage, son 1er livre (écrit en russe) paraît en 1924 ; puis sortent Raid de cavalerie, en 1929 — Les Pommes, en 1934 — et en 1937 Doberdò[9], roman de guerre paru après le départ de Zalka pour l’Espagne.
En 1941, certains de ses écrits sont incorporés à un ouvrage de circonstance intitulé : Следуй за мной! (« Suivez-moi ! »).
Selon Arnold D. Harvey, « dans le cadre de la littérature hongroise d'entre les deux guerres mondiales, les livres inspirés par la guerre écrits par Máté Zalka, Géza Gyóni(en), Aladár Kuncz, et Lajos Zilahy sont à rapprocher de ceux de Rodion Markovits(en) »[10], un des plus grands écrivains hongrois parmi les intellectuels austro-hongrois devenus révolutionnaires entre 1914 et 1925, au milieu de l'écroulement d'un monde.
Mémoire
Zalka est mentionné plusieurs fois par Ernest Hemingway (ils avaient établi des liens d'amitié) dans Pour qui sonne le glas, et dans sa nouvelle Under the ridge (« Sous la crête ») écrite en 1939).
Máté Zalka avait reçu l'ordre du Drapeau rouge, et, à titre posthume, l' Orden de la Liberación de España[11].
La dépouille de Zalka est longtemps restée en Espagne, puis a été transférée par son neveu (qui avait combattu lui aussi pendant la Guerre Civile Espagnole) dans le carré des braves du cimetière de Budapest.
Ilya Ehrenbourg a écrit : « Lukacz m'a souvent dit : « La guerre est un terrible gâchis » »[12].
L'école Polgári Iskola de Mátészalka, qui avait été nommée « École Máté Zalka », a perdu ce nom après la chute du communisme.
Selon WP magyar, un petit collège nommé Zalka Máté Fiúkollégium a existé à la périphérie de Budapest, dans le IXe district, rue Gönczy Pál. Il a fermé en 2001.
Une école technique militaire de Budapest porte son nom.
↑Zalka rapportera ses expériences du front italien dans son roman Doberdò. Noter la convergence de sa trajectoire avec celle du jeune Ernest Hemingway, dont il sera l'ami en Espagne 20 ans plus tard, en 1936-37 : tous deux ont combattu sur le front austro-italien, été blessés en 1918, et ont commencé une carrière d'écrivain après la Grande Guerre. Sur Doberdò del Lago, voir la note no 11
↑ témoin de la violence des combats à Doberdò del Lago : le cycle de crues et décrues du lac de Doberdò a disparu, sans doute parce que le fond de la cuvette karstique qui constitue le lac (polje) a été déstabilisé par les explosions lors de la Première Guerre mondiale (et aussi lors des bombardements du port voisin de Monfalcone, au printemps 1944)
↑Arnold D. Harvey, A Muse of Fire: Literature, Art and War, Continuum International Publishing Group|The Hambledon Press, London, 1998, p. 250. (ISBN1-85285-168-6). Parmi les 5 écrivains mentionnés, Markovitz et Zalka étaient Juifs.
O. Rossianov, Máté Zalka, Moskva Khudozhestvennaya literatura, 1964.
(de) Gustav Regler, Das Ohr des Malchus. Eine Lebensgeschichte, Kiepenheuer & Witsch, Köln 1985, (ISBN3-462-01702-0) (Nachdr. d. Ausg. Köln 1958), p. 371, 396, 400 et 413
(de) Ilya Ehrenbourg, Menschen, Jahre, Leben. Memoiren, vol. 2, p. 479-485.
Liens externes
Haim Avni et Raquel Ibáñez-Sperber : NO PASARÁN! The International Brigades and their Jewish Fighters in the Spanish Civil War 1936—1939, Université Hébraïque de Jérusalem, http://icj.huji.ac.il/amlat/english.pdf