Lucien Joseph Simon naît dans une famille bourgeoise parisienne. Son père est docteur en médecine dans le quartier de Saint-Sulpice, sa mère est issue d'une famille de commerçants et de juristes.
Lucien Simon débute au Salon des artistes français de 1881 et expose au Salon de la Société nationale des beaux-arts. En 1884, son Portrait de Mme Ch. Simon obtient une mention honorable au Salon des artistes français. Il acquiert une notoriété auprès de la société parisienne. Au cours d'un voyage aux Pays-Bas, il est influencé par les œuvres de Franz Hals, mais lui-même se considère comme un peintre autodidacte. « C'est à l'école mutuelle de l'atelier Julian que Simon dit avoir appris le meilleur de la technique indispensable, avec George Desvallières, Ménard et Dinet[2] ». En 1890, il rejoint la Société nationale des beaux-arts, créée entre autres par Auguste Rodin et Pierre Puvis de Chavannes, lassés de l’autoritarisme académique du Salon des artistes français[3]. Lucien Simon vend ses premières toiles à des collectionneurs étrangers, puis à l’État à partir de 1895[4].
En 1891, il épouse Jeanne Dauchez, fille d'un avocat-administrateur de biens et sœur du peintre breton André Dauchez, elle-même peintre, avec qui il aura quatre enfants : Paul en 1892, sculpteur animalier, Lucienne en 1896, Charlotte en 1897, artiste peintre[N 1] et Pauline vers 1907. Cette même année 1891, il rencontre Charles Cottet. C'est à cette époque que Lucien Simon découvre la Bretagne. Il y achète un sémaphore désaffecté à Sainte-Marine qu’il aménage en maison de vacances pour sa famille et en atelier de peinture en 1902, ce qui lui permet de peindre ses toiles sur place. La vie de famille sera pour lui une source d'inspiration, qu’il s’agisse des portraits de sa femme, de ses enfants ou petits-enfants, de scènes de jeux ou de déguisements. Il y consacre de nombreux tableaux tels Dîner à Kergait, La Causerie du soir, Madame Lucien Simon et ses enfants, Intimité, etc.
Lucien Simon enseigne la peinture à la Suissesse Martha Stettler en 1899[6] et l'aide à percer[7].
Les années 1900-1920 marquent l’apogée de la carrière de Lucien Simon. Sa renommée l’amène à beaucoup voyager et il participe à plusieurs expositions internationales (Londres, Venise, Pittsburgh).
L’État lui achète des toiles (La Procession, 1901, Paris, musée d’Orsay), tout comme des musées japonais, européens et américains et des collectionneurs étrangers renommés (les Russes Ivan Morozov et Sergueï Chtchoukine). Le musée du Prado lui achète La Leçon de danse[9]. En 1900, Lucien Simon obtient la médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris et est nommé chevalier de la Légion d’honneur. En 1911, il est promu officier du même ordre[10].
En 1906, il se fait construire au 3 bis, rue Cassini une demeure par l'architecte Louis Süe[12].
En 1917, il est envoyé sur le front pour dessiner les scènes de guerre. Dans les premières années de l'entre-deux-guerres, il s'éloigne des thèmes contemporains pour s'inspirer de l'Antiquité avec des sujets comme Nausicaa à la fontaine.
Après la Première Guerre mondiale, Lucien Simon est un peintre reconnu qui peint les foules des pardons et des bals populaires avec une palette de plus en plus colorée.
« Lucien Simon est un artiste sensible, indépendant des modes. Sa peinture s’est éclaircie, rapprochée de celle des impressionnistes, tout en conservant ses caractéristiques de composition solide et originale et de virtuosité d’exécution. C’est toujours aux figures et aux silhouettes humaines qu’il s’intéresse, ses modèles sont vivants, il en suggère le tempérament, l’activité. Mais aussi, il sait saisir un effet de lumière fugitif, comme faire revivre l’ensoleillement d’un après-midi d’été, la douceur du soir ou l’inquiétante lumière d’un ciel d’orage. Aucun personnage n’est figé, il est toujours entraîné par le mouvement de la vie, du vent, de la route ou du travail[3]. »
Il réduit ses apparitions officielles à partir des années 1930. Il s’implique encore dans la création de la Casa de Velázquez de Madrid, inaugurée en 1929. En 1931, il prononce à Buenos Aires plusieurs conférences sur la peinture contemporaine française. En 1934, il illustre le livre Pêcheur d'Islande de Pierre Loti. Enfin, en 1937, il obtient le grand prix de l’Exposition universelle de Paris pour ses panneaux décoratifs du pavillon du Luxembourg : La Procession dansante à Echternach, La Sûre et La Moselle.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se retire à Sainte-Marine où il se consacre pleinement à des sujets bretons. Il peint les paysages de l’Odet, la vie quotidienne des marins et des paysans.
Lucien Simon meurt le à Sainte-Marine. Il est enterré au cimetière de Combrit, dans le Finistère[13].
Influences
Lucien Simon est indépendant des courants artistiques de son époque. Il n’est pas exactement un impressionniste et tourne le dos au cubisme et au mouvement dada qui bouleversent la tradition picturale. Lucien Simon s’inspire d’Édouard Manet (mort en 1883), de Diego Velasquez et de Franz Hals (tous deux peintres du XVIIe siècle). Hals l’inspire pour ses portraits de groupes de personnes (par exemple de paysannes). De Velasquez, il retient les portraits individuels, les paysages et la peinture de la condition humaine. Manet l’inspire pour les sujets tirés de la vie quotidienne, pour la peinture de nus et pour l’utilisation de couleurs franches.
Lucien Simon défend une peinture fondée sur la composition plutôt que sur la couleur ; c'est-à-dire que pour lui, la composition d’un tableau est primordiale. Il suit en cela les peintres Jean-Baptiste Corot (1796-1875), Henri Fantin-Latour (1836-1904), Whistler (1834-1903) et Eugène Carrière (1849-1906).
Aujourd’hui, Lucien Simon est affilié aux courants naturaliste et intimiste, et souvent rangé par défaut parmi les peintres post-impressionnistes. On le considère aussi comme un peintre régionaliste. Il est d’ailleurs surtout connu en Bretagne, et principalement dans le pays Bigouden.
Lucien Simon ne s’enferme pas dans le rigorisme de la Bande noire et garde sa liberté de style. Il peint des scènes intimistes : des portraits, souvent de membres de sa famille (Autoportrait, 1909, musée des Beaux-Arts de Lyon), des scènes presque impressionnistes (Causerie du soir, 1902, musée de Stockholm), des baigneuses, des bourgeoises parisiennes…
Lucien Simon se passionne pour la Bretagne, et principalement pour le Pays Bigouden (Finistère), ce qui lui vaudra son surnom de « Peintre du pays Bigouden »[14]. Il séjourne régulièrement, plusieurs mois par an dans le sémaphore qu’il y a acheté. Il observe et peint les Bretons et les Bigoudens, qu’il voit à la messe, dans les fêtes religieuses, à la fête foraine, sur le port ou dans les champs derrière sa maison. Lucien Simon peint les paysages bretons : l’embouchure de l'Odet, le port de Sainte-Marine, la mer. Il s’intéresse aussi aux scènes de la vie quotidienne : le ramassage des pommes de terre, les ramasseurs de goémon, les pêcheurs. Il est d’abord attiré par la rudesse triste de ce peuple.
Au fil des années, sa peinture se colore : il peint de plus en plus de scènes lumineuses. À côté des robes de deuil, il esquisse des foules bariolées, les rires des enfants, les jeux bruyants des petites filles.
Une Association Lucien Simon a été créée en par Dominique Boyer, petit-fils du peintre[réf. nécessaire].
Du au , musée des Beaux-Arts de Quimper, commissariat par André Cariou, directeur du musée. La réédition augmentée du livre édité par Palantines fait office de catalogue.
Du au , musée du Faouët, La Fête vue par les peintres bretons.
Notes et références
Notes
↑Épouse de François Aman-Jean, elle exposera, sous le nom de Charlotte Aman-Jean, avec les Femmes artistes modernes (FAM), de 1932 à 1936[5].
↑En 2013, l'Abri du marin de Sainte-Marine a reçu en don une huile sur toile de Lucien Simon, Jour de baptême en Pays bigouden, de la part d'un mécène anonyme qui venait d'acheter cette toile 15 500 euros lors de sa vente aux enchères à l'hôtel des ventes de Quimper[14].
Références
↑Acte no 1887, état-civil de la Ville de Paris, 6e arrondissement, naissance de 1861.
↑ abcdefghi et jRaymond Bouyer, « L'œuvre de Lucien Simon », in : L'Art et les artistes, t. VI (lire en ligne).